Pour quand la majorité de l'homme ?

 

Il y a cinq ans (déjà), je vous parlais de laïcité, de religions, de croyances, de cultures très distantes les unes des autres et, par conséquent, des sensibilités personnelles qu'elles induisaient dans le cœur de chaque être humain.

 Nous, les Français, le peuple des Lumières, avons été les premiers à parler d'égalité, de fraternité et de liberté.

 Nous avons réussi à briser la coquille de la féodalité qui régissait le monde depuis la nuit des temps.

 Cette liberté vient une fois de plus aujourd'hui ajouter un bémol à cette prestigieuse trilogie.

 Notre professeur d'histoire-géo vient d'être décapité en pleine rue par un gamin de dix-huit ans d'origine Tchétchène.

 C'est l'horreur et la sidération.

 Samuel Paty savait-il qu'il allait provoquer un malaise parmi ses élèves en leurs expliquant ce qu'était la liberté d'expression ?

 Ceux qui, d'origine Maghrébine, musulmans pour certains, ont vécu confusément le massacre de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 (Ils étaient encore petits ) ont peut-être gardé en mémoire le malaise que vivaient leurs aînés ? 

 En quels termes en a-t-on parlé dans leurs familles ?

 Quelle importance tient "le Prophète" dans leur éducation ?

 Peut-on leur reprocher de n'avoir pas le même humour que nous ?

 Autant de questions qu'aurait pu se poser ce professeur en préparant son cours.

 L'a-t-il fait ? Je ne le crois pas.

 Si les élèves qui ont assisté à son cours se souviennent de l'atmosphère perceptible ce jour-là, ils auront pu observer la gène que généraient certains propos sur leurs camarades de confession islamique.

 Nous devons tenir compte des sensibilités diverses de tous nos concitoyens, de tous nos voisins y compris les plus éloignés.

Nous sommes dans un pays de droits et de liberté.

 Ces deux mots sont antinomiques : le droit dresse des barrières alors que la liberté voudrait qu'elles n'existassent pas. 

A-t-on le droit de se moquer de tout, OUI.

 A-t-on le droit de rire de ce que d’autres considèrent comme sacré, OUI. 

A-t-on le droit de caricaturer publiquement des idoles ? OUI. 

 A-t-on le droit d’insulter, de blasphémer, d’humilier ? OUI au nom de la liberté d'expression. Tient, drôle de paradoxe, ne trouvez-vous pas?

Le droit, les droits on-t-ils été créés pour cela ? NON. 

La laïcité, qui n’est pas un droit mais une valeur, est une merveilleuse invention qui devrait permettre à tous de coexister et de cohabiter. 

Le DROIT en revanche est un outil dont notre société s’est doté afin de contenir et de prévenir tout débordement. 

Il met à notre disposition des arbitres qui sont dans les tribunaux. 

Il est comme une route où tout le monde peut circuler de Paris à Pékin et de Pékin à Paris.

Il est surtout comme une ligne jaune à ne pas franchir sous peine de châtiment. 


De l’autre côté de cette ligne il y a ceux qui vont en sens inverse, c’est leur liberté. 


Mais alors, si nous avons le droit il suffit de l’utiliser. 


Et voilà où le bât blesse : « j’ai le droit ! ». 


Qu’a fait Charlie ? il s’est amusé à frôler la ligne jaune pour faire peur à ceux qui roulaient dans le sens inverse. 

 Il ne l'a pas franchie donc il était dans son droit.

Il a pris le risque inutile de provoquer un mauvais réflexe chez le conducteur d’en face … … … 

Et le carnage s’est produit ! « J’ai le droit donc je m’en sers ». 


C’est ce que disent les imprudents. 


Car, enfin, qu’est-ce que nous voulons ? 


Montrer au monde entier que nous avons raison d’être libres ? 


Prouver que l’amour et l’humour sont compatibles ?

 Démontrer que la laïcité est la seule manière de vivre en paix ?  

Ou, tout simplement, vivre en paix ? 

Pour ma part, c’est cette dernière option qui me paraît la plus sage. 

Nos valeurs républicaines et laïques sont largement partagées bien au-delà de nos frontières. 


Hélas les graines de liberté que nous avons semées à la surface du globe ne germent pas toutes en même temps. 


Elles dépendent du terreau sur lequel elles sont tombées. 


Il suffit d’attendre et de les laisser germer sans précipitation. 


Elles finiront bien par fleurir ... 


Il faut respecter les différences de civilisations et surtout respecter tous les individus avec toutes leurs sensibilités.

 Cela s'appelle la courtoisie, l'égard, la bonté, la générosité, le respect. 

Nous pouvons tous rouler sur la route de la fraternité, elle est à la disposition de tous, mais, de grâce, restons prudents et courtois.

Respectons-nous les uns, les autres à défaut de nous aimer.

La paix dans le monde est à ce prix.


Conscience

 

Je suis athée mais je suis conscient d'être pétri dans les croyances de tous mes ancêtres avec leurs cultures, leurs traditions, leurs religions et leur naïveté.

Je me suis séparé difficilement de cette souche comme les fusées s'arrachent de l'attraction terrestre.

De nouvelles valeurs comme l'infiniment grand, le temps, l'infiniment petit s'agrégèrent petit à petit à celles héritées de mes parents, l'honnêteté, le courage, la fraternité, etc. ... bases solides d'une culture de lumière et de liberté.

Pour moi l'humanité a l'âge de l'école maternelle, c'est à dire que  l'homo sapiens étant l'un de nos plus anciens ancêtres, à l'échelle de notre planète, (l'Holocène d'un peu plus de 10000 ans étant la deuxième de l'ère Quaternaire, la première étant le Pléistocène qui a débuté il y a 2,6 millions d'années), notre espèce humaine devrait durer 200 000 ans environ.

 Puis, très récemment, vers le milieu du 19ème siècle, le bambin que nous sommes a échappé à la vigilance de la conscience inconsciente, cette main invisible qui tentait de le protéger, pour découvrir le monde "comme un grand".

 Une troisième ère prenait naissance, une ère pleine de dangers, d'absurdité, de folies des grandeurs : l'Anthropocène.

 Les enfants que nous sommes sont sourds et aveugles autant qu'inconséquents.

 Ils bouffent à en crever à côté de leurs petits frères qui crèvent de les voir s'empiffrer, gaspiller, jeter n'importe quoi n'importe où jusque dans l'Espace qui n'avait connu jusque là que des étoiles filantes.

 Dans les forêts, sur le Mont Blanc, dans les ruisseaux et les rivières, dans les mers et océans ils jettent.

Athmo, litho, strato, toutes les sphères en prennent plein la gueule.

 Les espèces vivantes depuis des millions d'années disparaissent par centaines chaque jour.

 Certaines de ces espèces étaient une barrière naturelle à des maladies inconnues de l'homme.

 Par son action destructrice et inconsciente, celui-ci se voit infecté d'un nouveau virus qui aurait dû se cantonner dans la sphère animale.

 Ce "Coronavirus", parti de Chine il y a un an, a déjà contaminé la totalité de la planète.

 La pandémie s'étend et fait des ravages. Tous les pays sont en guerre contre cet ennemi invisible.

 Le réchauffement climatique ou la disparition des abeilles que des savants observent et dont ils nous alertent en permanence ne sont que des titres de dernière page des journaux en regard de l'indice du CAC40 qui reste la préoccupation principale des gouvernants de la Terre.

 On continue de boursicoter un masque sur le nez ou par visioconférence.

 L'économie tourne au ralenti et tout le monde a peur mais elle tourne.

 De là à créer le lien entre cet état d'esprit général et la vague d'attentats isolés perpétrés un peu partout et presque chaque jour dans les pays occidentaux, il n'y a qu'un pas.

Je pense que nombre d'individus les plus fragiles mais violents se jettent dans l'action terroriste au nom d'une croyance différente de celle de leurs victimes mais surtout par la perte de repaires culturels et moraux.

 Ils sont, semble-t-il, téléguidés par de lointains "maîtres" qui cherchent ainsi à reconquérir leur suprématie. 

Ceux-ci furent des savants, des astronomes, des mathématiciens bien avant le siècle des lumières qui illumina le monde.

 Ces gouvernants fanatiques et manipulateurs mènent leur peuple vers le désastre et l'effondrement.

Les valeurs que nous avaient inspirées les penseurs du siècle des lumières volent en éclats devant la cupidité, l'appât du gain, la croissance, l'industrie, le marché, la mondialisation, les réseaux sociaux qui contribuent à endormir la grande majorité de nos congénères du monde "moderne".

 Aujourd'hui 1er novembre 2020 à Nice nous pleurons les morts emportés par la tempête Alex du 2 octobre dernier.

 Nous pleurons les morts emportés par le dernier corona virus appelé "Covid19".

 Nous pleurons la mort de Samuel Paty, prof d'histoire géo, cruellement décapité à l'arme blanche pour avoir démontré que Charlie Hebdo avait raison de caricaturer le Prophète.

 Nous pleurons la mort de trois paroissiens du centre de Nice dont le seul tort était de prier pour que toute cette folie quitte nos esprits anéantis par tant de haine et de conneries.

 Une fois de plus j'ai du mal à m'associer à ce dérèglement général de mes congénères.

 Une fois encore il va falloir que j'explique le fond profond de ma pensée, dire que nous ne pouvons rien contre la connerie universelle, démontrer que le droit pose des limites à l'instar des buttoirs pour les trains ou de la ligne jaune pour les automobilistes : les frôler est le pire des défis.

Cette humanité encore balbutiante court un grand danger, le plus important pour elle et pour les millions d'espèces vivantes qu'elle entraînera dans son désastre car c'est de cette perte dont il est question.

Refuser d'ouvrir les yeux c'est accepter l'idée du suicide collectif à plus ou moins long terme. 

(Voir mon article du 15 janvier 2015 : "Après le carnage de Charlie Hebdo"

 

  

Ma rage !

Je n'ai plus de mot pour dire ma rage et mon indignation !

Trois morts, ici, à Nice, capitale du beau temps, des vacances, du rire et de l'insouciance.

Trois morts de plus, deux femmes et un homme égorgés par un jeune Tunisien arrivé depuis peu sur notre sol.

Trois familles endeuillées ainsi que leurs proches, amis, voisins, Niçois, Français, "Occidentaux".

Quinze jours plus tôt c'est un prof d'histoire-géo de la région parisienne qu'on décapite au couteau.

Son crime ? avoir tenté d'expliquer le droit, entre autres celui de s'exprimer librement.

Fallait-il pour cela ressortir l'affaire de la caricature de Mahomet ?

Nous, la France, le pays de la révolution, puis des droits de l'homme, précurseurs de la laïcité avons été frappés une fois de plus dans notre chaire, dans nos cœurs et dans nos convictions.

Ma colère est immense, bien sur, face à cette violence, à cette folie, à cette connerie qui nous entoure, qui me semble être la résultante de toutes nos disparités sociales, culturelles, géographiques mais mon indignation l'est autant quand je vois que le massacre de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 n'en fini pas de rebondir.

Il y a bientôt six ans j'ai crié ma colère par un texte qui prônait des valeurs désuètes comme la politesse, le respect, la courtoisie, la gentillesse et surtout la fraternité que nous prêchaient les curés comme l'école communale.

Aujourd'hui rien a bougé.

Ceux qui ont envoyé l'assassin de Samuel Paty sont peut-être les mêmes qui ont commandité le massacre des paroissiens de Nice.

Je ne peux pas croire qu'un esprit normalement équilibré, de quelque confession soit-il, puisse de sang-froid égorger ses semblables.

Ces jeunes sont repérés pour leur violence et leur fragilité puis recrutés comme hommes de mains par des dirigeants dont le but est de semer la terreur sur notre sol, bien à l'abri dans leurs pays. 

Ils me font penser à ces kamikazes que plus rien ne rebute et sont prêts à risquer leur vie pour défendre une idéologie.

Les mêmes ont réussi à sidérer le monde occidental le onze septembre deux mille un.

Cet effroyable attentat aux conséquences autrement plus inestimables en matière de pertes humaines reste marqué à vie dans nos mémoires.

C'est de ce danger-là que je souhaiterais que nous gardions à l'esprit en ne soufflant pas sur les braises de nos différences.

Les religions ne sont que des croyances, des dogmes et des lois écrites par des hommes, au mieux pour les protéger de leurs peurs, au pire pour les asservir et les dominer.

L'histoire de l'humanité est pleine de légendes issues d'esprits prolifiques ; elles ont servit de socle à toutes les civilisations, anciennes et présentes, pour le meilleur comme pour le pire : d'un côté, l'art, de l'autre, la guerre.