Virage à 180° ... ... ... trop tard ?

« Le monde va mal. 

Les hommes sont fous. 

Nous marchons sur la tête. 

Tout va péter.» 

Ces quelques lieux communs traduisent un mal-être ressenti par beaucoup de mes congénères. 

Avons-nous raison de nous inquiéter de l’avenir de l’humanité ? 

OUI. 

Cette humanité est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise. 

Des savants, des chercheurs, des philosophes nous alertent depuis quelques décennies sur les dérives comportementales des peuples les plus évolués. 

Ceux-ci représentent une minorité d’individus qui gèrent la presque totalité des ressources naturelles de notre planète. 

Les autres se contentent des restes, des miettes voire des déchets. 

Les gros appellent cela la crise. 

Ils ont raison. 

Elle s’apparente à une crise de foie, celle qui survient après les fêtes quand les assiettes débordent. 

Alors ils jettent, ils gaspillent outrageusement sans se soucier de savoir si les chiens ont suffisamment mangé. 

Mieux, ils se battent, ils veulent la part de l’autre, ils en veulent toujours plus, ils tuent leurs semblables pour s’accaparer leur part tout en défendant la leur. 

C’est ça la crise ! 

C’est LEUR crise, pas la nôtre … 

En quoi devrais-je me sentir concerné ? 

Je me contente de leurs restes, je suis un nanti, je ne suis pas à plaindre. 

Mais, hélas, je suis sur le même bateau, nous sommes tous sur le même bateau et, seul, je ne suis pas de taille à redresser la barre. 

Nous allons droit sur la falaise. 

Les évolutions scientifiques, techniques, technologiques sensées nous rapprocher du bonheur ne font qu'accroître les inégalités, accentuer la misère, déclencher des conflits toujours plus dévastateurs. 

Dans les pays riches les populations les plus défavorisées voient leur qualité de vie régresser. 

Parmi nous, au cœur même de nos cités, des pauvres, des laissés pour compte, des marginaux, des sans-abris, meurent de froid et de faim. 

Ailleurs, dans des pays lointains, là où survivre est un combat permanent, on manque de tout, d’eau propre, de nourriture, d’abri mais surtout d’instruction. 

Là où des coutumes locales leur assuraient un équilibre fragile mais salvateur, les gros sont venus piller sans vergogne leurs ressources naturelles. 

Ils arrachent leurs arbres, creusent leur sous-sol, en extraient les métaux et pierres précieuses, pompent leur pétrole, vendent leur gaz aux pays riches et laissent derrière eux un vaste champ de ruines. 

Alors que faire ? 

Les plus pessimistes nous diront que c’est inéluctable, que « c’est écrit », que l’espèce humaine est une erreur de la nature, qu’elle doit s’auto détruire, disparaître de la surface du globe à l’instar des dinosaures. 

Depuis que l’homme est sur terre il est capable du meilleur comme du pire. 

Et c’est de cela que le pessimisme se nourrit. 

(Après cette phrase j’avais prévu de développer la version optimiste mais au fur et à mesure que mes doigts clicotaient sur mon clavier je n’ai trouvé aucun argument capable de soutenir cette thèse). 

L’alternative consisterait en une prise de conscience collective que nous faisons tous partie intégrante de cette nature, de cette biomasse où tous les êtres vivants sont en osmose. 

Le gros ne peut pas vivre sans le petit et inversement. 

Alors, me direz-vous, il est naturel que des êtres inégaux se côtoient, les requinss et les sardines, les riches et les pauvres, les lions et les rats, … … … les dominants et les dominés, … 

Oui mais, … tant que le rat trouve du fromage, tant que la sardine trouve du plancton et la puce un chien, la terre continuera de tourner. 

Cela suppose que l’ « évolution » de l’espèce humaine s’arrête telle qu’elle est aujourd’hui. 

Un pas de plus et c’est le néant (la falaise). 

Alors cette humanité n’aura pour seul activité que de réparer ce qui est réparable, de produire ce qui est indispensable, de répartir la connaissance entre tous les êtres et d’abandonner ses ambitions démesurées. 

Elle devra se satisfaire de l’essentiel, d’un confort minimum, d’une assiette diététique et d’une vie simple. 

L’énergie sera locale et renouvelable : soleil, vent, eau. 

Tout sera recyclable à l’infini. 

Plus de gaz à effet de serre, plus de rayons ionisants, plus de radiations. 

Utopie. 

Le fragile équilibre nous assurera une survie de quelques siècles, quelques millénaires tout au plus car la démographie croît au même rythme que les avancées techniques c’est-à-dire de façon exponentielle. 

Les pillages des ressources naturelles s’accélèrent. 

En revanche si le chien produit trop d’insecticide certes il se débarrassera de ses puces mais aussi de tous les insectes et la planète deviendra un immense désert. 

C’est ce que fait l’homme aujourd’hui : trop de superflu, trop de déchets, trop de poisons. 

Ces trois cancers prolifèrent depuis deux siècles environ. 

Des métastases se ramifient sur toute la surface du globe. 

Notre terre est malade. 

Notre terre est mourante. 

Notre terre meurt. 

Combien de temps nous reste-t-il à vivre ?