Mon école

« Debout sur son bureau, le professeur s'égosille à faire taire ses élèves. 

Ceux-ci, pris d'un accès de folie collective, empoignent le prof par la jambe, le jettent au sol et le traînent par la cheville hors de la classe pour finir leur glissade dans le couloir ». 

L'information vient de tomber comme ça, sans commentaire, entre la croissance « désespérément » à zéro et une pub pour un tout nouveau téléphone encore plus performant. 

Bien sûr il ne s'agit que d'une situation extrême, un épiphénomène mais les médias nous relatent de plus en plus fréquemment ce genre d'informations. 

A soixante-huit ans je ne comprends pas cette actualité. 

Je crains de me retrouver dans un monde qui marche sur la tête. 

Comment sommes-nous passés de mon école (publique) à ce foutoir où les élèves rejettent l'autorité, toutes les autorités quelles qu'elles soient ? 

À qui la faute si faute il y a ? 

Les bouleversements profonds de 68 ne seraient-ils pas à la base de cette pétaudière ? 

Là où la rigueur de l'enseignant permettait à la plupart des élèves d'atteindre un niveau d'instruction propre à mener une existence honorable se trouve une fonction, un « agent », un simple citoyen recruté par concours basé sur ses connaissances et non sur ses compétences donc rétribué pauvrement alors que le métier d'enseignant devrait être au niveau de celui de médecin. 

À mon avis la santé et l'enseignement sont les deux priorités de tout pays qui se veut progressiste. 

C'est un choix politique de la nation. 

Nous avons les enseignants que nous choisissons. 

Si nous préférons former des ingénieurs, des commerciaux, des banquiers qui touchent des salaires de ministres dix fois supérieurs à celui des « profs » c'est NOTRE responsabilité. 

Ils continueront de fabriquer des objets inutiles que les grandes surfaces vendront à grand renfort de publicité aux chalands fascinés par la nouveauté et qui finiront par grossir encore plus les montagnes de déchets dont on ne sait que faire. 

Mais alors il ne faut pas s'étonner de l'écart qui se creuse entre les couches de la société. 

Les pauvres se révolteront et iront voler les biens des riches qui ne savent plus quoi faire de leurs grosses bagnoles, smartphones et autres gadgets polluants. 

Le « toujours plus », cette sacro-sainte croissance qui nous dirige droit vers le mur, est à la base de ce marasme de l'éducation nationale. 

L'éducation de l'élite est confiée au privé qui sélectionne les siens, les meilleurs, lisez « les plus riches » et la nation, la masse des oubliés, les loqueteux se contentent des restes et se disputent les miettes. 

Les valeurs encore en vigueurs depuis la fin de la dernière guerre (pour combien de temps?) avaient pour nom respect, entraide, travail, honneur, honnêteté, loyauté, dignité ... 

Qu'avons-nous fait de ces richesses, les seules à mon sens qui vaillent la peine d'être préservées ? 

Au nom de la liberté nous les avons piétinées. 

Au nom de l'égalité nous nous sommes assis dessus. 

Mais sans ces valeurs nous avons détruit la fraternité, ce lien qui avait repris tant de sens lors des jours sombres de la guerre. 

Il a fallu reconstruire sur les ruines une économie d'urgence et les jeunes représentaient l'espoir en l'avenir du pays. 

Ce que les maîtres nous apprenaient avait une utilité immédiate et concrète. 

Les parents comprenaient cet enseignement qu'ils avaient eux-même reçu à cet âge. 

La confiance envers le maître était totale et les jeunes savaient pourquoi ils allaient à l'école. 

Alors oui les profs ne sont plus les maîtres, les élèves ne sont plus des enfants et leurs parents font de l'argent. 

La culture vient d'Internet, le savoir vient des médias et la rue fait le reste pour les plus démunis. 

Pour ces derniers l'avenir est bouché. 

Les métiers de demain ne sont pas connus. 

Ceux d'aujourd'hui sont éphémères et leur évolution si rapide que seuls les meilleurs y ont accès. 

Avec la mondialisation c'est l'économie tout entière qu'il faut repenser. 

Cela suppose la refonte du système éducatif, le partage du travail, les mêmes règles pour tous, un retour à des valeurs plus humaines et un mode de vie plus simple. 

Cela suppose aussi une fraternité entre les peuples et une solidarité entre les nations. 

Enfin cela suppose le partage des valeurs autant que des richesses naturelles et le respect de notre planète. 

Vivement la décroissance !


La fourmilière

 

 

Lundi 2 juin 2014 

 

Ce ne sont pas des murs qu’il faut construire mais des ponts.

Ni dévorer, ni se laisser dévorer mais construire ensemble un monde équilibré, solidaire, juste, démocratique où chaque humain aura sa place et où les différences seront respectées.

«Le métissage est l’avenir du monde, il porte en lui l’humanisme planétaire. L’homme mêlé est l’avenir de l’homme. » Edgar Morin

 

Je recopie ces pensées que je glane ci et là.

Elles sont essentielles pour moi.

Ce sont mes valeurs, mon ressenti profond, mon credo.

Toutes les autres préoccupations humaines me semblent pâles, presque insignifiantes en regard de la construction du monde.

Je ne me sens concerné que rarement par des  informations en prise directe avec l'actualité du moment comme si le tumulte des hommes était une vaste fourmilière captive d'un aquarium géant muni d'un couvercle de verre où chaque acteur allait vers un destin commun sans but annoncé ni chemin tracé.

Il s’ensuit une vaste bousculade où les heurts sont inévitables, les conflits quotidiens, les dangers permanents.

Je me sens parfois comme arraché à l'attraction de la terre et spectateur impuissant de cette boule bleue qui tourne et tourne depuis la nuit des temps sans se préoccuper de ce qui se passe à sa surface.

Le 11 septembre 2001, Tchernobyl ou le tsunami du 11 mars 2011 ne sont que de petites démangeaisons passagères sans importance.

Plus loin dans le temps je pourrais évoquer 39/45, 14/18 pour ne parler que du siècle récent et des conflits tous plus confus les uns que les autres.

Qui saurait me dire avec certitude quelles furent les origines des guerres les plus meurtrières des siècles précédents et quels en ont été les belligérants et comment furent signés les traités de paix ?

Autant de questions qui restent et resteront sans réponse jusqu'à la fin de l'humanité car il est dans la nature de l'homme d'avoir peur.

Cette peur qui agite les esprits, éveillent des fantasmes, confond le rêve et la réalité, fait naître des légendes et asservit les plus faibles pour protéger les plus forts.


Président de la république mondiale

Si j'étais candidat à la présidence de la république mondiale (utopie ?), je proposerais un programme qui serait une synthèse de mes idées philosophiques, de mes compétences techniques et des moyens de les mettre en œuvre dans l'intérêt général non pas de mon pays mais de toute la planète. 

Le choc des cultures, les différences ethniques, l'immense diversité de croyances et surtout le fossé béant qui se creuse de plus en plus entre les pays riches et les peuples les plus démunis devraient suffire à propulser le plus petit être humain épris d'humanisme à la tête d'un mouvement citoyen planétaire et universel. 

Mes convictions étant ainsi respectées, les électeurs auraient le choix entre les autres et moi. 

Ce serait « à prendre ou à laisser ». 

Bien sûr cela suppose que seul la volonté de se mettre au service de ses congénères motive ma candidature. 

Pour moi, sortir du rang et proposer de conduire mes semblables doit être un geste altruiste et dépourvu de tout intérêt matériel ni récompense en retour. 

La fonction serait fondée uniquement sur la base du bénévolat et du volontariat. 

Une compensation de moyens me serait attribuée, une sorte de décharge pour fonction exeptionnelle. 

Un chef d'état est le produit d'une détermination sans faille et de la conscience de ses capacités à apporter le mieux-être au plus grand nombre. 

Tant que cette fonction sera assortie des avantages issues des anciens régimes féodaux elle sera convoitées par des marchands de promesses, des tribuns, des petits malins, des monarques, des ambitieux, des orgueilleux et j'en passe. 

Comment un candidat peut-il proposer une idée ou la promesse d'une réforme dans le but de séduire une partie de l'électorat sans trahir sa conscience ? 

Son but est d'abord d'être en tête du peloton et de dépasser tous les autres concurrents ; car si la politique est un choix de société pour l'électeur, l'élection est bel et bien un concours pour ce candidat.

L'intérêt général ne peut être que la moyenne des intérêts de tous les humains de la planète. 

Vu l'immense déséquilibre de niveau d’existence entre les plus riches et les plus pauvres, la moindre décision aura pour effet de corriger cette injustice. 

Cela suppose que tous les pays se parlent enfin et laissent au vestiaire rancœur, religions, esprit de vengeance et racismes. 

Cela suppose que tous les chefs d'état soient portés par la même ambition : atteindre un degré de civilisation tel que chaque terrien puisse accéder à sa parcelle de bonheur. 

Cela suppose que l'on mette au centre des premières urgences la santé et le savoir. 

Si, au lieu de fermer nos frontières aux gens qui crèvent de faim dans leur pays (quelle qu'en soit la raison), les mieux lotis offraient leur aide aux plus démunis, le rééquilibrage des conditions de vie serait tel que cette transhumance s'arrêterait peu à peu. 

Cela suppose que les chefs d'états deviennent intelligents et s'aperçoivent que nous sommes tous sur le même vaisseau spatial, tout petit vaisseau spatial appelé TERRE et que la seule issue possible pour nous sauver du naufrage est de donner à tous un gilet de sauvetage et de nous apprendre à nager. 

Certes le gilet de sauvetage n'empêchera pas le naufrage mais ..........plus tard. 

Pour cela il faut mettre dans les esprits la notion de partage

Il faut revenir à se satisfaire de l'essentiel. 

Il faut arrêter d'arracher à notre planète les ressources naturelles avant leur maturité. 

Il faut stopper les exploitations outrancières d'énergies fossiles. 

Il faut stopper le sois disant progrès économique, cette croissance ne fait qu'accroître les inégalités entre les riches et les pauvres. 

Le seul progrès sera celui qui rapprochera les hommes vers un destin plus heureux, plus juste mais aussi plus modestes pour les nantis.


Le travail et l'emploi

Vingt ans plus tard, en 1954, Ellul estime que si la technique a changé de statut : si elle a cessé d'être ce qu'elle était depuis toujours, "un vaste ensemble de moyens assignés chacun à une fin", si elle s'est muée en "milieu environnant à part entière", si elle est désormais un phénomène autonome échappant ainsi de plus en plus au contrôle de l'homme et faisant peser sur lui un grand nombre de déterminations, c'est qu'imperceptiblement (c'est-à-dire en deçà du seuil de la conscience), elle est sacralisée. 

Deux notions contradictoires et pourtant utilisées dans un même concept. 

« La nature a horreur du vide » donc un individu ne peut rester inactif : le vide d'action semble contribuer au désœuvrement donc à la délinquance.

L'emploi, quel qu'il soit, outre le mérite de diminuer le nombre de chômeurs, comble un vide qui serait source d'insécurité. 

Mais les machines que nous avons fabriquées grâce à nos travailleurs ont remplacé peu à peu les emplois manuels chronophages et laissé des vides de plus en plus préoccupants. 

Dans des secteurs industriels de pointe, on continue encore d'imposer des heures supplémentaires à des employés quand d'autres sont au chômage.

Si le travail est le critère d'épanouissement le plus commun selon le mode de fonctionnement des sociétés occidentales je pense qu'il devrait être partagé afin de répondre à cette arithmétique incontestable : si 3 employés travaillant 8 heures chacun par jours réalisent une tâche X, ne pourrait-on embaucher un travailleur de plus et ainsi obtenir le même résultat avec 4 employés travaillant 6 heures ou 6 employés à 4 h/j ou 8 E à 3 h/j etc. … , etc. … Raisonnablement on pourrait en effet doubler le nombre d'emplois sans changer le sacrosaint P.I.B. qu'il faudra bien réduire par conséquent.

Il y aurait du travail pour tous par alternance ou par rotation et chacun se sentirait l'égal de son voisin du moins dans le traitement du chômage.

Celui-ci serait résorbé tout en permettant à des milliers de travailleurs d'occuper leur temps libre à d'autres activités dont la formation à de nouveaux métiers s'ils le désirent ou du repos supplémentaire ou la méditation. 

Des emplois nouveaux de la culture des loisirs fleuriraient; d'autres seraient destinés à l'enseignement, la formation continue, source d'égalité et de paix, d'autres encore seraient créés pour le service à la personne pour tous les âges de la vie, santé, enfance, formation alternée, grand âge, accompagnement, etc. …

Il conviendrait dans le même temps d'augmenter la qualité au détriment de la quantité, de consommer mieux et moins, d'inverser la courbe de la croissance jusqu'à retrouver un point d'équilibre satisfaisant pour la planète. 

Regardez ces tireurs de ficelles sur leurs yachts de milliardaires, ils n'ont aucun scrupule à jouir de la vie pendant que les sans grades leur remplissent leurs poches. 

Les salaires seraient divisés par deux, soit, mais comme 90% de ces soit-disant "richesses" sont totalement inutiles et même nuisibles pour la planète, nous ne produirions que ce qui nous est VRAIMENT UTILE et la moitié de nos revenus y pourvoirait largement.

La course au "toujours plus" que je dénonce là et ailleurs s'appelle la CROISSANCE. 

Cette croissance va nous broyer, nous exterminer tel un tsunami. 

Je vois l'immense vague approcher depuis l'horizon, je cris, j'alerte : " arrêtez vous ! revenez en arrière ! laissez le superflu ! abandonnez vos chimères ! ". 

Mais déjà le grondement assourdi la foule, cette foule qui se jette sur les soldes, qui dévore et vomit mais continue sa course folle sans entendre la menace, cette foule ivre des miettes que lui jette la poignée de nantis gavés à en crever du haut de leur tour de verre et d'acier, cette foule triste se disputant le pré carré de l'un de l'autre à la recherche des miettes les plus grosses.

Mais pauvre foule, ne vois-tu pas que c'est toi qui confectionne le pain des riches ?

Entre tes mains tu possèdes toutes les miettes du monde !



Le mariage pour tous

Et dire qu'au début de ce siècle on osait à peine prononcer le mot "homosexualité" ! 

On empreinte pudiquement aux américains, comme d'habitude, l'expression « comming out » pour révéler au grand jour ce particularisme à la famille et à l'entourage. 

Puis c'est l'explosion, il en sort de partout, plus de complexes, plus de honte, on revendique haut et fort son penchant pour le ou la partenaire du même sexe. 

On s'affiche en public, dans la rue, partout, on se tient par la main, c'est la révélation du siècle … 

Mieux, on manifeste, on défile, on cri sa soif de liberté, de reconnaissance. 

Les banderoles, les tribunes, les haut-parleurs partout clament et réclament l'égalité de traitement. 

Jusqu'alors ils se cachaient car ils étaient la risée de tous : tapettes, lopes, pds, tantouses, enculés, travelos, gouines, salopes, toutes et tous dans le même sac ! 

Les expressions les plus ordurières fusaient à leur encontre. 

C'était un monde à part, un monde caché, secret, le plus souvent douloureux. 

Certes ils ne méritaient pas cette exclusion, ce mépris, ces moqueries et encore moins cette haine que beaucoup leur témoignaient cruellement. 

Mais c'était dans l'air du temps. 

Les médias ne se privaient pas de relayer l'opinion générale. 

On allait les voir dans des lieux réservés, dans les cabarets comme « Chez Michou ». 

 La bienveillance nous obligeait pour le moins de respecter leur « malformation » comme on respecte un handicapé. 

Leur état était assimilé à une infirmité qu'il était de bon ton de cacher parmi les secrets de famille. 

Quant à en expliquer l'origine, la nature, les caractères scientifiques, peu de spécialistes osaient développer ce sujet tabou. 

Bien que les psychologues les plus écoutés nous aient décortiqué, expliqué, permis de comprendre l'homosexualité, notre atavisme nous empêchait d’ouvrir notre esprit et notre cœur. 

Mais aujourd'hui, ça y est, c'est fait, on les aime, on les intègre, on les coucoune jusqu'à l’excès. 

Par un effet de balancier bien connu des anthropologues, elles et ils réclament le droit de se marier. 
Pourquoi pas ? 

Bien que ça me surprenne d'un point de vue « naturel », je reconnais à tous les individus, femmes et hommes, les mêmes droits. 

Mais la nature est ainsi faite que seules les femmes mettent les enfants au monde et je n'en ai vu aucune faire pipi contre un arbre. 

Grave injustice ! 

Mais à qui la faute ? 

Quelles seront les conséquences de ces droits ? 

Des revendications absurdes. 

Fonder une famille et fonder un couple n'ont pas les mêmes effets. 

Pour contourner l'obstacle, les nouveaux couples auront-ils droit à l'adoption ?, à l'insémination ? à la procréation médicalement assistée (PMA) ?, à la gestation extérieure (GPA pour gestation par autrui)? 

Banque de spermes, location de ventres, liens de paternité, de maternité, filiation, droits de l'enfant, j'ai deux noms, tien ? pourquoi ? recherche de ses racines ... 

Toutes ces notions m'inquiètent et m' interrogent. 

Je suis naturiste c'est à dire respectueux de la nature et de son environnement. 

Parmi tous les animaux de la planète très peu de mères sont dénuées d'instinct maternel et très peu de pères en sont pourvus.

Hormis certaines espèces de poissons dont le mâle gobe les œufs de la femelle pour les couver ou certains papas oiseaux comme les pingouins relayent leur compagne sur la précieuse couvée, l'immense majorité des mammifères (ce nom prend tout son sens) se partage des fonctions très spécifiques. 

Un enfant d'humain a besoin d'une mère même si des événements accidentels l'en privent. 

Un homme muni d'un biberon ne remplacera jamais le sein d'une mère. 

Oh j'entends d'ici mes contradicteurs : « et les orphelins ? » 

Ils font partie, hélas, des accidentés de la vie et je crains pour tous ces accidentés que j'évoque plus haut que cette inégalité-là commence dès le berceau. 

Pour moi, le droit au mariage je m'en contre-fiche donc je dis oui. 

L’intérêt est qu'il apporte aux intéressés les mêmes droits qu'aux hétérosexuels. 

Le mariage civile n'est qu'une copie du mariage religieux destiné à officialiser la filiation. 

Comme je ne suis pas particulièrement favorable au mariage, mariés ou non, les parents sont naturellement constitués d'une mère et d'un père. 

Dans notre société le mariage donne ce droit, soit, mais n'importe quel autre type de contrat pourrait avoir les mêmes effets. 

En revanche je réserve mon approbation quant aux prolongements de ce contrat qui porte atteinte à l'essence même de la vie et je reconnais avec Colluche que nous sommes tous égaux sauf que devant Dame Nature certains sont un peu plus égaux que les autres.

L'enfant qui grandit seul avec un père et une mère ne ressemblera pas à celui qui se construira au sein d'une fratrie ni à celui dont l'orphelinat sera son seul modèle, ni à celui qui aura deux pères ni à celui qui tétera deux mères (pourquoi pas ?). 

Toutes les configurations sont possibles et il serait inutile d'en dresser une liste fastidieuse. 

L'enfant a surtout besoin d'amour et de repères pour s’épanouir harmonieusement. 

Pour cela il faut privilégier autant que faire se peut ce que la nature met à notre disposition depuis la nuit des temps.


Internet

Internet est, à mon sens, l’invention la plus importante depuis celle de l’électricité. 

Comme tout progrès technologique, elle traîne les défauts de ses qualité et vice versa. 

Je ne ferai pas ici la liste des uns et des autres, elle serait sans fin. 

Il faut bien reconnaître que depuis son éclosion la planète Terre a considérablement rétrécit. 

Les frontières sont devenues fragiles voire inexistantes. 

Mon collègue a commandé une fourche de bicyclette au Canada, il l’a reçu quatre jours plus tard en colis postal et a réglé la facture par carte bancaire, tout simplement, comme il l’aurait fait avec un commerçant local. 

Le catalogue complet des pièces détachées ( dans la langue de son choix ) ainsi que le tarif détaillé ( dans la devise de son choix ) est mis à jour et accessible en permanence sur son bureau. 

Bien sûr, ce progrès n’est réservé qu’à une poignée de privilégiés au regard du reste de la population du globe pour qui ce merveilleux outil n’est encore qu’une chimère quand, déjà, elle en a connaissance … 

En cela Internet est et sera de plus en plus un espace de liberté bien réel, bien concret. 

Il le restera tant que les hommes, seuls prédateurs de l’homme, n’en auront pas dévié le champ des possibilités actuelles. 

N’oublions pas que, contrairement à l’électricité ou à l’atome, Internet fut développé pour des besoins militaires. 

Il n’est donc pas interdit d’espérer que sa démocratisation aille dans le sens de la paix dans le monde si l’on considère que le nucléaire est né d’un besoin civile et pacifique. 

Là aussi la lame était à double tranchant. 

Espace de liberté, oui. 

Oui car, quel que soit le développement futur de ce réseau, il permettra aux hommes de communiquer en temps réel, de se connaître, de découvrir, d’apprendre et de se côtoyer sans peur. 

Je suis intimement convaincu que seuls la connaissance et l’instruction des peuples pourra les rapprocher. 

Les savoirs du monde entier sont ou seront sur Internet. 

Terre d’illusion diront certains esprits chagrins ? 

Oui si une minorité de nantis barrent la route à cette expansion dans le but de préserver leurs pouvoirs sur des peuples déjà asservis.

Mais en auront-ils longtemps la possibilité ? 

Telle une déferlante que rien ne peut arrêter, Internet arrivera un jour dans tous les coins et les recoins de la planète peut-être en même temps que l’électricité. 

Les dirigeants chinois l'ont compris depuis longtemps ; ils appliquent la censure à grands renforts de contrôles, conscients de perdre leurs prérogatives quand la digue cédera mais ne parviennent pas à contenir la soif d'informations que leur peuple manifeste. 

Il faudra du temps, de la volonté commune et une réelle prise de conscience que le monde ne peut se passer d’une partie de lui-même. 

Alors, l’immense fossé qui sépare notre petite minorité confortablement assise devant son écran et ceux qui ne savent même pas que nous existons se comblera … … … de joie.


Ailleurs

Bon, d'accord je suis peut-être un peu trop sédentaire mais j'assume. 

J'explique à tout le monde, à ceux que j'aime en premier lieu, que mon « immobilisme » fait partie de ma façon de vivre. 

Je ne peux cautionner tous ces déplacements lointains, coûteux économiquement, écologiquement, sociologiquement : 

Économiquement car ils attestent de l'utilité des transports aériens pour des motifs futiles. 

Ils gonflent artificiellement les besoins des individus, ils entraînent tout une industrie de luxe inutile : aéronautique, infrastructures aéroportuaires, agences de voyages, assurances, etc. … qui ne fait qu'enrichir un monde financier très loin de mes préoccupations mais aussi loin des leurs. 

Écologiquement car ils sont sources de grave pollution de l'air, de réchauffement climatique et de nuisances sonores et olfactives. 

L'impact carbone dû au trafic aérien est un des premiers par sa dissémination. 

Le gel des surfaces de terres cultivables ne cesse d'augmenter pour créer de nouvelles infrastructures toujours plus étendues (Nantes). 

Et si d'aventure on osait s'étendre sur la mer, la nature nous rappellerait à l'ordre. 

C'est arrivé très récemment à Nice … combien de morts ? 

Sociologiquement car ils creusent davantage l'écart des conditions de vie des « volants » et « des rampants ». 

Ils dérangent dans leurs simplicités de vie des populations autochtones qui ne demandent rien aux pays industrialisés sinon qu'on leur foute la paix. 

Enfin ils sont un nouveau moyen d'asservir et d'exploiter des peuples moins développés. 

Ce tourisme moderne me dérange, trop tapageur, trop irrespectueux de l'hôte, trop irrespectueux de notre environnement, trop prétentieux. 

Cette bougeotte indécente est aux antipodes de mes principes, de mes convictions. 

J'en arrive à penser que tout mouvement aussi imperceptible soit-il de chaque être humain le rapproche inexorablement de son déclin.

L'activité humaine n'a eu de cesse de dominer, d'écraser, de détruire puis d'éliminer ses semblables soit pour les spolier soit pour les humilier. 

Aucune espèce animale n'éprouve cette frénésie d'accumulation de richesses au-delà du minimum vital. 

Alors oui je ne me sens pas bien. 

Je vis dans un monde qui marche sur la tête. 

J'ai l'air d'un spectateur accroupi devant une fourmilière et je n'y comprends rien. 

Des scientifiques, des sages nous alertent depuis des décennies sur les dangers de cette course infernale au progrès. 

Ils nous montrent et nous démontrent les ravages déjà visibles dus à nos modes de vies. 

Si j'en parle autour de moi, si je fais part de mes craintes, on se moque de moi. 

Mes proches sont sourds à mes arguments. 

Je suis « le vieil ours gâteux qui ne veut pas quitter sa montagne ». 

On parle de voyages comme si c'était l’évidence : cinq mille, huit mille euros pour aller à l'autre bout du monde leur dire à ces bouseux qu'on vient les voir depuis l'autre bout du monde. « il faut bien qu'on vienne vous voir car, vous, si l'on attend que vous veniez, là, assis sur votre âne, ... »

Quelle suffisance ! 

Ça me dépasse, ça dépasse mon entendement. 

J'ai,honte vis à vis de ces gens simples aux meurs ancestrales d'appartenir au charter de riches qui vient les visiter avec nos avions bruyants, polluants et puants, nos bermudas ridicules et nos appareils photos en bandoulière comme pour la visite d'un zoo.

Ces gens simples, de moins en moins nombreux, ont compris qu'un monde différent existait pas très loin de chez eux.

Ils commencent à troquer leurs pagnes contre nos bermudas bariolés.

Ils et elles symbolisent notre déclin, la fin probable de la vraie  nature.




La crise

Mercredi 29 janvier 2014 

Il neige depuis ce matin huit heures. 

Je suis bien au chaud et je pense à ceux pris aux pièges de la vie tels des morceaux de végétaux arrachés aux rives du torrent et entraînés dans des tourbillons sans fin, cognant d'obstacles en obstacles sans parvenir à se raccrocher à une amarre. 

Ils finissent par périr loin du reste du monde dans l’indifférence générale et je participe de cette indifférence générale. 

Les quelques euros que j'envoie régulièrement à des œuvres caritatives pour me donner bonne conscience ne suffisent pas à m’apaiser. 

Donner davantage ne servirait à rien puisque je serais toujours ici chez moi au chaud devant mon écran à culpabiliser de ne pas être de ceux qui partagent leur profond désarroi. 

Alors je tourne en rond et passe à autre chose. 

Cette autre chose est " la crise ", c'est d'elle que je voulais vous parler ce matin si la neige n'avait pas fait diversion, cette crise mondiale qui nous est expliquée chaque jour depuis des mois et bientôt des années sans pour autant me convaincre de la faute à la fatalité. 

Les causes sont nombreuses et la liste est loin d'être exhaustive. 

On a le choix entre la Chine, le réchauffement climatique, les pays émergents, les grands patrons, le CAC40, les banques, les fainéants, les fonctionnaires, la pollution, la drogue, la réserve parlementaire, le trou de la sécu, le gouvernement, les revenus des députés, les marges des grandes enseignes, le prix des loyers, la menace nucléaire, le transport routier, l'insécurité civile, les gaspillages en tous genres, la fuite des impôts, le prix du pétrole, etc. ... ... ... 

Et si c'était tout ça à la fois ? ... 

Je pense qu'une grande partie de la population mondiale ne voit pas plus loin que le bout de son nez trop préoccupée par le quotidien. 

Je pense qu'une autre partie nettement moins importante est consciente de la catastrophe écologique qui nous menace mais se résigne en disant "après moi le déluge" et profite autant qu'elle le peut du petit bonheur présent. 

Et les moins nombreux mais les plus puissants de ce monde "orchestrent", du haut de leurs coffres-forts de verre et d'acier ou de leurs yachts ancrés dans les paradis fiscaux, cette crise mondiale dont ils détiennent les tenants et aboutissants mais dont ils se gardent bien de délivrer les secrets tant ils ont soif de pouvoirs et de fortunes. 

Ils ont pour nom la finance mondiale. 

Ils sont une poignée de gros marionnettistes qui tirent les ficelles et s'amusent de voir l'humanité s’emmêler les pieds dans des problématiques insolubles au risque de faire partie du naufrage final. 

Leur Q.I. est inversement proportionnel à leurs "avoirs". 

Nous qui sommes à l'autre extrémité des ficelles savons qu'une grande partie des maux de la terre pourraient être guéries s'ils se décidaient à changer de cap. 

Hélas l'homme est ainsi fait que, devant ces nouveaux dieux, il s'agenouille encore. il rampe et se répand en flaques nauséabondes. 

On peste contre la vie chère mais on boursicote en douce. 

Quelques marionnettes récalcitrantes hurlent et cherchent à s'arracher de cet ignoble théâtre, à couper leurs ficelles mais les autres ne les entendent pas, elles rament ... 

La falaise approche, la brume se dissipe et nous ne sommes que trop peu à gueuler dans la hune du mât de misaine : "attention! terre à l’horizon!" mais personne ne semble nous entendre. 

Il faut pourtant redresser la barre, virer de bord et revenir en arrière. 

Je suis passé du théâtre à la marine à voiles. 

Ne m'en veuillez pas, je ne sais plus comment dépeindre la situation dans laquelle nous sommes et peindre les contours d'un monde meilleur. 

Je sais confusément qu'il faut décroître, qu'il faut revenir à des valeurs humaines pour ne pas dire humanistes, qu'il faut redonner à l'argent son rôle de serviteur et lui ôter celui de maître, qu'il ne faut plus donner prise à la finance, aux financiers et à la financiarisation de tous les biens de ce monde à commencer par l'eau potable et les biens de consommation vitaux comme les céréales. 

Il faut neutraliser les cerveaux dérangés et assoiffés d'or qui mènent le monde à sa perte, relever la tête devant les "seigneurs". 

Il n'y a pas de seigneurs. 

Il n'y a que des femmes et des hommes libres, dignes et responsables de leur avenir. 

" Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité." 

C'est ce que dit l'article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. 

Tant que nous nous conduirons comme les pigeons du parc Monceau, s'inclinant devant le casse-croûte du manant dans l'espoir d'en attraper quelques miettes, les "puissants" auront beau jeux de tirer encore et encore les ficelles de leur petit théâtre. 

La Nature peut nous fournir tout ce dont nous avons besoin à condition que nous lui empruntions que ce dont nous avons besoin

Il faut commencer par la respecter la Nature. 

C'est notre mère nourricière. Nous n'avons pas le droit de la spolier comme nous le faisons depuis deux siècles. 

Les balafres que nous lui infligeons pour mieux la dévorer par tous les côtés est digne d'une humanité barbare et inconsciente. 

La Terre qui nous porte et nous supporte va mourir comme la poule aux œufs d'or.


La pudeur

Il y a bien des choses qui m'énervent dans la vie et que je souhaiterais voir supprimer. 

Les religions et les maillots de bain en font partie. 

Contrairement à La Luciole je ne "fais pas du naturisme" mais je suis naturiste. 

La nudité est naturelle. 

Quoi de plus stupide que mettre un vêtement spécial pour vous baigner ? 

Quand les uns, les unes et les autres auront fini d'examiner votre foufoune, votre quéquette, vos cicatrices et vos bourrelets ils et elles commenteront vos fesses, vos jambes, votre buste, votre poitrine, vos oreilles, votre cou, votre bouche, vos yeux, ... ... ... et après ??? 

Irez-vous vous baigner en burka ? 

Croyez- vous qu'ils, qu'elles y passeront la journée ? 

Si la nature nous a fait comme nous sommes le plus simple ne serait-il pas d'assumer ? 

Enfants, jeunes, vieux, gros, maigres, bossus, noirs, blancs, handicapés, sourds et aveugles, tout est dans le respect de l'autre. 

Les yeux du cœur n'ont pas besoin d'écrans. 

Ils peuvent tout voir, tout comprendre et tout aimer. 

Les arbres tordus de la forêt ont autant de charme que les arbres droits. 

Une éléphante et son petit sont aussi attendrissants qu'une chatte et ses petits. 

Si nous cessions de nous comporter comme des êtres infiniment supérieurs, si nous laissions de côté les artifices qui nous distinguent les uns des autres, le fric, les fringues, l'apparence, nous avancerions d'un grand pas vers une humanité plus humble, plus chaleureuse, plus respectueuse de son prochain et votre question prendrait une toute autre dimension. 

Ah oui votre question était : "et la pudeur ?".


Je me rase

Mon éolière stagne. 

Le vent d'inspirations qui a soufflé sur mes pales est tombé. 

Mais ne craignez rien, ce n'est qu'un instant de répit. 

Mon cerveau ne s'arrête pas pour autant. 

Il est préoccupé par les soins corporels qui envoient toute la petite famille chaque jour à la même heure à la salle de bains. 

Je vous ai parlé du brossage des dents qui s'adresse à tous, petits et grands. 

Ce matin je me tourne vers les hommes, les jeunes comme les vieux. 

Alors mesdames, raoust!, dehors et plus vite que ça! 

Ce qui suit risque de choquer votre sensibilité comme celle de vos enfants. 

Je ne voudrais pas être responsable des "débordements" intempestifs de nature à manquer la première heure de cours pour cause de nausées. ... ... ... 

Voilà messieurs, nous sommes seuls et votre rasoir électrique tombe en panne. 

Non non, restez, même si vous n'utilisez que des rasoirs jetables, au contraire, ce qui suit vous intéresse au premier chef : qui dit rasoir dit mousse à raser, dit petites coupures (cinq euros pas plus), dit feu du rasoir, dit after chèvres quand ce n'est pas départ au boulot avec le confetti de papier en guise de pansement, bref le rasage c'est la barbe! 

Laissez-là pousser vous dirons certains/taines qui voudraient vous voir avec une autre gueule. 

Pourquoi pas ? 

Tiens, je vais y réfléchir ... ... ... 

C'est en observant les animaux et mon chien en particulier que m'est venue cette nouvelle idée aussi sotte que grenue. 

Quand mon chien se blesse il ne s'en vante pas toujours car le plus souvent c'est en franchissant le grillage de la clôture pour aller retrouver sa belle. 

Je le sais car il reviens penaud, ne touche pas à sa gamelle mais se lèche les petites plaies que lui a infligées le grillage. 

Tout le monde sait que la salive des mammifères est le meilleur médicament pour cautériser une plaie. 

Ça y est, madame qui écoutait aux portes vient de comprendre où je veux en venir. 

Elle s'est précipitée vers les toilettes qui hélas étaient occupées par le petit dernier et là, devant la porte, tout le petit déjeuné est resservi ... ... ... parterre. 

Comme vous l'avez deviné madame, j'ai remplacé la mousse à raser par la salive. 

Hé oui, je me bave sur la tronche et l'effet glissant est incomparable. 

Mieux, la transparence du produit permet de revenir sur les zones difficiles quand la mousse ne permettait qu'un seul passage réussi ou non. 

Le distributeur étant au centre de cette activité, quoi de plus facile que d'en remettre une couche si nécessaire ? 

Les poils coupés restent docilement pelotonnés contre la lame tant qu'une petite secousse sous le robinet ne leur ont pas donné le signal du départ. 

Les petites blessures n'ont même pas le temps de saigner que la salive présente partout intervient en extrême urgence. 

Laisser agir cet onguent une minute puis rincez à l'eau claire. 

L'effet est saisissant : votre peau est lisse et votre rasoir peu être réutilisé deux ou trois fois selon la dureté de votre barbe. 

Le plus difficile sera le nettoyage des sols si votre entourage a l'estomac fragile.


Je me brosse les dents

Aujourd'hui je veux vous faire partager ma dernière invention : le brossage des dents. 

Vous avez sans doute entendu comme moi que les dentifrices contenaient des métaux et autres produits nocifs pour la santé. 

Les médias ne cessent de nous alerter sur les dangers liés aux produits inutiles et chers. 

Donc je me suis posé la question : à quoi sert le dentifrice ? 

Réponse : peut-être à maintenir en suspension dans la bouche les particules de nourriture que les poils de ma brosse à dents ont réussi à extirper de leur cachette en attendant le crachat répulsif qui les enverra au fond du lavabo. 

La mousse provoquée par l'agitation des poils sur l'ensemble eau-dentifrice fait que les détritus reviennent plus difficilement à l'endroit d'où ils ont été délogés. 

Mais alors si c'est là la seule mission du dentifrice, ne pourrions-nous pas nous en passer ? 

Le risque d'une intoxication à l'aluminium n'est-il pas supérieur à l'avantage bien relatif d'un brossage dont l'efficacité reste à prouver ? 

C'est décidé, je ne mets plus de dentifrice sur ma brosse à dents. 

En revanche j'ai opté pour une méthode de brossage dont l'efficacité est remarquable : les turbulences que font le bout des poils de ma brosse à dent en milieu aquatique sont mille fois supérieures aux mêmes turbulences en milieu aérien. 

Si si, faites l'expérience : remuez une fourchette dans un bol vide. Rien ne se passe et pour cause : l'air que traverse les dents de la fourchette dans cette danse ridicule est si peu dense que les tourbillons qu'il engendre ne ferait même pas frémir une aile de papillon. 

En revanche la même frénésie dans le même bol rempli d'eau provoque une tempête dont aucun être vivant ne sortirait indemne toutes proportions gardées. 

Et il s'agit là de quatre dents ... de fourchette. 

Considérant que les poils de ma brosse à dents sont au nombre de mille soit deux cent cinquante fois plus nombreux que dans votre bol, je vous laisse imaginer les cyclones ravageurs qui frapperaient la falaise de votre cavité buccale à chaque tempête poste alimentaire si vous suiviez ma méthode. 

Si je me brosse en me regardant dans la glace ou en me promenant dans ma salle de bains pendant des minutes et des minutes je constate que seule la salive alliée à la brosse parvient à déloger quelques résidus culinaires de mon râtelier et c'est normal puisque la salive se concentre au bas de ma bouche et ne touche de ce fait que les dents de la mâchoire inférieure et encore ... 

Par conséquent ce que je vous propose consiste tout simplement à remplir votre bouche du maximum d'eau et d'introduire la brosse dans la bouche sans perdre trop de liquide. 

Puis, tête baissée au dessus du lavabo, brosser en tous sens comme vous le faisiez auparavant en ne lâchant qu'un minimum d'eau par la commissure des lèvres autour du manche de votre brosse à dents. 

Les mille et un poils entrent en action par petits groupes au fur et à mesure de leurs passages sur chaque aspérité rencontrée et déclenchent des myriades de petits cyclones suivis de myriades de tsunamis qui débarrassent tout sur leur passage laissant gencives et dents d'une propreté absolue. 

Vous constaterez l'efficacité de ma méthode à la quantité incroyable de détritus de toute origine sortant au fil des fuites inévitables dues aux changements d'orientation de la brosse. 

Si vous souhaitez tenir une comptabilité plus précise des reliefs du repas que vous venez de prendre je vous conseille de fermer la bonde. 

La différence d'analyse est frappante entre une purée andouillette et un bœuf bourguignon dont les fibres récalcitrantes sont délogées sans ménagement au même titre que ses voisins les morceaux de cacahuètes grillées. 

J'ai poussé l'expérience en me brossant les dents comme je le faisais jusque là c'est à dire consciencieusement et avec du dentifrice. 

Puis j'ai recommencé l'opération selon ma nouvelle invention comme si j'avais oublié de le faire : hé bien c'est comme si j'avais oublié de le faire. 

C'est incroyable la ruse déployée par ces petites cochonneries pour rester au chaud !


Le naturisme

Le nudisme NON, le naturisme OUI. 

La principale barrière au naturisme c'est notre culture. 

Que nous le voulions où non nous sommes pétris de principes, d'atavismes, de rituels qui nous collent aux basques et nous empêchent d'évoluer librement. 

Il faut savoir parfois ruer dans les brancards, se débarrasser des valeurs que nous ont transmises nos parents, nos proches, notre entourage, notre civilisation. 

Pas facile car, inconsciemment nous nous sommes approprié ces principes, nous en avons fait une partie de nous-mêmes. 

Cette opération s'apparente à un changement de pot pour la plante.

Après avoir germé puis grandi sans choisir notre provenance, le moment est venu de choisir un nouvel environnement. 

Soit nous optons pour un pot plus grand où nos racines pourront se développer mais nous adoptons alors le même mode de vie, soit nous choisissons de nous replanter en pleine terre avec tous les risques d'un environnement naturel donc menaçant. 

Le bégonia que l'on soigne tout au long de l'année, que l'on rentre à l’abri aux premiers frimas, qu'on arrose régulièrement, a toutes les chances de refleurir au printemps. 

L'autre, celui que nous aurons replanté en pleine nature, devra affronter pucerons, grêle, froid et animaux de toutes sortes, bref, le danger. 

Être nus en pleine nature nous demande de remonter à des temps très anciens où les premiers hommes n'avaient pas encore de vêtements. 

Autrement dit, le naturisme que certains conçoivent comme un grand pas en avant serait lié, au contraire, au besoin de revenir à un état primitif. 

L'obstacle réside donc dans cette dichotomie : vivre dans un état exceptionnel parmi nos semblables ; être à la fois dans un temps que nous choisissons et dans l'autre que nous ne maîtrisons pas. 

D'autres éléments viennent s'ajouter à cet obstacle : l'apparence. 

Les premiers hommes vivaient nus et ne se souciaient guère de leur physique. 

Il est vrai qu'ils étaient vieux à quarante ans quand les éléments le leurs permettaient donc la vieillesse était relative. 

Pour nous l'apparence a plus de chances d'évoluer tout au long de notre longue vie. 

Cette dernière ne nous épargne pas les abus de toutes sortes et même si nous menions une vie d’ascète, les rides, la peau flasque, les bourrelets ne manqueraient pas de nous accompagner jusqu'à notre dernier souffle. 

Dans une société où le paraître tient une place non négligeable il devient difficile de faire abstraction de son physique. 

Là aussi le regard de l'autre décide de notre attitude. 

Soit je me rhabille et je rentre dans le moule de la société bien pensante, soit j'assume et me fous des regards obliques. 

Il reste que nous ne sommes pas tous égaux, dans ce domaine comme dans bien d'autres, et là où le naturisme est à contre-courant des conventions, le vêtement pour quelques peuples primitifs de notre planète n'est qu'un artifice qu'ils arborent en riant car il est surtout l'apanage des visiteurs de passage. 

La "civilisation" les a épargné. 

Pour ces gens-là le mot naturisme est vide de sens. 

Ils font encore partie de cette nature vierge (hélas pas pour longtemps) ou le vêtement est un déguisement propre à singer le voyageur venu "d'un autre monde". 

Pour moi le naturisme est un art de vivre le plus près possible de la nature, en accord avec mon moi profond, en assumant ma silhouette ventripotente, en respectant l'autre et sa pudeur mais en lui demandant de respecter aussi mes goûts. 

La nudité ne devrait pas choquer. 

Elle a le mérite de dire la vérité. 

Le vêtement triche. 

C'est lui le message. 

Respect mutuel et tolérance devraient être les maîtres mots de cette philosophie.


Dieu

Selon moi, Dieu c’est un peu comme le Père Noël ou la fée Clochette. 

N’y voyez surtout aucune provocation de ma part ; je vous dis seulement ma façon de penser. 

Je m’explique : La nature humaine a toujours cherché des réponses à ses questionnements et ce, depuis la nuit des temps ou, au moins, quelques dix millions d’années. 

Notre cerveau s’est développé et certaines questions ont trouvé des réponses soit par l’observation scientifique, soit par le raisonnement philosophique. 

Depuis les derniers millénaires ( trois ou quatre ), le processus s’accélère, les civilisations s’organisent et les « Dieux » remplacent peu à peu les points d’interrogations. 

Depuis ces derniers siècles ( trois ou quatre ) cette accélération devient galopante. 

Les philosophes se servent des découvertes des scientifiques pour proposer des réponses nouvelles. 

On assiste, depuis peu, à un feu d’artifice de connaissances qui entraînent d’autres connaissances de plus en plus affinées et ce, au détriment des « croyances ». 

On fissure l’atome puis on le fusionne ; on marche sur la Lune puis on « visite » Mars ; on observe de plus en plus loin et l’on va vers l’infiniment petit ; on compare les gènes, on clone les brebis, bref, la brume se dissipe. 

Là où l’on ne voyait pas, on discerne peu à peu. 

Toute proportion gardée, c’est un peu comme si l’humanité quittait la maternelle pour rentrer au cours préparatoire : elle doute. 

Elle se pose des questions sur la grosseur du ventre du Père Noël et le diamètre du tuyau de la cheminée ; elle commence à vérifier si les traces dans la neige sont bien celles de l’attelage de rennes. 

Elle s’accroche cette humanité, elle voudrait tellement y croire : « Dieu est si bon ! » 

Alors je l’observe et je suis attendri.