Un peu de moi

 Mercredi 25 septembre 2013

En quelque jours je viens de prendre conscience de l’éphémèreté de ma petite vie. 

Diluée dans l'océan de vies qui participe de l'évolution de notre planète, elle passe totalement inaperçue. 

A l'échelle de mon entourage immédiat je n'ai aucune raison d'en tirer orgueil. 

J'ai fais ni plus ni moins ce que font les gens de ma condition, mariage, divorce, carrière éclectique et chaotique, métiers non choisis, fuite en avant, remariage, belle-famille, enfants, aventure, divorce, vie de feuille morte poussée par le hasard d'une direction à l'autre puis, après maints tourbillons, coincée entre deux roches par l'âge et le temps parmi d'autres feuilles immobiles, attente de l'hiver fatal.

Ma famille, mes frères et sœurs, leurs enfants me semblent loin, inaccessibles, presque étrangers. 

Je sais que la réalité est toute autre. 

J'y pense très souvent surtout depuis la mort de Michel. 

Je culpabilise de ne pas l'avoir accompagné jusqu'à sa dernière demeure. 

Je culpabilise de n'avoir pas participé au mariage de Véronique et son jeune amour Innocent. 

Elle était si heureuse! 

Mais je n'y croyais pas, je pensais qu'il me faudrait tricher, faire semblant de croire que leur avenir serait radieux, rire et chanter avec eux et j'ai eu peur de me trahir. 

Alors je me suis réfugié derrière mes douleurs certes réelles mais psychosomatiques et je suis resté dans mon trou, honteux et malheureux. 

Si j'avais su que c'était la dernière occasion de nous retrouver tous les sept sur LA photo la balance aurait certainement penché de l'autre côté. 

L'ultime image de la fratrie au grand complet aurait eu la place d'honneur dans les albums des sept familles, au moins celles de mes sœurs et frères, et ma conscience n'aurais peut-être pas eu à traîner ce boulet.

Je laisse pour traces de mon passage sur terre deux grands enfants qui sont ma seule fierté mais, toutes proportions gardées, auront la même importance dans cet immense océan de vie, c'est à dire une goutte d'eau. 

Benoît et Anaïs sont ce qui me reste de plus cher dans ma petite existence.

Si j'éprouve le besoin d'écrire tout ceci aujourd'hui c'est que je sais confusément que c'est le dernier chapitre de mon histoire. 

Ils ne se doutent pas encore qu'ils sont ma seule raison de vivre. 

Je n'ai pas su les protéger, leur donner le meilleur de moi-même, les amener tranquillement jusqu'à l'âge adulte. 

J'ai laissé cette lourde tâche à leur mère malade pour courir derrière une autre femme qui a fait mon bonheur pendant quelques années, le temps justement qu'il m'aurait fallu pour accomplir ma mission de père. 

Ils s'en sont sortis bon gré mal gré grâce à cette mère aimante qui leur a donné tout ce qu'elle a pu. 

Merveilleux instrument que cet ordinateur. 

J'utilise mes deux majeurs et parfois l'indexe gauche pour clicoter sur mon clavier. 

Les autres doigts sont de plus en plus gourds. 

Ils ne plient plus assez pour écrire au stylo. 

L'indexe et l'auriculaire de ma main droite sont raides, gonflés d'arthrose et me font souffrir en permanence. 

Ma signature est méconnaissable. 

Mes ongles déjà trop longs glissent sur les touches noires avant que la peau n'assure la bonne frappe. 

Il va falloir que je les coupe. 

Encore une corvée qui va occuper une trop grande partie de la matinée au détriment des autres tâches ménagères.

Après une nuit de sommeil interrompu dix fois par des douleurs de ma jambe droite et surtout du genoux, j'aspirais à un peu de répit et, pourquoi pas, de repos.

Je suis monté au Gandalet avec Jean-Claude, un jeune ferrailleur installé depuis peu à Toudon. 

La mort dans l'âme, je lui ai montré l'étendue de ma fortune, une accumulation de "choses qui pourraient servir" et qui ont envahit depuis quinze ans tous les coins et recoins de mon terrain. 

Des objets pratiquement neufs que notre société de consommation renouvelle pour les remplacer par d'autres objets toujours plus "beaux", plus chers, plus "design" et toujours plus polluants pour notre planète. 

Cette accumulation de déchets, bicyclettes anciennes, éviers inox ou porcelaine, plaques de cuisson, petits appareils électroménagers, vieux outils rouillés, ou matériels informatiques dont l'obsolescence programmée représente l'absurdité et la honte de notre société industrialisée à outrance prend une place de plus en plus importante.

Pour qui découvrait mon petit paradis, il lui semblerait se trouver devant la caverne d’Ali Baba. 

Tout ce bric-à-brac représente une valeur marchande certaine une fois exposé dans des vide-greniers ou chez des brocanteurs. 

Le troc de plus en plus implanté sur les réseaux du web se serait peut-être satisfait de ce trophée. 

Hélas je ne m'en suis pas occupé en temps utiles et mon trésor ne représente plus aujourd'hui que des matériaux à recycler.

Jean-Claude se chargera d'une première sélection de matériaux pour gagner sa vie puis d'autres ferrailleurs dans des pays lointains (O absurdité de l'humanité) continueront l’œuvre de récupération matières par matières et nous retourneront ces matériaux séparés de leurs déchets ultimes pour ne garder que le produit de leurs efforts tout juste suffisants à faire vivre leurs familles.

Je ne peux m'empêcher de penser à cet immense gâchis, à ce déséquilibre grandissant entre les gros que nous sommes et les maigres qui picorent nos miettes et se jettent sur nos restes loin de nos consciences aveugles. 

Alors, très vite, je chasse de mes pensées cette honte tenace et je tente de m'enfermer dans mon petit univers douillet où toute cette "fortune" ne représente plus rien.

Mais, plus qu’un manque à gagner, le débarras de tous ces objets marque la fin d'un beau rêve.

Lou Gandalet était une petite ruine où nous aimions nous reposer Paulette et moi au cours de nos randonnées pédestres entre Mont Vial et Estéron. 

Un carré d'herbe tendre au pied d'une ruine et au milieu des ronces et des genets était devenu notre havre de paix, d'amour, de repas et de repos lors de nos escapades romantiques. 

Peu à peu nous y avions laissé une grille et une boite d'allumettes cachée entre une pierre et une vielle poutre de chêne et nous faisions griller quelques côtelettes sur un feu de cade et un lit de thym. 

Toudon et cet endroit en particulier était devenu notre petit paradis.

À la même époque, un nouveau voisin de Paulette acheta la maison contiguë à la sienne et nous rendit la vie impossible tant ses prétentions empiétaient sur notre quiétude. 

Nos escapade dominicales devinrent peu à peu un enfer. 

Les quelques heures de bonheur arrachées à la routine citadine devinrent des heures d'angoisse. 

Le fou nous  attendait et se délectait d'avance du spectacle qu'il avait préparé à l'attention du voisinage. 

L'escalier d'accès à l'appartement de Paulette était construit sur le domaine de ce voisin et cette situation l’empêchait de réaliser certaines modifications de sa maison. 

Il s'ingéniait donc à nous dissuader de jouir normalement de cet appartement afin, je suppose, de le racheter à bon prix. 

Je passe les sept années de tourments, de procès, d'expertises, de démarches qu'il a fallu entreprendre pour seulement garder le droit de passer chez lui, seule solution pour accéder à la maison de nos loisirs. 

Vu la conjoncture, j’eus l'idée d'acquérir la petite ruine de nos rêves au cas où "le fou" persisterait dans ses velléités de nous nuire.

Après deux années de recherches et de tractations auprès du propriétaire nous avons fini par signer la transaction chez le notaire et nous nous mimes aussitôt au travail.

J'avais entrepris de retaper ce cabanon et, pourquoi pas, l'aménager pour en faire notre résidence principale un jour ... peut-être. 

Enthousiasmés par cette idée, nous avons peu à peu remplacé nos randonnées par des travaux de débroussaillage puis, moyennant quelques subsides et l'aide de tâcherons, le cabanon retrouva peu à peu son allure d'antan.

Mon beau rêve aura duré quinze ans. 

Les heures passées à bâtir dans ma tête ont été les plus douces : une porte ici, une fenêtre là, et puis non, là plutôt et ainsi de suite les murs, les talus, les arbres, les petits escaliers de pierres, tout prenait place ou déménageait le lendemain. 

J'étais comme un géant prenant entre deux doigts les éléments de notre future demeure et les disposant au gré de mon imagination débordante.

Mais le poids des pierres, des sacs de ciment, des parpaings, des ferrailles me ramenait très vite sur terre et la fatigue avait souvent raison de mon ambition.

Paulette se fit de plus en plus absente, retenue par des exigences familiales puis attirée par d'autres horizons. 

J’abandonnai peu à peu la bitounière comme disait mon tâcheron pour céder à la pression de mes "mamies", deux sœurs du troisième âge, qui trouvaient trop dommage de laisser un tel terrain si bien exposé sans potager.

Je te montre me disait l'une, on achète les plants me disait l'autre, viens chercher le migon me proposait Stéphane le berger et ainsi fut fait. 

Six années durant les tomates les salades les choux, les poireaux, les haricots remplacèrent le sable, les pierres et le gravier. 

Puis les premières douleurs apparurent au niveau des poignets et du bas du dos. 

C'était l'été de la décadence! 

Non seulement je ne pouvais plus me baisser ni tenir un outil aussi léger fut-il mais mes proches ne me croyaient pas. 

La double peine! 

Pour eux j'étais le vieil ours qui ne quittait plus sa grotte.

Mon père se dégradait doucement. 

Son cerveau si agile qui m'avait enseigné tant de "petits trucs" lorsque j'étais enfant se ramollissait de jours en jours. 

Une vie de rude labeur et d'abnégation avait fini par laminer ses souvenirs et sa conscience. 

Il était loin et seul abandonné dans une maison de retraite, un mouroir où il avait accompagné sa femme malade, ma mère, puis, las de la vie, s'était laissé emporter dans un flot de regrets, de remords et de culpabilité.

Ma petite sœur en revanche était toute à sa joie de nous présenter son futur époux, un jeune Burkinabé de vingt ans son cadet. 

Fallait-il se réjouir ? 

Fallait-il la mettre en garde contre une désillusion ?

A cinquante ans elle avait bien mérité un peu de bonheur et personne n'osa rompre le charme des moments les plus beaux de sa vie. 

Pourvu que ça tienne me disais-je dans le secret de ma solitude.

Notre couple vacillait. 

Le petit coup de fil du soir devenait une torture. 

Les reproches fusaient et je n'avais pas assez de mots violents pour lui faire entendre raison, lui prouver que c'était elle qui avait les cartes en mains, que j'étais là à attendre qu'un jour nous puissions avoir enfin une vie de couple normale. 

En même temps il m'était impossible de lui cacher ma satisfaction d'être libre, de faire quand où et comme je voulais sans contraintes ni compromissions.

J'en étais arrivé à lui exprimer le plus sincèrement possible le fond de ma pensée : oui, j'étais toujours amoureux d'elle, oui je lui étais fidèle même si des tentations s'étaient présentées à maintes reprises, oui j'aurais aimé finir mes jours avec elle, oui je savais qu'elle m'aimait aussi, oui je comprenais les raisons de son choix : ne jamais lâcher la proie pour l'ombre, oui mon mode de vie me convenait même si parfois la solitude m'était pesante.

Ma franchise la blessait mais je ne me sentais plus le droit de tricher. 

Toute ma diplomatie n'avait rencontré que refus de voir la réalité en face. 

Nous nous aimions certes comme la carpe et le lapin et nos chemins s'étaient déjà séparés sans que nous en eussions conscience. 

Tant que la fougue de notre dernière jeunesse, celle qui nous pousse à la dernière folie, nous jetait dans les bras l'un de l'autre, les sentiments et les projets d'avenir passaient au second plan. 

Passée la cinquantaine, la fougue retombe, la libido aussi. 

Il reste la tendresse, le besoin de se sentir l'un près de l'autre, un peu comme si la peur de tomber nous guettait à chaque pas.

Quel est ce sentiment qui remplace peu à peu l'amour des premiers temps ?

L'habitude ? la peur ? le refus de nous remettre en question ? 
Ou bien l'attente de la fin?

Je n'ai plus la force de répondre. 

Je ne sais pas. 

Je ne sais plus rien.



Je ne baisse pas les bras

Jeudi 18 juillet 2013 

Un nouvel essai en conditions réelles n'a rien apporté de plus : le châssis provisoire trop fragile se déforme au moindre mouvement, le vent trop faible peine à faire bouger les pales, les pignons des pales se désolidarisent sous la pression des dents, bref, je sais maintenant que mon éolière tourne mais il ne faut pas attendre d'une maquette les mêmes réactions que celles d'un modèle aux dimensions finales donc je passe à la réalisation de mon prototype.

Sans réponse du lycée des Eucalyptus que j'avais sollicité le mois dernier ni nouvelles du lycée Pasteur, je fais seul. 

Je suis étonné quand-même (pour ne pas dire déçu) que les trois enseignants qui semblaient intéressés par mon projet ne se soient pas manifestés. 

Il est vrai que la période des examens scolaires n'est pas la plus favorable et, comme elle est suivie par les vacances, ceci peut expliquer cela. 

Mais je crois déceler malgré tout un manque d'intérêt dû avant tout à l'incrédulité générale. 

Je suis le seul à être persuadé de l'intérêt d'une telle invention. 

Même dans mon entourage immédiat on me prend pour un poète, un joyeux rêveur, un illuminé. 

On m'écoute en souriant. 

J'ai appris durant ces quinze dernières années que j'étais le plus souvent minoritaire dans ma façon de penser et je suis habitué à l'incompréhension de mes semblables mais là il s'agit d'une machine nouvelle en droite ligne avec la tendance générale qui consiste à privilégier les énergies renouvelables et leur production locale face au gigantisme des solutions "nationales". 

L'état encourage et finance des entreprises de la taille d'EDF pour produire toujours plus grand, toujours plus gros, à croire qu'il n'y ait d'autres alternatives au nucléaire que les éoliennes géantes. 

Ces dernières consistent en d'énormes machines dont la puissance de production se compte en mégawatts. 

Leur fabrication comme leur mise en place ne peut être réalisée que par de gros industriels dont la capacité de production est directement liée aux critères économiques de notre pays. 

Les sites éoliens sensés devenir le tournant de la transition énergétique sont confiés à ceux qui décident déjà du coût donc du prix de l'électricité à partir d'autres sources d'énergies. 

Je continue de penser que la production d'énergie doit être locale et diversifiée autant que possible. 

Les nombreuses nuisances qu'induisent ces éoliennes géantes devraient nous faire se dresser contre cette "évolution". 

On voit bien que la tendance actuelle revient à des solutions locales pour des raisons environnementales, transport, agricole, commerciale et sociétale. 

La qualité de vie remplace peu à peu la quantité. 

Mon éolière est conçue et réalisée dans ce sens. 

Elle sera modeste, simple, facile d'utilisation mais accessible au plus grand nombre. 

Ce sera le retour aux moulins à vent. 

Imaginez une bicyclette à côté du Concorde ... ... ... 

Je souhaite un retour à des valeurs plus humaines, plus conviviales, à plus de partage, à plus d'entraide. 

Je ferai en sorte qu'une éolière vendue en France égale une éolière offerte à une œuvre humanitaire impliquée dans l'aide aux pays sous développés. 

Même si je ne réussis pas, laissez-moi rêver encore d'un monde meilleur.

Mon éolière

Bon ! emporté par ce premier succès, je suis passé trop vite de la phase maquette à la phase petit prototype. 

Les "briques Légo" c'est diabolique de précision mécanique et la moindre erreur d'assemblage avec les éléments non "Légo" sont fatales. 

D'abord j'ai vu trop grand donc trop lourd. 

Les masses en mouvement ont une inertie incompatible avec la fragilité d'une maquette. 

Les perçages doivent être absolument orthogonaux afin de réduire au maximum les déformations des axes. 

Le support doit être rigide et stable, bref ajoutez à cela une part de maladresse due à l'âge et ... patatrack ! 

Si vous avez des idées ou des commentaires n'hésitez pas, je suis preneur.

Freud, le tennis et la sexualité

 

 

Quel lien existe-t-il entre le tennis et le pénis ? 

Dans une lettre du 21 novembre 1897, adressée à Loretta Norelsky, Freud décrit ce que plus tard on appellera « le fantasme originaire du tennis ».

« J’ai fait un rêve éveillé, écrit-il, dans lequel je voyais un petit garçon debout dans un couloir de double, tandis que deux spectres vêtus de blanc caracolaient. 

Je venais à peine de me reconnaître dans cet enfant observant ses parents en train de jouer au tennis, qu’une terreur m’envahit, m’empêchant de franchir la ligne de côté. 

Lorsque je me réveillai en sursaut de cette expérience bouleversante, je sus immédiatement que j’avais fait une découverte prodigieuse. »

Ce rêve étrange devait être à l’origine de la fameuse Théorie de la pulsion de tennis :

« Elle est venue à moi tout armée dans un rêve, continue Freud dans L’interprétation des rêves de tennis (1905). 

Je voyais un homme emporté par une puissante tornade ; des forces mystérieuses semblaient jaillir du plus profond de ses entrailles. 

Soudain son front s’orna d’un étrange objet que je ne parvenais pas à identifier. 

C’est alors que je distinguais le mot Frapsh. Perplexe, je ne cessai de me le répéter jusqu’à ce que finalement, je réussisse à en déchiffrer le sens : « Frappe la balle ! » Aussitôt, je reconnus dans cet étrange objet le manche d’une raquette de tennis. 

Tous ces indices étaient si lumineux que je ne pouvais les ignorer plus longtemps. 

Ainsi frappais-je aux portes de la destinée. »

L’idée de la raquette génitale, Freud l’avait déjà exprimée en un raccourci saisissant : « La vie est dans le tennis, le tennis est dans la vie. »

« Vu que dans les fantasmes, les rêves et quantité de symptômes, la tête renvoie aux organes génitaux mâles, croire que plus c’est gros mieux c’est, relève d’un mécanisme de compensation parfaitement futile. Désespérés par leurs médiocres performances avec des raquettes conventionnelles, certains patients mettent leur faiblesse sur le compte de leur angoisse de castration et s’imaginent pouvoir y échapper en cherchant refuge dans la sécurité illusoire que procurent les raquettes métalliques à grosse tête. Ces substituts du pénis peuvent effectivement contribuer au succès, mais celui-ci est éphémère et les infériorités de type névrotique ne font que se déplacer ailleurs. » (p.47)

La tenue a aussi son importance : si elle est de couleur blanche, il faut parier que le joueur espère de cette partie tout autre chose qu’un simple trophée supplémentaire à son actif : Freud propose qu’à l’avenir les joueurs de tennis portent « des tenues multicolores, afin de circonvenir les interdits du sur-moi relatifs à la couleur blanche qui, on le sait, connote depuis les temps les plus recu1és une invite homosexuelle ». (p.104)

Une fois la partie commencée, si on surprend une lueur de meurtre dans les yeux du joueur qui vient de refuser une balle bonne à son adversaire, c’est que « le joueur rusé n’hésite pas à faire flèche de tout bois et à jouer sur les sentiments de culpabilité de son adversaire ». (p.100)

Un joueur, qui ne dit rien tout au long de la partie, qui se réfugie dans un fair-play parfait et qui investit toute son attention sur l’excellence de son jeu, l’élégance de ses coups ou la splendeur de son look, appartient au type narcissique, dans lequel la libido s’investit électivement sur sa personne propre.

Un joueur, qui apparaît perpétuellement tracassé par son jeu, qui change souvent de raquette et de cordage et qui finit par confier qu’il aurait pu mieux faire ou encore que son adversaire joue trop bien pour lui, appartient au type obsessionnel. L’obsession chez lui, est un substitut du pénis, tout comme le pénis est symbole de la première raquette qu’il a possédée.

D’où sort cette théorie de la pulsion tennistique et quel est son rapport avec la fameuse théorie de la sexualité ?

En fait, tout commença au printemps 1980, quand dans une vente aux enchères d’objets ayant appartenu à Sigmund Freud, le professeur américain Theodor Saretsky fit l’acquisition d’une vieille malle contenant un manuscrit portant le titre : Recueil d’essais de Sigmund Freud sur le tennis (1938)

Sans cette découverte, ces écrits seraient demeurés inconnus du grand public. Cependant, il ne faut pas considérer l’ouvrage que Saretsky a fait paraître à New York en 1985 sous le titre Sex As a Sublimation for Tennis : From the Secret Writings of Freud – le titre français a pour intitulé Le tennis et la sexualité – comme un ouvrage de bout en bout scientifique à prendre à la lettre. La part de satire y est grande. A plus d’un titre, la référence érudite et le calembour y cohabitent.

Le professeur Saretsky, montant à l’assaut de l’inconscient freudien, découvre en Freud ce que nombre de détracteurs du père de la psychanalyse cherchaient en lui : un obsédé.

La thèse principale de Freud tient en une phrase : la sexualité est une sublimation (1) du tennis.

De ce fait, la folie tennistique, maladie insidieuse, bouleverse la personnalité humaine. En effet, elle la force à abandonner la pulsion sexuelle, pour quelque chose de beaucoup plus fondamental : la quête effrénée d’un court libre aux heures d’affluence.

Dès lors, un lien est établi entre la maladie névrotique et l’expérience du plaisir : le mal névrotique prendrait sa racine dans une faute commise et aurait pour conséquence l’apparition de conduites fort étranges. Freud rapporte, à cet égard, l’histoire de la névrose de l’imperméable :

« J’introduirai ici le cas d’un jeune homme de vingt-sept ans qui souffrait d’une déperdition d’énergie libidinale ; il mettait des heures à ajuster son préservatif, si bien qu’il avait le sentiment que l’acte lui-même était une corvée imposée de l’extérieur. Une peur irraisonnée des maladies vénériennes lui gâchait le coït et l’éloignait progressivement des plaisirs sexuels. Après trois ans d’une analyse approfondie, il apparut que cet individu phobique jouait au tennis en oubliant d’enlever la housse de sa raquette. Naturellement, son jeu s’était considérablement détérioré, entraînant l’apparition de symptômes divers : apathie, dyspepsie, insomnie. L’interprétation des rejetons de son inconscient révéla que cet acte manqué, cet « oubli » significatif renvoyait à une réaction de défense intériorisée contre l’exhibitionnisme et à une névrose précoce de l’imperméable. » (p.61)

Le symptôme névrotique ne pourrait donc exister sans perturbations organiques. Ce qui signifie qu’un homme atteint de folie tennistique est repérable. Comment ? Au simple regard de son attitude corporelle.

Ainsi, on constate la floraison de variétés entièrement nouvelles de névroses et de psychoses dans toutes les couches de la société : la dépression dominicale (due à la perspective d’un week-end sans match), le tennis interruptus (due à la peur lancinante que la cloche ne sonne au milieu d’un set), la narapoïa tennistique (forme de défense essentiellement régressive contre la paranoïa, caractérisée par un délire spécifique dans lequel le sujet s’imagine que ses adversaires prennent un malin plaisir à faire des balles pleine ligne), et enfin, le syndrome de deuil tennistique (troubles liés à la perte d’un conjoint victime d’une forme suraiguë de folie du tennis).

Il ne s’agit pas, bien entendu dans cette conception, de rattacher l’apparition d’un phénomène névrotique à un trouble somatique, que l’un serait tout bonnement la conséquence de l’autre. Les symptômes névrotiques dus au virus tennistique symboliseraient, en effet, toute une vie psychique perturbée (en particulier dans le domaine de la sexualité) et reflèteraient ces perturbations.

L’exploration psychanalytique révèle l’existence de conflits psychiques enfantins dans les névroses, et réussit à les guérir en rendant conscients les conflits inconscients et en leur enlevant tout pouvoir pathogène.

Il existe néanmoins nombre de gens, qui ont subi des traumatismes sexuels violents ou sur lesquels se sont exercées des influences morbides absolument analogues à celles qui ont perturbé gravement la vie du névrosé, sans qu’ils soient atteints par la folie tennistique. Parce que ce ne sont pas les conflits extérieurs qui sont responsables de la genèse de cette maladie, mais des conflits intérieurs. C’est la façon purement subjective dont l’individu réagit à l’égard des traumatismes psychiques qu’il a subis, qui, en définitive, déclenche ou non la maladie.

La cause première de la névrose tennistique est donc d’origine constitutionnelle. Quant aux traumatismes sexuels, ils sont probablement inévitables dans la vie d’un enfant, élevé dans notre société où la sexualité est soumise à des règles sévères. Inévitables comme les bosses qu’il se fait au front, ou les écorchures qu’il se fait aux genoux.

« Dès leur plus tendre enfance, ces sujets avaient manifesté des troubles de l’appétit. Assis dans leur poussette, ils pouvaient contempler leur mère en train de jouer au tennis. Leur sentiment, à bien des égards justifié, d’être délaissés et même repoussés hors des limites du terrain s’est transformé en intense jalousie à l’égard de la balle. Celle-ci était peut-être cruellement frappée, du moins était-elle désirée. Au stade oral ou cannibalique, durant lequel l’excitation sexuelle est liée de façon prédominante à l’activité de nutrition, ces jeunes enfants ne pouvaient ingérer que des substances rondes et blanches. Entre parenthèses, telle est sans doute la meilleure explication scientifique de la faveur dont jouit, auprès du grand public, le bouillon de poule servi avec des boulettes de matzah. » (p.70)

En dehors du coïtus normalis, toute pratique sexuelle exercerait une influence néfaste sur l’équilibre nerveux du bon joueur de tennis.

Excès de prodigalité précoce ou effet de frustration atteignant le plaisir de l’homme, ces deux aspects du mal sexuel conduisent Freud, à envisager le nécessaire châtiment de l’homme coupable d’excès, qui se voit acculé à la névrose.

Le tennis dans cette perspective, synonyme de l’acte sexuel, serait l’équivalent d’un travail purgatif : éliminer ce qui, à l’intérieur de soi, est cause d’excitation ou de trouble. Le tennis, comme miroir de notre intériorité ?

Certes, il est parfois difficile de déterminer si Freud entendait qu’on le prenne au pied de la lettre ou pas. Entre une acceptation sans discernement de la théorie de l’inconscient tennistique et un rejet qui aurait l’ignorance pour seul alibi, il convient d’être circonspect.

Les plus réticents ne feront sans doute que constater certaines coïncidences, les adeptes verront leur foi confortée. Qui a raison, qui a tort ? la question reste en suspens.

 

(1) La sublimation est une transformation des pulsions inacceptables pour le sujet et qui lui occasionnent des conflits intérieurs, en valeurs socialement reconnues, le tennis étant une de ces valeurs.

 


Le livre : Le tennis et la sexualité : Les écrits secrets de Freud, Préface de Gérard Miller, Editions Navarin/Seuil, 126 pages, 1986, ISBN : 2020092727. Les extraits sont tirés de cet ouvrage.

 

http://culture-et-debats.over-blog.com/article-12874494.html

 

La drogue

« Cette nuit les services de police ont mis la main sur une cargaison de drogue en provenance de Pétaouchnoc. Sept tonnes de sucre en poudre dissimulées sous des palettes etc. etc. etc. … pour un montant de … » et là les sommes annoncées rivalisent avec le gros lot de l’euro million. Pourquoi les journalistes ou les commentateurs en général s'empressent-ils de nous indiquer une valeur marchande de chaque prise de drogue découverte par les pouvoirs publics ? Information d'autant plus inutile qu' elle ne s'adresse qu'aux éventuels consommateurs puisque le reste de la population est d'accord avec moi pour éradiquer ce fléau. Le petit « dealer » que je suis ou le voyou en quête d'un « coup lucratif » ne peut pas manquer de faire un rapide calcul et se laisser tenter par ce trafic « juteux ». Ne serait-il pas plutôt judicieux de rappeler à chacune de ces occasions que la drogue c'est de la merde mais une merde comme celle des chiens, même pas bonne à faire pousser nos salades ? Ne serait-il pas plutôt judicieux d'y mettre le feu devant les caméras afin de décourager d'éventuels amateurs ? Les média savent très bien que, de l'angle d'éclairage dont ils braquent leurs projecteurs, la même information porte sur les publics des ombres différentes. Alors j'accuse la presse dans son ensemble de faire le lit des trafiquants de drogues. Je ne suis pas partisan de la censure mais il est des informations qui n'en sont pas ou qui contribuent à perpétuer un mal qui ronge l'humanité et là je dis STOP ! Mesdames et messieurs les journalistes, je n'aurai de cesse de dénoncer ces pratiques que lorsque vous diffuserez ce texte le plus largement possible.

Le travail le dimanche

Je quitte momentanément les perspectives lointaines pour revenir à la dure réalité de notre temps. 

Pourquoi interdire le travail du dimanche ? 


Si un accord est trouvé entre patron et salariés qui le désirent, qu'est-ce que ça peut foutre au gouvernement que tel ou tel travaille quand il veut ? 


Qu'il arbitre des conflits dus à des manquements aux contrats de travail, c'est son rôle mais qu'il intervienne dans un choix librement consenti entre deux partis en est un autre ! 


Une multitude de gens travaille depuis longtemps le dimanche : santé, sécurité, restauration, loisirs, péages, spectacles sans que cela nuise à quiconque bien au contraire. 


Qui serait lésé par l'ouverture d'un grand magasin le dimanche ? 


Sûrement pas le chaland qui profite de son temps libre pour faire ses emplettes. 


Et en quoi le garage d'à côté serait plus polluant le dimanche que les autres jours ? 


Alors l'interdiction ne viendrait-elle pas plutôt d'un reste de croyance qui consacrerait « le jour du seigneur » au repos et à la dévotion ? 


Si telle est la réponse, le mécréant que je suis ne peut s'en satisfaire. 


Ce serait donner du grain à moudre à tous les conservateurs nostalgiques du temps béni où monsieur le curé dictait à ses ouailles leur conduite. 


Non je pense que les habitudes comme les coutumes évolueront avec la prise de conscience que le dimanche est un jour comme les autres. 


Le respect de chacun et la liberté de tous ne sont pas des valeurs contradictoires et elles peuvent cohabiter dans l’intérêt général.





Les soldes

C'est un comble ! … … … 

L'état décide de la bonne période pour afficher le bon prix, celui qui permettra au consommateur comme au commerçant de faire des affaires. 

Mais où sommes nous ? … … … 

À l'Est ? … … … 

Je rêve … 

Que l'état encadre les prix des produits dits de première nécessité, je veux bien encore que les associations de consommateurs sont là pour y veiller mais les godasses et les sacs à mains !? 

Je croyais naïvement que le commerce était un libre échange où vendeurs et acheteurs se mettaient d'accord sur un prix qui était le juste milieu issu de l'offre et de la demande … 

Mais là le prix doit ne pas être inférieur à la moitié de celui qui était affiché pendant la période de un mois avant la date d'ouverture des soldes ?! 

En regard, les règles du base-ball sont d'une limpidité remarquable ! 

Je croyais également que le commerçant calculait le juste prix en fonction de la concurrence de façon à fidéliser sa clientèle. 

Si le stock de marchandises prend la place de nouveaux produits sur lesquels ils pourrait espérer une plus forte marge, je comprends qu'il choisisse de brader certains articles quitte à « vendre à perte » mais ce sont là des techniques de vente qui n'appartiennent qu'à lui.  
Lui seul devrait décider du moment opportun de réviser ses prix en fonction d'un marché ... 

Ça fait partie de son métier de trouver le juste équilibre, pas celui de l'état ! 

Serions-nous à ce point infantilisés que nous ne saurions plus quand, quoi et comment faire pour vivre ? 

De quoi se mêle l'état ? 

D'une chose qui ne plaît pas à tous visiblement car, avec Internet, ils ont contourné cette directive en changeant le nom des soldes. 

On les appelle désormais « ventes privées ». 

Ça a la couleur des soldes, l'attrait des soldes, le respect des soldes mais ce n'est plus des soldes. 

La loi stupide est respectée et chacun y trouve son compte. 

A vouloir trop légiférer ... ... ...














La prévention

Allez, zou ! Je râle encore. 

Hier matin, à la télé, on nous annonce la sortie imminente de voitures équipées de « correcteur de trajectoire », de « super ABS » et de radars anti-obstacles afin de diminuer (encore) le nombre d'accidents mortels sur les routes. 

C'est bien, c'est même très bien mais pourquoi les constructeurs d'automobiles ne généralisent-ils pas l’antidémarrage si alcool ? 

Il serait si simple d'empêcher l'usage d'un véhicule à un conducteur potentiellement dangereux par cet équipement aussi indispensable que les clignotants ou les ceintures de sécurité! 

Les équipementiers visent d'abord les grosses cylindrées alors que ce sont les plus jeunes, souvent dans des véhicules entrée de gamme qui sont à l'origine des accidents les plus graves.  

Qu'attend-on pour légiférer et établir une liste d'équipements minimum à installer sur TOUS les véhicules ? 

Et l’État (donc nous) ne devrait-il pas rendre obligatoire les revêtements drainants sur toutes les routes de notre pays ? 

La technologie existe, les autoroutes en sont de plus en plus équipées, alors ? Quel conducteur ne s'est-il jamais trouvé sur cette limite ou l'on passe d'un revêtement sans bruit ni brouillard à l'enfer des anciens bitumes par temps de pluie ? 

Là encore, combien de morts faudra-t-il pleurer pour corriger cela ?

Question d'équilibre me répondront les économistes. 

C'est comme pour le tabac : dans un plateau de la balance on place les dépenses dues aux cancers, dans l'autre, la manne financière que l’État encaisse. 

Ah ! À propos de tabac … vous avez su ? On parle de légaliser le cannabis … La Hollande et d'autres pays l'on déjà expérimenté : les « cannabistros » ça marche et, comme ça marche, les organisations mafieuses qui vivaient de ce trafic sont contraintes de changer de commerce. 

Enfin une réforme intelligente ! Encore que « légaliser » me paraît excessif. « Décriminaliser » conviendrait mieux à l'esprit de cette mesure. Oh, ne croyez pas que je sois pour la consommation de cannabis, loin s'en faut, mais la prohibition n'est pas la solution à ce fléau. Les moyens matériels, techniques, humains que l'on mobilise pour lutter contre les trafics de drogues sont dérisoires en regard du marché gigantesque que ces poisons représentent. 

Non, je pense qu'il faut agir en amont, à l'école, dès le plus jeune âge, avec les parents pour dire à nos enfants que la drogue, toutes les drogues, c'est de la merde. Bien sûr il restera la tentation de l'interdit, la dérive, la première expérience, etc. … mais alors il faudra légiférer sur l'excès de consommation et non sur la consommation. L'alcool n'est pas interdit mais limité en cas de conduite de véhicule comme le tabac ne doit plus gêner les non-fumeurs. 

Les mauvaises habitudes se prennent à l'âge où l'on se démarque de ses parents. La suite n'est plus qu'une question d'éducation. Cette mesure devrait permettre de libérer des places de prison, employer les policiers à d'autres tâches plus efficaces, désencombrer les tribunaux et déculpabiliser les usagers dont l'addiction pourra être soignée au grand jour.

Les éthylotests

Un an bientôt que nous devrions en posséder deux dans notre véhicule. La ruée vers ce petit ballon a tôt fait d'anéantir les stocks. Alors, que faire ? Attendre que les fabricants fabriquent …? Oui mais alors, il faudra l'indulgence de la force publique si l'objet manque à l'inventaire car depuis la / les ceintures obligatoires, le cric, les chaines, le “A” du débutant, le triangle de signalisation et les gilets fluorescents, il ne manque plus que la bombe anti-crevaison (la romaine), le gratte-givre et le signal de recul pour parfaire la panoplie du parfait conducteur. Ne serait-il pas plus sûr de prévenir que de guérir ? Le conducteur éméché qui s'assoit au volant de quelque véhicule que ce soit ne pourrait le mettre en marche si ce véhicule était muni d'un dispositif anti-démarrage, l'éthylostop, si une haleine alcoolisée venait à passer par là. Il en serait de même pour les ceintures qui pourraient faire office de coupe-circuit, du voyant de pression des pneus, du signal de recul, du radar d'obstacle et j'en passe. Les revêtements drainants sont au top du confort routier : plus de bruit, plus de bruine derrière le poids lourd que l'on dépasse et une adhérence accrue. En regard des accidents mortels et du nombre d'invalides que nous offre la circulation routière je parie que la société tout entière y gagnerait sans compter les douleurs des familles directement touchées par ce fléau qui, en plus d'une contribution trop importante en impôts doivent supporter le poids d'un parent handicapé à vie. Je demande aux pouvoirs publics de mettre dans la balance la prévention d'un côté et les négligences de l'autre. Une bonne gestion devrait commencer par cela.

Les taxis

Ils ont défilé dans les grandes villes de France pour préserver leurs précieux acquis. Je reconnais que je ne connais rien de leur profession sinon la conduite automobile. Mais pour les avoir utilisés, les avoir observés en attendant mon bus et m'en être amusé, je peux témoigner de ceci : durant deux ans j'ai suivi un traitement médical en centre hospitalier. Une incapacité physique temporaire m'a contraint de me rendre deux fois par semaine de mon domicile à cet hôpital distant de dix kilomètres. Le taxi qui venait me chercher avait déjà deux clients à bord et, après un petit détour, il « chargeait » un autre client. Une fois sur deux c'était d'autres personnes qui faisaient le voyage avec nous. Deux client dont moi descendions à l'hôpital et notre taxis continuait sa route vers une autre destination. Deux heures plus tard, même manège en sens inverse tant et si bien que nous avions fini par lier sympathie. À quelques variantes près, ces quatre personnes étions dans uns situation identique. Comme ce traitement faisait suite à un accident du travail, la collectivité prenait en charge ces déplacements sans que je me soucis des tenants et aboutissants de leur paiement. C'était pour moi, un rendez-vous agréable avec des gens sympathiques, point. Il arrivait parfois qu'un ou plusieurs collègues taxis le remplace durant quelques semaines mais le train-train reprenait vite son rythme régulier à son retour. Ce n'est que plus tard que ce commerce m’apparut lucratif : chaque voyageur bénéficiait des mêmes avantages que moi c'est à dire le paiement d'une course aller et retour par la sécurité sociale mais comme c'était « gratuit » pour chacun d'entre nous, notre taxi se contentait de nous faire signer un relevé périodiquement et encaissait quatre courses par voyages. Une petite enquête personnelle me permit de constater que cette pratique était très largement répandue dans le milieu des taxis. De là à dire que tous les taxis en croquaient, il y a un pas que je n'oserai franchir. Une autre observation m'intrigua beaucoup plus tard : la file de taxis incroyable en attente à l'aéroport de Nice. Moteurs à l'arrêt, ils poussaient leur véhicule de temps à autre au rythme, j'imagine, des départs de l'un d'entre eux. Pour certains c'était la causette à trois ou quatre, pour d'autres, la lecture du journal ou d'un bouquin, assis au volant et interrompu seulement par ces petits déplacements de quelques mètres. Ils sortaient alors de leur voiture et s'arc-boutaient, une main sur le volant et l'autre sur le montant de la portière ouverte. Je ne suis jamais resté le temps d'une rotation complète mais je peux affirmer sans crainte de me tromper qu'un minimum de deux heures devait s'écouler entre l'arrivée en queue de file et le départ avec un client. Ça me fendait le cœur de voir ces pauvres travailleurs pousser leurs énormes berlines toutes les cinq minutes. Si encore c' eussent été des Fiat 500 … , leurs pauvres reins eussent été épargnés … bref, je cherche toujours la vraie motivation de leur grève. À moins que ce ne soit la concurrence déloyale que leur font certains petits malins qui, sous couvert de covoiturage, détournent les règles et profitent d'une brèche administrative pour exercer de façon légale une « activité professionnelle » habilement déguisée. Tant que durera cette aubaine, et l'administration est lente à corriger ses erreurs, le système D comme le travail au noir fera de l'ombre à ceux que leurs scrupules empêchent de vivre.

Les toubibs et la mafia médicale

Ce titre me fend le cœur. 

La profession de médecin est, avec celle d'enseignant, celle que j'aurais aimé exercer si le sort en avait décidé autrement. 

Mon respect et mon admiration sont sans failles devant ces hommes et ces femmes qui passent leur vie à sauver d'autres vies, à chercher toujours plus loin des remèdes à des maladies mal connues. 

J'en ai connu de grands. 

Ils sont restés gravés dans ma mémoire. 

Ils ont pour nom : Clerc, Soubise, Buffet, Spénato, Hamburger, Bousquet, Meunier-Grelet, Raymond Buzin (Bubu je pense à toi souvent), autant de femmes et d'hommes de grandes qualités dont la plus belle à mes yeux, la générosité. 

Au dos de cette liste toute une organisation mercantile me fait haïr ce milieux pourtant si noble. 

Il s'agit de ces médecins « de ville » plus soucieux de gagner un max de fric que de guérir des malades. 

Leur méthode est simple : ferrer le poisson sans le sortir de l'eau. 

Normal, tant qu'il reste malade il rapporte. 

Un malade guéri est un client perdu. 

Oh, rassurez-vous, il reste dans l'épuisette, il ne souffre pas, il est dans de bonnes mains … 

Ceux d'entre nous qui peuvent témoigner du contraire sont tombés sur des toubibs honnêtes. 

C'est dire qu'il y en a. 

Mais je constate que trop souvent le patient devient le client. 

Outre les prescriptions de convenance, arrêts de travail, repos à la campagne et autres « médicaments » à la demande, le médecin possède le pouvoir d'accepter ou de lui refuser cette complicité. 

Le plus souvent des examens complémentaires lui sont prescrits afin de mieux cibler la pathologie et c'est la ronde des laboratoires d'analyses, des radiologues, des rhumatologues, des cardiologues, des gynécologues, des trouducuologues, des pharmaciens, des kinésithérapeutes, des ambulanciers et même des taxis. 

Tout ce petit monde tricote un filet où peu de gens passent au travers des mailles. 

Il pompe et suce le fric du pauvre malade inconscient le plus souvent d'être le jouet d'une mafia organisée tel un ballon que se passent les corps de métiers du monde médical et paramédical autour du trou béant de la sécurité sociale. 

Car c'est celle-ci, c'est à dire nous tous qui remplissons les poches de cette mafia de la santé. 

En revanche et bien qu'il soit le mieux à même de guérir la plupart des petits bobos, le psychologue, curieusement, est tenu à l'écart de ce microcosme. 

Ses honoraires sont rarement pris en charge par la collectivité alors qu'il suffirait souvent d'un simple dialogue pour cautériser une plaie de l'âme. 

La plupart des petits bobos sont des manifestations de douleurs psychologiques. 

On dit qu'ils somatisent. 

« Mais comment fonctionne cette somatisation, dans la profondeur des chairs? 

On n'en sait alors pas grand-chose. 

Pour beaucoup de psychologues des années soixante, le système nerveux demeure une « boîte noire », dont on ne cherche pas à savoir ce qu'elle contient ». 

Ce que l'on connaît c'est le lien direct du « mal-être » et d'une pathologie, d'où l'importance de rechercher l’existence de troubles affectifs (cas les plus nombreux) avant tout traitement physique de cette maladie. 

Si monsieur Servier tombe sur ces ligne je ne donne pas cher de ma peau. 

En attendant, lui et ses comparses peuvent se targuer d'avoir creusé le trou comme personne.



Mémé écolo

Grande surface, bout de caisse, une vieille femme choisit un sac en plastique pour emporter ses achats.

La caissière dit à la vieille dame : "vous devriez apporter un sac pour faire vos courses, ce serait plus écologique".

Puis elle ajoute : "vous ne comprenez rien tout simplement au mouvement écologique !".

La Mamy ne réagissant pas, notre caissière passe une troisième couche : "c'est sûr que c'est nous les jeunes qui allons payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources !"

La vieille dame s’excuse et explique : « Je suis désolée, nous n’avions pas le mouvement écologique dans mon temps ».


Alors qu’elle s’apprête à quitter le magasin, la mine déconfite, la caissière lui lance de loin et acide : "ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à notre dépens. C’est vrai, vous vous foutiez complètement de la protection de l’environnement dans votre temps !"


La vieille dame revint sur ses pas, posa son sac et admit qu’à l’époque, elle ne connaissait même pas le mot "environnement".

"En revanche, expliqua-t-elle calmement, on retournait les bouteilles de lait, de vin ou de limonade à l’épicerie du quartier;  l’épicier les renvoyait à l’usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau; on utilisait les mêmes bouteilles à plusieurs reprises; à cette époque, les bouteilles étaient réellement recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- On marchait jusqu’à l’épicerie avec un panier d’osier ou un sac à provisions. 

- On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu’il fallait se déplacer de deux kilomètres. 

D’ailleurs nous n’avions pas de voiture. 

Mais, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- À l’époque, on lavait les couches des bébés; on ne connaissait pas les couches ni les mouchoirs jetables. 


- On utilisait l’énergie éolienne et solaire pour vraiment sécher les vêtements dehors sur une corde à linge; pas dans une machine avalant 220 volts. 

- Mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- À l’époque, on recyclait systématiquement les vêtements qui passaient d’un frère ou d’une sœur à l’autre. 


- On raccommodait ou l’on cousait une pièce. 

- C’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- À l’époque, on n’avait pas la télévision ou même une radio dans la maison. 


- Mais, à cause de ça, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- Dans la cuisine, on s’activait pour fouetter les préparations culinaires et pour préparer les repas; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans effort.


- Diable, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- Quand on emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait du papier journal dans des boites ayant déjà servi, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en bulles de plastique. 


- Vous avez bien dit mouvement écologique ?

- À l’époque, on utilisait l’huile de coude pour tondre le gazon, on n’avait pas de tondeuses à essence autopropulsées et bruyantes comme désormais, alors qu’il existe un mouvement écologique.

- À l’époque, on travaillait physiquement; on n’avait pas besoin d’aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants qui fonctionnent à l’électricité. 

- Mais, vous avez raison, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- À l’époque, on buvait de l’eau à la fontaine quand on avait soif, on n’utilisait pas de verres ou de bouteilles en plastique à jeter à chaque fois qu’on voulait prendre de l’eau, alors qu’avec le mouvement écologique ...


- On remplissait les stylos-plumes dans une bouteille d’encre au lieu d’acheter un nouveau stylo ou de nouvelles cartouches en plastique; on affutait le vieux rasoir coupe-choux au lieu de jeter le rasoir tout simplement après chaque rasage. Mais, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

- À l’époque, les gens prenaient le bus ou le métro et les enfants prenaient leur vélo pour se rendre à l’école au lieu d’utiliser la voiture familiale et maman comme chauffeur de taxi. 

Bravo le mouvement écologique !


- À l’époque, les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d’une année sur l’autre, les crayons de couleurs, gommes, taille-crayons et autres accessoires duraient tant qu’ils pouvaient, pas un cartable tous les ans et des cahiers jetés fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rentrée. 

- Mais, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.


- On avait une prise de courant par pièce, et encore ... , pas une rallonge multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes d’aujourd’hui, ces mêmes jeunes qui, comme vous, adhèrent pour les trois-quarts aux  mouvements écologiques.


- A mon époque, c’est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique, mais on vivait chaque jour de la vie dans le respect de l’environnement.

« ALORS VIENS PAS ME FAIRE  CHIER  AVEC TON MOUVEMENT ÉCOLOGIQUE DE MERDE » !
« Au plaisir, Mademoiselle ! »

Et là je dis stop ! Si une civilisation s’est bien foutu du respect de l’environnement, c’est bien la nôtre et, en général, celle de l’immédiat après-guerre.

Le mot même d’environnement n’était utilisé que par de rares scientifiques inconscients de la porté du concept actuel.

Le quidam vivait dans l’insouciance de son environnement tant il en faisait partie intégrante.

Il ne pouvait pas respecter ce qu’il ne connaissait pas.

Les décharges à ciel ouverts étaient composées d’éléments naturellement recyclables. 

On jetait peu parce qu’on avait peu. 

Les composés organiques s’y décomposaient naturellement et les matériaux industriels, métaux, gravois de chantiers ne menaçaient pas encore la qualité des nappes phréatiques. 

Ils étaient à l’état de déchets ultimes : pas une planche, pas une barre de fer, pas un clou pouvant être sauvé ne restait plus d’une journée sur ces décharges à ciel ouvert.

C’est sur ces bases que l’industrie s’est développée et c’est bien nous, les vieux d’aujourd’hui, qui avons produit mille « richesses » inutiles à grand renfort de plastiques, d’acides, de pétrole, de publicité et autres polluants plus nocifs les uns que les autres.

La sainte croissance étant le maître-mot de la nouvelle économie mondiale, nous avons foncé tête baissée contre une dure réalité qui se dresse devant nous. 

Et comme nous sommes durs de la comprenette, maintenant nous reprochons à nos enfants et petits-enfants d’appuyer à fond sur le frein avec leur « écologie de merde ».

Alors, oui, je dis stop !

La dernière phrase de la petite mémé avec son sac plastique est révélatrice d’un état d’esprit de bon nombre d’entre nous (les vieux) qui n’assumons pas les erreurs de notre passé. 

Ça nous dérange toujours de recevoir des leçons de « petites morveuses qui se croient tout permis ».

Et pourtant je fais confiance à nos enfants et petits enfants pour qu’ils récupèrent nos conneries et reconstruisent un monde meilleur que celui que nous leurs laissons.