Après le carnage de Charlie Hebdo

Après le carnage de Charlie Hebdo, bien malins sont celles ou ceux qui auront une idée parfaite de leurs sentiments. 

Je me sens assommé par tant de bêtise. 

Tués pour avoir tourné en dérision une croyance ! 

Comment en est-on arrivé là ? 

Ces assassins sont des cons, c’est sûr, mais comment lutter contre la connerie ? 

Les êtres humains ne sont pas nés égaux. 

Certains sont fragiles et ne discernent pas les frontières de la réalité. 

Les lois sont des garde-fous destinés à contenir la connerie humaine. 

Oui nous sommes dans un pays de droits, mieux, dans celui des droits de l’homme, une république laïque, tolérante, fédératrice où tout le monde devrait s’aimer. 

La France, le phare du monde en matière de liberté, vient d’essuyer un retour de manivelle : dix-sept morts parce qu’ils étaient humoristes, policiers ou juifs. 

Alors je m’interroge : qu’est-ce qu’un pays de droit ? 

C'est un pays respectueux du droit des autres pays. 

A l'heure où l'information, quelle qu'elle soit, se répand à la vitesse de la lumière sur toute la terre, nous devons tenir compte des sensibilités diverses de tous nos voisins y compris les plus éloignés.

A-t-on le droit de se moquer de tout, OUI. A-t-on le droit de rire de ce que d’autres considèrent comme sacré, OUI. 

 A-t-on le droit de caricaturer publiquement des idoles ? OUI. 

A-t-on le droit d’insulter, de blasphémer, d’humilier ? OUI. 

Le droit, les droits on-t-ils été créés pour cela ? NON. 

La laïcité, qui n’est pas un droit mais une valeur, est une merveilleuse invention qui devrait permettre à tous de coexister et de cohabiter. 

Le DROIT en revanche est un outil dont notre société s’est doté afin de contenir et de prévenir tout débordement. 

Il met à notre disposition des arbitres qui sont dans les tribunaux. 

Il est comme une route où tout le monde peut circuler de Paris à Pékin et de Pékin à Paris.

Il est surtout comme une ligne jaune à ne pas franchir sous peine de châtiment. 

De l’autre côté de cette ligne il y a ceux qui ne vont pas dans le même sens, c’est leur liberté. 

Mais alors, si nous avons le droit il suffit de l’utiliser. 

Et voilà où le bât blesse : « j’ai le droit ! ». 

Imaginons que vous ayez à votre disposition un balai et un râteau pour nettoyer votre parquet ; ce sont deux outils très efficaces mais vous allez préférer le balai mieux adapté à cette fonction. 

Le râteau n’en souffrira pas. 

Il est là, il existe en temps qu’outil. 

Il attendra bien sagement dans la cabane du jardin. 

 Il en est de même pour le(s) droit(s). 

Qu’a fait Charlie ? il s’est amusé à frôler la ligne jaune pour faire peur à ceux qui roulaient dans le sens inverse. 

Il a pris le risque inutile de provoquer un mauvais réflexe chez le conducteur d’en face … … … 

Et le carnage s’est produit ! « J’ai le droit donc je m’en sers ». 

C’est ce que disent les imbéciles. 

Car, enfin, qu’est-ce que nous voulons ? 

Montrer au monde entier que nous avons raison d’être libres ? 

Démontrer que la laïcité est la seule manière de vivre en paix ? 

Prouver que l’amour et l’humour sont compatibles ? 

Ou, tout simplement, vivre en paix ? 

Pour ma part, c’est cette dernière option qui me paraît la plus sage. 

Nos valeurs républicaines et laïques sont largement partagées bien au-delà de nos frontières. 

Hélas les graines de liberté que nous avons semées à la surface du globe ne germent pas toutes en même temps. 

Elles dépendent du terreau sur lequel elles tombent. 

Il suffit d’attendre et de les laisser germer sans précipitation. 

Elles finiront bien par fleurir ... 

Il faut respecter les différences de civilisations et surtout respecter tous les individus avec toutes leurs sensibilités. 

Nous pouvons tous rouler sur la route de la fraternité, elle est à la disposition de tous, mais, de grâce, restons prudents et courtois.

La paix dans le monde est à ce prix.