Ailleurs

Bon, d'accord je suis peut-être un peu trop sédentaire mais j'assume. 

J'explique à tout le monde, à ceux que j'aime en premier lieu, que mon « immobilisme » fait partie de ma façon de vivre. 

Je ne peux cautionner tous ces déplacements lointains, coûteux économiquement, écologiquement, sociologiquement : 

Économiquement car ils attestent de l'utilité des transports aériens pour des motifs futiles. 

Ils gonflent artificiellement les besoins des individus, ils entraînent tout une industrie de luxe inutile : aéronautique, infrastructures aéroportuaires, agences de voyages, assurances, etc. … qui ne fait qu'enrichir un monde financier très loin de mes préoccupations mais aussi loin des leurs. 

Écologiquement car ils sont sources de grave pollution de l'air, de réchauffement climatique et de nuisances sonores et olfactives. 

L'impact carbone dû au trafic aérien est un des premiers par sa dissémination. 

Le gel des surfaces de terres cultivables ne cesse d'augmenter pour créer de nouvelles infrastructures toujours plus étendues (Nantes). 

Et si d'aventure on osait s'étendre sur la mer, la nature nous rappellerait à l'ordre. 

C'est arrivé très récemment à Nice … combien de morts ? 

Sociologiquement car ils creusent davantage l'écart des conditions de vie des « volants » et « des rampants ». 

Ils dérangent dans leurs simplicités de vie des populations autochtones qui ne demandent rien aux pays industrialisés sinon qu'on leur foute la paix. 

Enfin ils sont un nouveau moyen d'asservir et d'exploiter des peuples moins développés. 

Ce tourisme moderne me dérange, trop tapageur, trop irrespectueux de l'hôte, trop irrespectueux de notre environnement, trop prétentieux. 

Cette bougeotte indécente est aux antipodes de mes principes, de mes convictions. 

J'en arrive à penser que tout mouvement aussi imperceptible soit-il de chaque être humain le rapproche inexorablement de son déclin.

L'activité humaine n'a eu de cesse de dominer, d'écraser, de détruire puis d'éliminer ses semblables soit pour les spolier soit pour les humilier. 

Aucune espèce animale n'éprouve cette frénésie d'accumulation de richesses au-delà du minimum vital. 

Alors oui je ne me sens pas bien. 

Je vis dans un monde qui marche sur la tête. 

J'ai l'air d'un spectateur accroupi devant une fourmilière et je n'y comprends rien. 

Des scientifiques, des sages nous alertent depuis des décennies sur les dangers de cette course infernale au progrès. 

Ils nous montrent et nous démontrent les ravages déjà visibles dus à nos modes de vies. 

Si j'en parle autour de moi, si je fais part de mes craintes, on se moque de moi. 

Mes proches sont sourds à mes arguments. 

Je suis « le vieil ours gâteux qui ne veut pas quitter sa montagne ». 

On parle de voyages comme si c'était l’évidence : cinq mille, huit mille euros pour aller à l'autre bout du monde leur dire à ces bouseux qu'on vient les voir depuis l'autre bout du monde. « il faut bien qu'on vienne vous voir car, vous, si l'on attend que vous veniez, là, assis sur votre âne, ... »

Quelle suffisance ! 

Ça me dépasse, ça dépasse mon entendement. 

J'ai,honte vis à vis de ces gens simples aux meurs ancestrales d'appartenir au charter de riches qui vient les visiter avec nos avions bruyants, polluants et puants, nos bermudas ridicules et nos appareils photos en bandoulière comme pour la visite d'un zoo.

Ces gens simples, de moins en moins nombreux, ont compris qu'un monde différent existait pas très loin de chez eux.

Ils commencent à troquer leurs pagnes contre nos bermudas bariolés.

Ils et elles symbolisent notre déclin, la fin probable de la vraie  nature.




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