Les taxis

Ils ont défilé dans les grandes villes de France pour préserver leurs précieux acquis. Je reconnais que je ne connais rien de leur profession sinon la conduite automobile. Mais pour les avoir utilisés, les avoir observés en attendant mon bus et m'en être amusé, je peux témoigner de ceci : durant deux ans j'ai suivi un traitement médical en centre hospitalier. Une incapacité physique temporaire m'a contraint de me rendre deux fois par semaine de mon domicile à cet hôpital distant de dix kilomètres. Le taxi qui venait me chercher avait déjà deux clients à bord et, après un petit détour, il « chargeait » un autre client. Une fois sur deux c'était d'autres personnes qui faisaient le voyage avec nous. Deux client dont moi descendions à l'hôpital et notre taxis continuait sa route vers une autre destination. Deux heures plus tard, même manège en sens inverse tant et si bien que nous avions fini par lier sympathie. À quelques variantes près, ces quatre personnes étions dans uns situation identique. Comme ce traitement faisait suite à un accident du travail, la collectivité prenait en charge ces déplacements sans que je me soucis des tenants et aboutissants de leur paiement. C'était pour moi, un rendez-vous agréable avec des gens sympathiques, point. Il arrivait parfois qu'un ou plusieurs collègues taxis le remplace durant quelques semaines mais le train-train reprenait vite son rythme régulier à son retour. Ce n'est que plus tard que ce commerce m’apparut lucratif : chaque voyageur bénéficiait des mêmes avantages que moi c'est à dire le paiement d'une course aller et retour par la sécurité sociale mais comme c'était « gratuit » pour chacun d'entre nous, notre taxi se contentait de nous faire signer un relevé périodiquement et encaissait quatre courses par voyages. Une petite enquête personnelle me permit de constater que cette pratique était très largement répandue dans le milieu des taxis. De là à dire que tous les taxis en croquaient, il y a un pas que je n'oserai franchir. Une autre observation m'intrigua beaucoup plus tard : la file de taxis incroyable en attente à l'aéroport de Nice. Moteurs à l'arrêt, ils poussaient leur véhicule de temps à autre au rythme, j'imagine, des départs de l'un d'entre eux. Pour certains c'était la causette à trois ou quatre, pour d'autres, la lecture du journal ou d'un bouquin, assis au volant et interrompu seulement par ces petits déplacements de quelques mètres. Ils sortaient alors de leur voiture et s'arc-boutaient, une main sur le volant et l'autre sur le montant de la portière ouverte. Je ne suis jamais resté le temps d'une rotation complète mais je peux affirmer sans crainte de me tromper qu'un minimum de deux heures devait s'écouler entre l'arrivée en queue de file et le départ avec un client. Ça me fendait le cœur de voir ces pauvres travailleurs pousser leurs énormes berlines toutes les cinq minutes. Si encore c' eussent été des Fiat 500 … , leurs pauvres reins eussent été épargnés … bref, je cherche toujours la vraie motivation de leur grève. À moins que ce ne soit la concurrence déloyale que leur font certains petits malins qui, sous couvert de covoiturage, détournent les règles et profitent d'une brèche administrative pour exercer de façon légale une « activité professionnelle » habilement déguisée. Tant que durera cette aubaine, et l'administration est lente à corriger ses erreurs, le système D comme le travail au noir fera de l'ombre à ceux que leurs scrupules empêchent de vivre.

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