lundi 2 novembre 2020

Conscience

 

Je suis athée mais je suis conscient d'être pétri dans les croyances de tous mes ancêtres avec leurs cultures, leurs traditions, leurs religions et leur naïveté.

Je me suis séparé difficilement de cette souche comme les fusées s'arrachent de l'attraction terrestre.

De nouvelles valeurs comme l'infiniment grand, le temps, l'infiniment petit s'agrégèrent petit à petit à celles héritées de mes parents, l'honnêteté, le courage, la fraternité, etc. ... bases solides d'une culture de lumière et de liberté.

Pour moi l'humanité a l'âge de l'école maternelle, c'est à dire que  l'homo sapiens étant l'un de nos plus anciens ancêtres, à l'échelle de notre planète, (l'Holocène d'un peu plus de 10000 ans étant la deuxième de l'ère Quaternaire, la première étant le Pléistocène qui a débuté il y a 2,6 millions d'années), notre espèce humaine devrait durer 200 000 ans environ.

 Puis, très récemment, vers le milieu du 19ème siècle, le bambin que nous sommes a échappé à la vigilance de la conscience inconsciente, cette main invisible qui tentait de le protéger, pour découvrir le monde "comme un grand".

 Une troisième ère prenait naissance, une ère pleine de dangers, d'absurdité, de folies des grandeurs : l'Anthropocène.

 Les enfants que nous sommes sont sourds et aveugles autant qu'inconséquents.

 Ils bouffent à en crever à côté de leurs petits frères qui crèvent de les voir s'empiffrer, gaspiller, jeter n'importe quoi n'importe où jusque dans l'Espace qui n'avait connu jusque là que des étoiles filantes.

 Dans les forêts, sur le Mont Blanc, dans les ruisseaux et les rivières, dans les mers et océans ils jettent.

Athmo, litho, strato, toutes les sphères en prennent plein la gueule.

 Les espèces vivantes depuis des millions d'années disparaissent par centaines chaque jour.

 Certaines de ces espèces étaient une barrière naturelle à des maladies inconnues de l'homme.

 Par son action destructrice et inconsciente, celui-ci se voit infecté d'un nouveau virus qui aurait dû se cantonner dans la sphère animale.

 Ce "Coronavirus", parti de Chine il y a un an, a déjà contaminé la totalité de la planète.

 La pandémie s'étend et fait des ravages. Tous les pays sont en guerre contre cet ennemi invisible.

 Le réchauffement climatique ou la disparition des abeilles que des savants observent et dont ils nous alertent en permanence ne sont que des titres de dernière page des journaux en regard de l'indice du CAC40 qui reste la préoccupation principale des gouvernants de la Terre.

 On continue de boursicoter un masque sur le nez ou par visioconférence.

 L'économie tourne au ralenti et tout le monde a peur mais elle tourne.

 De là à créer le lien entre cet état d'esprit général et la vague d'attentats isolés perpétrés un peu partout et presque chaque jour dans les pays occidentaux, il n'y a qu'un pas.

Je pense que nombre d'individus les plus fragiles mais violents se jettent dans l'action terroriste au nom d'une croyance différente de celle de leurs victimes mais surtout par la perte de repaires culturels et moraux.

 Ils sont, semble-t-il, téléguidés par de lointains "maîtres" qui cherchent ainsi à reconquérir leur suprématie. 

Ceux-ci furent des savants, des astronomes, des mathématiciens bien avant le siècle des lumières qui illumina le monde.

 Ces gouvernants fanatiques et manipulateurs mènent leur peuple vers le désastre et l'effondrement.

Les valeurs que nous avaient inspirées les penseurs du siècle des lumières volent en éclats devant la cupidité, l'appât du gain, la croissance, l'industrie, le marché, la mondialisation, les réseaux sociaux qui contribuent à endormir la grande majorité de nos congénères du monde "moderne".

 Aujourd'hui 1er novembre 2020 à Nice nous pleurons les morts emportés par la tempête Alex du 2 octobre dernier.

 Nous pleurons les morts emportés par le dernier corona virus appelé "Covid19".

 Nous pleurons la mort de Samuel Paty, prof d'histoire géo, cruellement décapité à l'arme blanche pour avoir démontré que Charlie Hebdo avait raison de caricaturer le Prophète.

 Nous pleurons la mort de trois paroissiens du centre de Nice dont le seul tort était de prier pour que toute cette folie quitte nos esprits anéantis par tant de haine et de conneries.

 Une fois de plus j'ai du mal à m'associer à ce dérèglement général de mes congénères.

 Une fois encore il va falloir que j'explique le fond profond de ma pensée, dire que nous ne pouvons rien contre la connerie universelle, démontrer que le droit pose des limites à l'instar des buttoirs pour les trains ou de la ligne jaune pour les automobilistes : les frôler est le pire des défis.

Cette humanité encore balbutiante court un grand danger, le plus important pour elle et pour les millions d'espèces vivantes qu'elle entraînera dans son désastre car c'est de cette perte dont il est question.

Refuser d'ouvrir les yeux c'est accepter l'idée du suicide collectif à plus ou moins long terme. 

(Voir mon article du 15 janvier 2015 : "Après le carnage de Charlie Hebdo"

 

  

Libellés :

vendredi 17 juin 2011

Le manque

« Il faut de tout pour faire un monde » ? Alors là, soyez rassurés ; il y a de tout, en matière de misères comme dans d’autres domaines.
Elles ont toutes un dénominateur commun : le manque ( qu’on appelle aussi pudiquement : déficit ). C’est le manque de santé, d’amour, de jeunesse, d’argent, de logement, de famille, d’ami, de racines, de culture, de curiosité, d’aide, d’instruction, d’imagination, de volonté, de projet, de motivation, de réussite, de soutien, d’encouragement, de chance surtout.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, on peut trébucher et se retrouver le nez dans le caniveau. Si celui-ci est plein et si aucun passant n’est là, on est assommés et l’on se noie. Si celui-ci est vide et sec on se fracassera seulement le visage ; des passants pourront aider à se relever, au mieux, il ne restera que des cicatrices et un nouveau manque crucial celui-là : la dignité.
Alors que faire ? Plonger la main dans la poche à Barthez ou à Messier ? Taxer un maximum les guignols de la jet-set ? Jeter ces quelques pelletés d’euros dans la cour des miracles en priant qu’ils fassent des petits ?
Personnellement je n’y crois pas. En revanche j’imagine un nouveau service public qui serait une fédération de plusieurs structures existantes telles le SAMU, les restos du cœur, l’armée du salut, l’ANPE, Polemploi, les foyers sociaux, les assistantes sociales et autant de psychothérapeutes. En coordonnant toutes ces énergies on gagnerait en efficacité et, l’aspect charité étant écarté, la dignité serait préservée.
Considérons un accident de la route ; vous seriez-vous senti humilié par l’intervention des pompiers, l’efficacité des premiers secours, le transport en ambulance ou les soins en services d’urgence ? non, évidemment.
Hé bien ce devrait être de même pour les accidents de la vie.
Ce service public serait implanté dans toutes les villes grosses moyennes ou petites et, à l’instar de la protection civile, fonctionnerait avec nos « prélèvements obligatoires ».
Je comprends que mon point de vue puisse en choquer plus d’un. C’est vrai, toutes les structures que je cite œuvrent déjà dans le même sens, mieux, elles communiquent souvent et coopèrent en « période de pointe ».
Ce que je défends à travers mon projet c’est la notion de dignité.
Tant que le traitement de la pauvreté sera laissé à l’initiative d’associations caritatives fussent-elles subventionnées par l’état (nos impôts) et animées par des bénévoles, le pauvre se sentira marginalisé. Il pensera (à juste titre) qu’une âme charitable vient lui tendre la main. Il se sentira redevable d’un geste qu’il ne pourra pas « rembourser » (du moins le croit-il). Mieux, conscient de son impuissance à renvoyer l’ascenseur, il préfèrera ne pas saisir la main tendue quitte à faire naufrage.
Je ne veux pas ici faire du misérabilisme de basse-cour mais je veux démontrer la grande différence entre la charité et la solidarité organisée.
La charité fait appel à la sensibilité, au « bon cœur », à la générosité de chacun. Ce sont toujours les mêmes qui mettent la main au porte-monnaie, les mêmes qui appellent au Téléton, les mêmes qui servent la soupe aux Restos du cœur, les mêmes qui transportent des tonnes de couvertures d’un gymnase à une église, d’un foyer à une école, etc.
Ce sont ceux-là encore qui renvoient un chèque à l’UNICEF ou à d’autres structures de ce type. Mais ceci est un autre débat.
Nos sociétés modernes l’ont très bien compris, aussi ce n’est pas sans calcul qu’elles encouragent toutes ces initiatives.
Au contraire, la solidarité me semble la seule réponse à ce problème. Il s’agit d’un choix de société.
Même si je prends bien volontiers le calendrier du facteur et des pompiers en fin d’année, je ne me sens redevable d’aucune dette envers ces institutions puisqu’elles font partie intégrante de l’organisation sociale dans laquelle je vis.
Loin de moi l’idée de décourager l’initiative individuelle ou l’aide humanitaire. L’une et l’autre ont, malheureusement, de longues années de vie en perspective.

Dans le projet que je décris je souhaiterais donner à tous, sans exception, les conditions minimum d’une vrai dignité : il faut qu’une mère puisse trouver un toit provisoire sans être séparée de ses enfants. Il faut lui laisser l’accès gratuit aux soins d’urgence, aux transports, au téléphone. Il faut mettre à sa disposition une douche, une buanderie. Il faut lui proposer au moins un repas par jour assortie de ses impératifs de régime. Il faut accompagner ses enfants à l’école et leur assurer un suivi.
Donner la gratuité et le libre accès à toutes les conditions vitales d’une vie décente me paraît indispensable que la personne soit âgée, jeune, femme, homme, noire, bronzée ou blanche.
Je ne suis pas naïf au point de croire que donner de l’eau (essentielle à la vie) au clochard de mon quartier suffira à étancher sa soif mais ce petit pas sera le premier d’un long parcourt.
Tous ces impératifs ne peuvent être accomplis que dans le cadre d’une structure « multiservices ». L’intervention concertée d’un médecin, d’une assistante sociale, d’un psy, d’un juriste ou d’une assistante maternelle doit et ne peut être que le fruit d’un travail d’équipe.
Pour reprendre l’exemple de l’accident de la route, on n’imaginerait pas qu’il manque un seul maillon dans la chaîne des interventions qui vont de la désincarcération du véhicule à l’accompagnement psychologique dès la sortie de l’hôpital.
C’est sur ce même schéma que je conçois ce service public dont la plupart des « maillons » existent déjà.
Le coût de fonctionnement de ce nouveau service pourrait être couvert par toutes les subventions éparpillées actuellement tant dans les organisations caritatives qu’aux intéressés eux-mêmes.
Il aurait pour résultat de remédier plus efficacement à ce fléau indigne d’une nation moderne.

Libellés :