Anthropocène





Le 16 juillet 1945, les États-Unis réalisaient le premier essai nucléaire de l’histoire, à Alamogordo, Nouveau-Mexique.

Aujourd'hui, soixante-treize ans plus tard, jour pour jour, je ressens le besoin de reprendre la plume à défaut du mégaphone et de vous relancer ce cri de désespoir qui, s'il n'est pas entendu, sera probablement le dernier.

Ce texte est un long développement de ma pensée mêlée à des extraits de textes scientifiques que je me permets de diffuser sans retenue tant l'urgence de leur lecture est évidente.

Je remercie mes lecteurs, mes abonnés et mon ami Han de se faire le relais de ce cri d'alarme par tous les moyens appropriés.

16 juillet 2018

Je reprends le fil de mes cogitations après une victoire des "Bleus" (s ou x ?) suivie, paraît-il, par le tiers de la population mondiale devant leurs petits écrans.

Si la voix des scientifiques du monde entier avait une telle audience nous n'aurions jamais évoqué ou même inventé ce terme d'"anthropocène".


Ce n’est pas un signal d’alarme, c’est un cri de panique.

Dans l’édition du 10 juillet des PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America), revue hebdomadaire publiant les comptes-rendus de l'Académie des Sciences des États-Unis depuis 1915, publication pluridisciplinaire en science avec une prédominance pour la biologie (mais aussi physique et sciences sociales), trois chercheurs décrivent la disparition des animaux sur terre en termes angoissants, parlant d’une « annihilation biologique », d’une « effrayante attaque contre les fondements de la civilisation humaine ».

Un langage aussi cru est inhabituel dans une publication scientifique.

« La situation est devenue si mauvaise qu’il ne serait pas éthique de ne pas utiliser un langage fort »vient de déclarer au quotidien britannique The Guardian le premier signataire de la publication, le professeur Gerardo Ceballos, de l’Université nationale autonome du Mexique. 

Ceballos et ses deux coauteurs, Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo, tous deux de l’université Stanford (Californie), soulignent que la Terre est entrée dans sa sixième phase d’extinction massive des espèces biologiques depuis l’apparition de la vie sur la planète, il y a à peu près 3,8 milliards d’années.

Paul Ehrlich est connu depuis longtemps pour son pessimisme catastrophiste.

Il s’est fait connaître en 1968 par un best-seller, La Bombe P (pour population), qui annonçait une prochaine famine mondiale due à l’expansion démographique. 

Mais les recherches plus récentes d’Ehrlich reposent sur des données plus solides, et ses coauteurs, Ceballos et Dirzo, ne sont pas considérés comme des alarmistes fous.

En 2015, Ceballos et Ehrlich ont déjà consacré une publication à la sixième extinction massive .

Cette dernière a été précédée, à cinq reprises depuis 450 millions d’années, d’épisodes au cours desquels des catastrophes naturelles ont effacé la plupart des formes vivantes de la surface du globe. 

Aujourd’hui, la Terre est à nouveau en train de perdre ses animaux à grande vitesse, mais cette fois la cause n’est pas la chute d’une météorite ou une éruption volcanique géante, c’est l’expansion rapide de l’humanité.

« Notre société globale a commencé à détruire les autres espèces à un rythme accéléré, déclenchant un événement d’extinction de masse sans parallèle depuis 65 millions d’années », écrivaient alors Gerardo Ceballos et Paul Ehrlich.

Près de 200 espèces de vertébrés se sont éteintes au cours des 100 dernières années, alors qu’en temps « normal » elles auraient mis 10 000 ans à disparaître. 

Mais Ceballos et ses collègues affirment aujourd’hui que la situation actuelle est plus grave qu’on ne le pense, parce que les chercheurs se focalisent sur les extinctions d’espèces, qui ne reflètent qu’une partie de la perte du monde vivant.

Pour obtenir un tableau plus réaliste, les trois auteurs de l’article des PNAS n’ont pas seulement examiné la disparition des espèces, mais aussi deux autres paramètres : primo, l’extinction des populations locales d’animaux d’une espèce donnée, qui précède toujours l’extinction de l’espèce entière ; et secundo, la baisse des effectifs au sein des populations survivantes.

Au cours des dernières décennies, la perte des habitats, la surexploitation des sols et des sous-sols, les pollutions, le dérèglement climatique, etc., ont entraîné, selon les trois chercheurs, « des réductions catastrophiques à la fois du nombre et de la taille des populations des espèces communes de vertébrés comme des espèces plus rares ». 

Plusieurs espèces de mammifères relativement en sécurité il y a dix ou vingt ans sont actuellement menacées.

En 2016, il n’existait plus que 7 000 guépards à l’état sauvage, et plus que 5 000 orangs-outans de Bornéo et Sumatra. 

Les populations de lions d’Afrique (Panthera leo) ont diminué de 43 % depuis 1993 et celles de girafes ont perdu près de 20 000 individus depuis 1985.

Globalement, sur 27 600 espèces de vertébrés terrestres étudiées, un tiers subissent des pertes importantes de populations locales.
 
Qui plus est, parmi les espèces en déclin, 30 % sont encore suffisamment abondantes pour être classées dans la catégorie « Préoccupation mineure », mais elles risquent d’être assez vite en danger.

« Le fait qu’autant d’espèces communes soient en déclin est un signe fort de la gravité de l’épisode global d’extinction contemporain », écrivent Ceballos, Ehrlich et Dirzo. 

En examinant les populations et pas seulement les espèces dans leur ensemble, ils montrent les vulnérabilités de nombreuses espèces qui semblent encore bien présentes.

Si l’on ne tient compte que des extinctions d’espèces, on peut avoir l’impression que la menace n’est pas trop dramatique et qu’il reste encore du temps pour enrayer le mouvement.

L’article de Ceballos et ses deux collègues montre au contraire que le monde animal se dépeuple à un rythme très inquiétant. 

Les chercheurs ont analysé plus en détail les données relatives à 177 espèces de mammifères des cinq continents. 

Parmi ces espèces, la plupart ont perdu plus de 40 % de leur aire de répartition géographique. 

Presque 50 % de ces espèces ont perdu plus de 80 % de leur aire de répartition entre 1900 et 2015. 

En gros, sur la totalité des populations de ces 177 espèces examinées en détail, 58 000 populations ont disparu.

Toute cette comptabilité vous indispose ?

Comme je vous comprends ! 

Je m'incruste au milieu de ces données scientifiques pour vous donner mon propre sentiment : l'énumération méthodique des espèces vivantes dont l'agonie annonce le déclin de notre espèce humaine puis sa disparition, montre et démontre la rapidité avec laquelle notre environnement se meurt.

Pendant ce temps nous continuons de tergiverser (encore un mot pour mon ami Han), de négocier des traités internationaux, de produire des objets dont l'obsolescence n'est même plus à programmer tant la technologie les remplace par d'autres encore plus nombreux, plus performants, plus indispensables et inutiles et ainsi viennent grossir la masse de déchets dont nous ne savons que faire.

L'asphyxie est mondiale : les océans concentrent de nouveaux continents de déchets de plastiques et produits toxiques venant de nos villes et campagnes.

Les fonds marins sont raclés par les filets dérivants de la pêche intensive ou asphyxiés par les chargements de fuel lourd des nombreux naufrages de supers tankers.

L'air contient de plus en plus de gaz d'échappement des avions toujours plus performants et plus nombreux.

Je vous épargnerai la déforestation massive au profit des minerais de toutes sortes due à l'accroissement suicidaire des centrales atomiques et (chuuut !) de l'armement nucléaire.

La liste des destructions massives que l'homme continue de perpétrer serait aussi fastidieuse à lire que la comptabilité des espèces en voie d'extinction que nos scientifiques soumettent à nos neurones fatigués.

L'une et l'autre sont intimement liées et, bien que relatées par tous les médias du monde, elles ne semblent intéresser qu'une poignée d'individus en regard de la coupe du monde de football qui attire plus du tiers de sa population.

De là à dire que le choix de nos congénères en matière de culture participe de notre propre déclin, il n'y a qu'un petit pas.

Ce petit pas est la distance qui nous sépare du siècle des lumières à celui de la nuit définitive.

Ce petit pas a pour nom : ► ANTHROPOCÈNE
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La sixième extinction massive d’espèces vivantes a commencé : c’est le cri d’alarme que lancent les auteurs d’une étude publiée dans la revue américaine Science Advances.

À cinq reprises depuis 450 millions d’années, des catastrophes naturelles ont effacé la plupart des formes vivantes de la surface du globe.

Au permien, il y a 250 millions d’années, un énorme événement volcanique a entraîné la disparition de 95 % des espèces marines et terrestres. 

Il y a 65 millions d’années, la fin des dinosaures a été provoquée par la chute d’une météorite associée à des facteurs climatiques

Aujourd’hui, affirment les chercheurs, la Terre est à nouveau en train de perdre ses animaux à grande vitesse : les espèces de vertébrés s’éteignent à un rythme de vingt à cinquante fois plus rapide qu’avant l’apparition de l’homme, voire cent fois plus rapide pour certains groupes comme les amphibiens (crapauds, grenouilles et salamandres). 

À ce train, la plupart des formes vivantes pourraient avoir disparu de la planète d’ici 500 à 10 000 ans, un clin d’œil à l’échelle des temps géologiques.

Mais rassurez-vous, nous n'aurons pas le loisir de le vérifier car notre disparition, je veux parler de notre espèce humaine, dispose d'un laps de temps beaucoup plus court estimé, selon certains scientifiques, à seulement deux ou trois siècles.

Cette fois, la cause de l’hécatombe n’est pas naturelle, c’est l’expansion d’une espèce devenue un agent majeur de transformation de l’environnement : la nôtre. « Notre société globale a commencé à détruire les autres espèces à un rythme accéléré, déclenchant un événement d’extinction de masse sans parallèle depuis 65 millions d’années », lit-on dans l’article de Science Advances. 

Pour l’un des coauteurs, Paul Ehrlich, professeur à l’université Stanford, Californie, l’étude « montre sans aucun doute sérieux que nous entrons maintenant dans le sixième grand événement d’extinction de masse »

À moins qu'une prise de conscience planétaire et unanime inverse la trajectoire sur laquelle nous filons à vive allure, je ne vois pas comment éviter le pire.

Gerardo Ceballos, professeur à l’université nationale autonome du Mexique, et premier auteur de l’article, renchérit : « Si l’on laisse les événements suivre leur cours, notre espèce elle-même va probablement disparaître et il faudra de nombreux millions d’années pour que la vie reprenne le dessus, et. »

Catastrophisme ? Exagération de chercheurs « hystériques », comme le soutient le blog Science 2.0, qui rappelle qu’Ehrlich s’est fait connaître en 1968  par un best-seller, La Bombe P (pour population) qui annonçait une prochaine famine mondiale due à l’expansion démographique ? 

Gerardo Ceballos et ses collègues s’en défendent, et assurent au contraire que leurs conclusions reposent sur des hypothèses prudentes.

Il faut souligner qu’ils ne sont pas les premiers à soulever le lièvre de la sixième extinction de masse.

Dès 1995, le paléontologue Richard Leakey et l’anthropologue Roger Lewin consacrent un livre, La Sixième Extinction, à la destruction des espèces causée par l’homme

En 2008, David Wake, spécialiste des amphibiens à l’université de Berkeley, Californie, décrit dans un article la menace qui plane sur les grenouilles et salamandres

Il souligne que « de nombreux scientifiques soutiennent que nous sommes au début ou au milieu de la sixième grande extinction de masse », et conclut qu’il nous reste peu de temps pour empêcher un tel événement.

En 2011, un important article de la revue britannique Nature signé de douze auteurs, dont Anthony Barnosky, de l’université de Berkeley (Californie), également coauteur de la nouvelle étude, examine la question en détail et conclut par une réponse de Normand : « La récente perte d’espèces est dramatique et sérieuse mais ne peut encore être qualifiée d’extinction de masse au sens paléontologique des cinq grandes », mais « de nouvelles pertes d’espèces en danger ou vulnérables pourraient réaliser la sixième extinction de masse en seulement quelques siècles. »

Quatre ans plus tard, l’alarme monte d’un cran.

L’inquiétude est justifiée, notamment, par les observations de l’UICN, l’Union Internationale de Conservation de la Nature. 

La liste rouge de l’UICN compte désormais 22 784 espèces menacées, soit 381 de plus que l’année dernière, sur un total de 77 340 espèces surveillées (animaux et végétaux).

Pour ne citer que quelques exemples, des menaces pèsent sur les orangs-outans, les éléphants, les rhinocéros ou les antilopes saigas victimes d’une hécatombe récente (voir Samedi-sciences du 6 juin).

Le lynx ibérique est en danger, comme le crabe Karstama balicum, qui survit dans une seule grotte à Bali, ou encore le sempervirent Magnolia emarginata, arbre endémique d’Haïti dont l’habitat a été réduit d’environ 97 % depuis un siècle.

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Un pouvoir terrible, effrayant. « Impuissante puissance ».

Dites « anthropocène », et voyez défiler devant vos yeux des scènes d’apocalypse, des pays submergés, des sociétés asséchées par la soif, des forêts ravagées par la chaleur.

Avant toute autre caractéristique, la notion d’anthropocène possède une force émotionnelle sans mesure avec les notions bureaucratiques de « développement durable »« économie verte »« économie circulaire » ou « transition énergétique »

Elle marque un point de non-retour. 

C’est une alerte, un cri primal.

L’intelligence de leur livre est de le déconstruire en récits. 

Pour être une séquence géophysique reconnue par une communauté croissante de savants, l’anthropocène est aussi un motif de discours, une figure rhétorique et l’instrument de visions du monde diverses et divergentes. 

Ils distinguent ainsi une version scientifique, techniciste de l’anthropocène, aveugle aux enjeux sociaux et politiques qu’elle charrie, qui s’apparente à un discours officiel.

En ce sens, l’anthropocène est un facteur parmi d’autres de réflexivité environnementale, autrement dit, une manière de penser les rapports entre nature et culture. 

L’histoire dominante de la modernité, depuis la philosophie des Lumières, a cru se fonder dans la rupture entre sociétés humaines et cadre naturel. 

Cette thèse, battue en brèche par Bruno Latour dans Nous n’avons jamais été moderne, est de nouveau attaquée ici par les deux historiens, qui n’ont de cesse d’insister au contraire sur l’ancienneté de la philosophie environnementale, des politiques et règlements destinés à lutter contre les pollutions, les déforestations et la préservation de l’eau, englobant l’ensemble des luttes pour la préservation des ressources naturelles.

Malgré ces fortes réserves, les deux chercheurs défendent « ce beau concept d’anthropocène » et affirment croire en ses perspectives libératrices : « Vivre dans l’anthropocène, c’est donc se libérer d’institutions répressives, de dominations et d’imaginaires aliénants, ce peut être une expérience extraordinairement émancipatrice. »
                                                         
Je croyais que seule l'autruche voyait la chose de cette façon ... ... ...

Ci-dessous vous trouverez également quelques commentaires que mon honnêteté intellectuelle m'impose de vous diffuser.

" Des scientifiques proposent de choisir cette date hautement symbolique comme point de départ de l’anthropocène, nouvelle époque géologique marquée par la transformation de l’environnement terrestre que provoque l’activité humaine.

La proposition est défendue dans un article mis en ligne le 12 janvier par Quaternary International, et signé par vingt-six chercheurs, tous membres du groupe de travail sur l’anthropocène

Ce groupe de 37 scientifiques a été mis en place en 2009 par la Commission internationale de stratigraphie. 

Il est constitué de spécialistes des sciences de la Terre, de climatologues, de biologistes, d’archéologues, d’historiens, etc. 

En un peu moins de six ans de travaux, le groupe a rassemblé un nombre considérable de preuves démontrant que l’anthropocène est une réalité.

Bulle de plasma produite par l'explosion nucléaire de l'essai Trinity, le 16 juillet 1945 © DR

Ce point fait donc consensus. 

Mais une discussion très animée se poursuit au sein du groupe sur la définition scientifique précise de l’événement et sur le moment où il a commencé. 

L’anthropocène doit-il être défini comme une unité formelle sur l’échelle des temps géologiques, autrement dit comme un événement global qui débute au même instant sur toute la planète ? 
Ou plutôt comme un âge archéologique, représentant un processus continu et diachronique, c’est-à-dire qui ne commence pas nécessairement au même moment dans les différentes régions de la planète ?

Les deux points de vue opposés sont développés dans deux articles qui viennent de paraître presque simultanément : celui de Quaternary International, déjà mentionné, et un autre publié dans The Anthropocene Review, dont les auteurs font également partie du groupe de recherche sur l’anthropocène. 

Pour éclairer la discussion, nous avons demandé au premier signataire de chacun des deux articles, respectivement le géologue Jan Zalasiewicz et l’archéologue Matt Edgeworth, tous deux de l’université de Leicester, d’exposer leurs arguments. Nous avons également interrogé le géologue britannique Colin Waters, qui a signé les deux articles, illustrant à quel point la controverse est loin d’être close.

Selon l’article de Quaternary International, les radionucléides artificiels (principalement césium 137 et plutonium 239) issus de l’essai d’Alamogordo et des plus de 2 000 explosions nucléaires qui ont suivi, au rythme d’une tous les dix jours jusqu’en 1988, produisent un signal détectable sur toute la planète.

Bien sûr, la présence d’isotopes du plutonium n’est qu’un signal parmi les nombreuses traces géologiques de l’activité humaine, liées entre autres à l’augmentation de gaz carbonique atmosphérique issu des combustibles fossiles, à l’utilisation massive d’engrais azotés, aux déchets de plastique ou d’aluminium, à l’accumulation de polluants ou de métaux lourds, aux forages dans les roches et sédiments, aux remaniements des sols causés par l’urbanisation, aux transformations des cours d’eau dus aux barrages, etc., etc.

Au risque d’être taxés de sensationnalisme, les chercheurs proposent d’utiliser le signal des radionucléides comme le « marqueur primaire » de l’anthropocène, ce qui n’exclut évidemment pas les autres. 

L’anthropocène serait ainsi défini comme un événement synchrone et global, débutant au même instant sur toute la planète. « Le milieu du XXesiècle correspond au moment où les changements liés à l’activité humaine semblent assez significatifs pour justifier une nouvelle unité » sur l’échelle des temps géologiques, résume Jan Zalasiewicz.
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1 NOVEMBRE 2013 PAR JADE LINDGAARD
L’impact de nos activités industrielles et de nos modes de vie sur la nature est tel que nous basculons dans une nouvelle ère géologique : l’anthropocène. C’est ce qu’affirment des scientifiques, des philosophes et des historiens. Mais cette théorie dilue les responsabilités des pays riches et des classes favorisées. Premier volet d'une série sur “la planète, la modernité et nous”.

Jusqu’ici plutôt discutée dans l’espace anglo-saxon, la notion d’anthropocène est au cœur d’un projet éditorial français lancé cet automne à l’initiative de l’historien des sciences Christophe Bonneuil : à la clé, une collection dédiée à ce sujet aux Éditions du Seuil, un colloque universitaire les 14 et 15 novembre, un livre co-écrit avec l’historien Jean-Baptiste Fressoz, L’Événement anthropocène.

« La notion d’anthropocène pointe un phénomène géologique de perturbation des équilibres du système Terre, explique Fressoz. Il n’embrasse pas tous les bouleversements de l’écosystème. Il a à voir avec la révolution industrielle et l’histoire des techniques, tout en étant très lié aux enjeux géopolitiques. »

 Couverture de The Economist, 30 mai 2011 (DR).

Au départ du livre de Bonneuil et Fressoz, il y avait un cours, enseigné l’année dernière à l’Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales), dans l’idée de frotter les sciences humaines à cette perturbante notion d’anthropocène. 

Car pour les deux chercheurs, le concept n’appartient pas aux physiciens et chimistes. « Il y a un grand risque dans l’idée d’anthropocène, c’est de dire que c’est un problème géologique, et que donc, seuls les climatologues et les scientifiques ont la solution », considère Bonneuil.

Une vision marquée par « l’hypothèse Gaïa », c’est-à-dire l’idée d’interactions entre le monde humain et le système Terre d’où l’humain ne sort pas forcément vainqueur, dans la foulée des travaux de James Lovelock ou, dans un autre registre, de Bruno Latour.

Un récit hanté par l’écocide, qu’ils nomment « thanatocène » : la guerre y est analysée comme laboratoire du saccage des espèces végétales et animales, « une histoire naturelle de la destruction ».

Et enfin un récit militant, porté par les critiques des technologies et de leurs usages, les mouvements décroissants et de la transition, qui partent du constat de l’anthropocène pour développer la vision d’une société où l’on travaillerait moins, où l’on partagerait plus, et où les communs prendraient le pas sur la marchandisation généralisée.

«À l’inverse, ils s’inquiètent des risques d’émergence d’un autoritarisme d’un nouveau type, fondé sur la conscience de la fragilité des ressources naturelles et le constat de la faillite des États démocratiques à endiguer les dérèglements climatiques. 

Ils nomment " géopouvoir " ce nouveau despotisme, par analogie avec le biopouvoir théorisé par le philosophe Michel Foucault : Tout comme le biopouvoir constitue la population comme une entité biologique qu’il faut connaître pour gouverner, le géopouvoir émergent reconceptualise la Terre comme un système à connaître et gérer pour en tirer le rendement soutenable maximal. 

Combiné à la doxa néolibérale contemporaine, il conçoit le marché comme le meilleur dispositif permettant d’atteindre ce but. 

Il s’agit alors d’internaliser dans le marché la valeur du "capital naturel" et des "services écosystémiques" à travers des prix et des titres de propriété échangeables, faisant de l’atmosphère et de la biosphère des sous-systèmes de la sphère économique et financière. » De ce point de vue, poursuivent-ils, loin de l’avènement glorieux d’un "âge de l’homme", l’anthropocène témoigne donc plutôt de notre impuissante puissance. »





Extrait de mon forum sur "Notre temps"


Deuxième débat :
Des quotas pour les jeunes issus de l'immigration, la discrimination est-elle juste ou injuste ?

Avec:
Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au développement durable
Christiane Taubira députée de Guyane
Karim Zeribi président d'Agir pour la Citoyenneté
Elie Chouraqui, cinéaste et auteur "Le Sage et l'artiste"
Joseph Macé-Scaron journaliste et auteur "La tentation communautaire"
en duplex de Nice Abdel Aïssou sous-préfet des ALpes-Maritimes
Jean-Christophe Despres directeur de SOpi Communication (marketing ethnique)
Aurélie Filipetti porte-parole des Verts de Paris et auteur de "Les derniers jours de la classe ouvrière".


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L’émission d’Arlette CHABOT hier soir sur Fr.2 a révélé le malaise des français de toutes origines et de tous sexes face à cette question brûlante.

Il était tout de même réconfortant de constater qu’une majorité des invités rejetait l’idée de « ségrégation positive », idée d’inspiration U.S.( encore ! ) reprise par notre cher ministre de l’intérieur. 

Je ne le savais pas avant hier soir mais cette révélation ne m’a pas étonné venant de celui-ci.

Je suis fondamentalement sur la même longueur d’onde que Christiane TAUBIRA, Karim ZERIBI ou Elie Chouraqui pour condamner toute forme de ségrégation.

Le terme même de ségrégation est antinomique avec celui de positif.

En France, nos valeurs républicaines doivent suffire à elles seules à placer sur un pied d’égalité TOUS les citoyens quelles que soient leurs origines ethniques. 

Quant à leurs convictions politiques, philosophiques ou religieuses, en quoi cela nous regarde-t-il ???!!!

Au nom de quoi devrait-on donner la préférence à tel individu plutôt qu’à tel autre ?

On a même entendu les mots « quota » « parité » ; si l’on va au bout de ce raisonnement par l’absurde, les Bretons, les Corses, les Analphabètes, les Blondes, les Roux ne vont-ils pas bientôt revendiquer des situations sociales, professionnelles ou autres au titre de la communauté de laquelle ils se réclament ?… … … 

Non ! … … Arrêtons de délirer !

L’unique critère de sélection dans une société laïque doit être la valeur de l’individu, sa compétence ou son aptitude à…

Maintenant, que l’on facilite l’accès au savoir, au logement, aux études, que l’on donne des bourses aux individus les plus démunis, c’est une évidence !

Notre pays devrait se donner les moyens d’amener le maximum de jeunes vers les plus hautes études : plus d’enseignants, plus d’écoles, plus d’installations sportives, plus d’outils pédagogiques, etc. … … mais aussi moins de canons, moins de chars, de sous-marins, de torpilleurs, de bombardiers.

Notre vraie force est dans la réussite sociale de millions de jeunes semblables à Madame Tokia SAÏFI, ministre du développement durable ou Monsieur Abdel AÏSSOU, sous-préfet de mon département ( que je salue respectueusement ).

Je suis très fier que ces personnes-là prouvent que l’intégration réussie dans notre république laïque n’est pas un vain mot.

Je déplore cependant d’avoir encore à le souligner ; tant que des gens devront lutter plus que d’autres aux seules fins que leur sexe, la consonance de leur nom, ou la couleur de leur peau reste un obstacle à cette ascension sociale, la vraie égalité restera celle dont Coluche parlait.

Encore une question à Mathilde ou ceusses qui ont magnétoscopé : combien de fois 
a-t-on prononcé le mot « laïcité » ?

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Vend.5 déc.03

Les émissions télévisées sur ce thème se suivent à une cadence jamais atteinte.
Les « porte-paroles » des différents courants sont invités à débattre en direct sur nos antennes de plus en plus souvent.

Si l’on en croit les défenseurs de la laïcité, apparemment l’immense majorité, il suffirait d’appliquer la loi, toute la loi et rien que la loi pour se préserver des tentatives de déstabilisation de notre république.

Ce qui m’inquiète, c’est justement cette construction de remparts autour de notre laïcité en prévision d’éventuelles attaques.

Le représentant des Musulmans de France nous rassure ; il appliquera stricto sensu les principes républicains. 

Le foulard n’est, d’après lui, qu’un épiphénomène sans conséquence sérieuse.

Taricq Ramadan, quant à lui, s’en tient au texte de 1905 qui garantit le respect de toutes les religions dans la séparation de l’église et de l’état. 

Il est clair que, dans son esprit, l’interdiction du port du voile chez les jeunes filles s’apparente au non-respect de cette loi.

Le danger viendrait, par conséquent, de cette interprétation de nos lois dont la lecture par des gens ( peut-être sincères ? ) serait déviée de son sens historique.

Hélas des voix officielles ( ministre de l’intérieur ) ont laissé échapper, quelques jours avant, des mots malheureux comme « bandana », « ségrégation positive », « organisation des Musulmans de France ». Tout cela fait un peu désordre et provoque des fissures dans l’édifice Etat laïc.

Heureusement, d’autres voix aussi officielles ( ministre de l’E.N. ) disent, maintenant, haut et fort, que tout signe distinctif doit être caché en publique et que la loi de 1905 doit être appliquée partout, un point c’est tout.

Alors je pose la question : faut-il faire une nouvelle loi, plus moderne, mieux adaptée à la société d’aujourd’hui, uniquement pour expliquer à Monsieur Ramadan et aux gens qui l’écoutent que, si nous interdisons tout signe ostentatoire d’appartenance à une communauté quelle qu’elle soit c’est justement par respect des convictions individuelles ?

Quelqu’un pourrait-il enfin m’apporter la contradiction en toute courtoisie ?, ( cela va sans dire), ( mais cela va encore mieux en le disant ).

Je reste à l’écoute. … … … bonne fin de semaine.

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Je reviens sur ce débat car je m’aperçois, à la lecture de l’intervention de LU ( 26-11 à 18h41 ) que la notion de laïcité, dans l’esprit d’un bon nombre d’entre nous, ne concerne que le milieu scolaire ( ce qui est très réducteur ) ou, au mieux, les administrations publiques en général.

Dans mon esprit la laïcité se vit partout, au quotidien.

Il existe deux manières de vivre : sans vouloir plagier une émission de télé que j’apprécie ( aussi ), je pense que nous avons tous une vie privée et une vie publique.

Le désordre que nous constatons aujourd’hui vient de là. 

La confusion est totale et le débat auquel nous participons le prouve.

Le temps que je passe à clicotter sur ce foutu clavier m’empêche de lire les réactions au fur et à mesure qu’elles tombent.

Je reprends le fil du sujet après avoir cliqué sur « envoyer » et là, ho surprise, je découvre deux, trois ou quatre réponses auxquelles je n’ai évidemment pas réagi.

De là mes excuses à Mathilde, Estar, Altéa, Michelle, Motocipède, Sourire, Jaime, Fotjadi et les autres pour les avoir lu « après la bataille ».

Je réactive cette file ce soir pour vous dire d’abord combien j’apprécie votre adhésion et pour vous demander ce que vous pensez des films « Chaos » de Coline Serreau sur la 2 dimanche à 21h et de « Samia » de Philippe Faucon lundi à 20h40 pour les ceusses qui ne dorment pas devant la télé comme il m’arrive parfois.

Ces deux œuvres ont en commun le traitement de la question de l’Islame et de la Femme à notre époque sur le sol français.

L’un comme l’autre sujet est abordé avec force et réalisme. 

Ces deux films devraient figurer (à mon avis) au sommet du podium de la défense du droit des femmes en France et dans le monde.

Les auteurs y décortiquent les mécanismes qui poussent certaines de nos compatriotes d’origine Maghrébine à adopter des attitudes extrêmes.

Aujourd’hui 25 novembre, journée en honneur de nos mères, nos sœurs, nos filles, nos amies, nos compagnes, il m’était difficile de rester muet.

Ce soir sur France2 Arlette CHABAUD aborde les sujets brûlants de l’actualité au cœur de nos débats.

Mathilde, pour une fois, remet la correction de tes copies à plus tard, (2) cale-toi bien confortablement dans ton fauteuil et apporte-nous les fruits de ta cogitation après cette émission.

Nezzie, pas besoin de conseils… Tes analyses sont toujours riches et pertinentes ; tu es une sources d’informations précieuses par ton point de vue Espagnol. 

Dommage que nous n’ayons pas tes équivalents dans d’autres pays d’Europe ; l’appel est lançé.

Je pense que ce conseil est également inutile en direction de Estar, Mano, Lugdivine, Altéa, Fotjadi, Odon, Sourire et tou(te)s celles et ceux qui nous apportent matière à réflexion et que je salue ici.

J’ai toujours grand plaisir à vous lire toutes et tous.

A bientôt.

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Autant je défends, je respecte et j’encourage les libertés individuelles ou collectives dans les secteurs privés ( culte, culture, sport, loisir, art de vivre, santé, etc. …), autant je suis intimement persuadé que seule la laïcité la plus totale dans notre vie publique sera garante de toutes les intégrations et de toutes les libertés.

LU nous dit : « certains me disent : le voile, pas à l’école mais dans la rue … je ne comprends pas … le voile assujettit la femme à l’homme, à l’intégrisme … alors le combat ne doit-il pas se limiter à la laïcité mais aux droits essentiels de la femme … ».

Tout à fait d’accord LU et c’est pourquoi les droits de la femme sont intimement liés à la laïcité.

Si le voile fait partie de leur tenue vestimentaire, pourquoi pas ? 

Mais s’il est le signe d’une quelconque soumission, nous avons le devoir de le combattre ( en douceur mais fermement ) au nom de leurs libertés.

Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, j’étais gamin à l’époque, les femmes n’étaient-elles pas voilées à l’église ?, aux enterrements ?, n’étaient-elles pas séparées des hommes aux offices religieux ? leur serait-il venu à l’idée d’aller à la messe sans « rien » sur la tête ?

Nos pères et surtout nos grands-pères ne nous incitaient-ils pas à la dévotion même s’ils allaient plus volontiers à « l’annexe » juste en face ?

Je vous vois sourire car je sais quels bons souvenirs cela rappelle à certain(e)s.

C’était des valeurs unanimement admises à l’époque et la laïcité n’en était qu’à ses balbutiements.

Pour les femmes musulmanes qui sont sous le joug de leurs hommes (père, frère, mari et fils), leur combat vers l’émancipation puis l’égalité sera plus facile car elles bénéficieront de l’avancée de nos coutumes (au moins sur le sol français).

Chères Musulmanes opprimées, soyez assurées de mon soutien sans faille.

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Loin de moi l’intention de souffler sur la braise, Estar, loin de moi aussi l’idée de m’éloigner de mes amis musulmans ( je n’en ai que trois ). 

Ceux-ci vivent parmi nous depuis quarante ans et n’ont plus de problème d’intégration.

Il se trouvent qu’ils sont Maghrébins d’origine mais ça n’est nullement pour cela qu’ils sont mes amis. 

Les liens qui nous unissent sont davantage l’attachement à des valeurs communes, des goûts communs, sans forcément de références à une quelconque communauté.

Ils observent avec moi, tout doucement, sans colère ni passion, cette montée lente mais réelle de nouvelles valeurs (pour nous) venues de quelques manipulateurs habiles prêts à exploiter les moindres failles de notre société.

A l’instar du réchauffement de la planète, nous en somme informés mais pas encore inquiétés.

Ces failles s’appellent : échec scolaire, logements exigus, quartiers défavorisés, abandon de l’autorité parentale, trop faibles revenus, pouvoir immodéré de l'argent et j’en passe … , en somme le terreau idéal pour faire germer les graines de la révolte.

Devons-nous attendre que l’herbe soit mûre pour la déraciner ?

A mon avis il sera trop tard, ce sera la saison de la récolte.

Je ne comprends pas tout, loin s’en faut, mais quelque chose me dit que ce vent porteur de semences n’annonce rien de bon.

Alors je scrute l’horizon, j’observe et je réfléchis.

Libre à toi de garder la tête dans le sable.

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Estar, je te prie de m’excuser, mon allusion à l’autruche est un peu excessive.

Mais j’ai relu les interventions de ces derniers jours et j’ai le sentiment que tu cherches plutôt à minimiser le phénomène. 

Si c’est pour éteindre les braises, ta démarche est louable et je la respecte.

En réplique à Sourire, tu dis : « le  problème serait moins important si on lui faisait moins d’écho », « comme toutes les modes, celle-ci passera » et d’ajouter : « mais je crois que nous ingérer dans la culture et la pratique de ces familles dépasserait notre rôle de terre d’accueil ».

Chercherais-tu à atténuer l’affirmation de Sourire, « le port du voile est une provocation » ? 

C’est en tout cas ce que je veux bien comprendre.

Quant à qualifier ce problème de mode, c’est pousser un peu loin le bouchon. 

Et si les projecteurs des médias, pour une fois, nous permettent d’y voir plus clair, je ne m’en plaindrai pas.

Zénobie renchérit : « on en parle trop ; les arabes ont ce qu’ils désirent : on parle d’eux ».

Non, Zénobie ; les Arabes préfèreraient qu’on leur foute la paix dans leur immense majorité ; d’abord parce qu’ils ne sont pas tous musulmans, ensuite parce que ces agitateurs qui se réclament de l’Islam sont en train de saper quarante année  d’effort d’intégration pour la plupart d’entre eux.

Je salue Môa qui préconise « plus de fermeté dans l’application de la loi, mais sans blesser personne » et elle ajoute « car le racisme n’est pas loin ».

Puis le lendemain, Sourire s’est appliquée à démonter un par un les arguments de Estar en rappelant que «  nous sommes en France et que la religion catholique fait partie de notre patrimoine ».

Il est là le danger !

Dans l’esprit de beaucoup trop de gens, il faut dresser des barricades, tracer des frontières, défendre des vieilles valeurs que la raison nous avais conseillé de mettre en sommeil. 

L’atavisme est tenace. 

Notre Histoire, nos racines, notre culture, notre éducation font écran à la laïcité.

La laïcité est un concept raisonné, admis comme un compromis tant qu’il reste sur ses rails. 

Mais à la moindre tempête, elle est remise en question y compris par ses partisans.

C’est surtout cela qui me fait me questionner depuis quelques mois maintenant, d’où le titre de ce fil : « la laïcité est-elle menacée ? ».

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Nezzie, à propos de Bordeaux, il semblerait que ce soit le président de l'université qui ait cédé à la pression des étudiants musulmans pour obtenir un lieu de prière dans l'enceinte universitaire.

Les responsables ne doivent en aucun cas se laisser manœuvrer par qui que ce soit.

Il leur appartient d'appliquer les textes en vigueur sans faiblesse ni animosité.

C'est ce genre de dérapage qui constitue aussi une menace.

Merci encore de ta précieuse participation.

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Merci Fotjadi d’avoir créé ce nouveau fil et merci de ton éclairage.

Je veux juste apporter une petite précision sémantique sur les mots « ostentatoire » et « ostensible ».

Il semble que Monsieur Bayrou, tout agrégé de lettres qu’il est, n’ait pas bien saisi l’intention du rapport Stasi (ou bien c’est moi qui me suis assoupi …) J

« OSTENSIBLE » :       qu’on affiche, qu’on laisse voir à dessein …
« OSTENTATOIR » :    qui témoigne une insistance excessive pour montrer …

Ce rapport propose donc d’interdire non seulement les signes ostentatoires ( ce qui est déjà un minimum )…… mais également les signes ostensibles c’est à dire ceux qu’on laisse voir même si l’on ne les « montre » pas.

Le mot « ostensible », bien que plus faible que le mot « ostentatoire », ne fait qu’accentuer l’interdiction et non pas la minimiser comme semblent l’avoir compris bon nombre d’entre nous ( je ne parle pas bien sûr, de nos ami(e)s du forum pour qui cette précision est totalement superflue.

Bon dimanche à tou(te)s et à lundi dans la hâte de vous lire.

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Jofis,

Votre insistance à vouloir que la laïcité vous empêche de pratiquer votre religion devient un brin provocateur.

Ceux qui se sont exprimé sur ce thème s’appliquent, au contraire, à défendre toutes les libertés du culte.

Je maintiens avec eux que seule la laïcité, même si « cette valeur est relativement récente » ( c’est vous qui le dites ), est garante de ces libertés-là et de bien d’autres.

J’en veux pour preuve que lorsqu’elle faiblit, et c’est le cas depuis un demi siècle, les religions émergent et viennent s’affronter sur la place publique.

Le rapport Stasi en est la triste démonstration.

On s’apprête à faire une loi qui recadrera la conduite à tenir de certains « arbitres » mais à côté de cela, on propose de saupoudrer quelque fêtes religieuses dans notre calendrier, on fait l’amalgame entre ce qui est pratiques religieuses et fêtes traditionnelles, on maintien les aumôneries dans les établissements scolaires.

A vouloir ratisser large, le gouvernement risque d’envenimer la situation plutôt que de la clarifier.

Et, sans vouloir vous offenser, je crois que les propos que vous tenez en sont les prémices.

Alors, au risque de me répéter, je soutiens que la pratique de chaque religion ne peut se faire que dans un espace privé ( église, mosquée, temple, chez soi ) ou dans un contexte non ostensible de manière à ne pas heurter les convictions d’autrui.

S’il le fallait, je serais partisan de supprimer les grandes manifestations religieuses publiques comme les processions du 15 août dans les villages ou les feux de la Saint Jean et autres.

Pourtant, comme vous, comme beaucoup, je pense que ces fêtes traditionnelles font partie du patrimoine culturel de mon pays.

Mais je suis convaincu qu’il n’y aura pas de rapprochement des peuples tant que nous maintiendrons coûte que coûte nos positions respectives.

D’abord la discrétion puis la compréhension de l’autre et viendra le respect mutuel et, pourquoi pas, l’amour entre les peuples.

A nous de choisir ; pour ma part, mon choix est clair.

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En cette veille de Noël et d’année nouvelle, je viens chez vous par la pensée vous apporter mes vœux de paix et d’amour.

Ils s’adressent à tous, religieux et agnostiques, croyants et athées, quelles que soient vos convictions pourvu qu’elles soient sincères et respectueuses des autres.

Lorsque j’ai lancé ce débat en mai dernier, l’agitation autour de ce thème n’était que frémissements ; les médias ne s’en étaient pas encore emparés.

Depuis ce temps, des intégristes de tout bord sont venus alimenter mes craintes.

Chaque fissure, chaque faiblesse est le siège d’une nouvelle infiltration d’idée subversive.

Aujourd’hui je dis OUI, non seulement la laïcité est menacée mais nos valeurs républicaines acquises de longues luttes sont en péril.

Soyons vigilants plus que jamais. 

Toutes les occasions de dialoguer doivent être saisies en particulier avec les jeunes femmes musulmanes qui sont sous « tutelle ». 

Il faut redonner confiance en nos valeurs à ces jeunes français d’origine africaine en les respectant, en leur parlant, tout simplement. 

Enfin, il faut absolument « reboucher les fissures » afin de stopper les « infiltrations ».

Je m’ éloigne quelques semaines de ma petite lucarne où j’ai plaisir à vous rencontrer mais je continuerai de vous lire avec le plus vif intérêt, soyez-en assuré(e)s.

Bonne et heureuse année à toutes et à tous.