La crise

Mercredi 29 janvier 2014 

Il neige depuis ce matin huit heures. 

Je suis bien au chaud et je pense à ceux pris aux pièges de la vie tels des morceaux de végétaux arrachés aux rives du torrent et entraînés dans des tourbillons sans fin, cognant d'obstacles en obstacles sans parvenir à se raccrocher à une amarre. 

Ils finissent par périr loin du reste du monde dans l’indifférence générale et je participe de cette indifférence générale. 

Les quelques euros que j'envoie régulièrement à des œuvres caritatives pour me donner bonne conscience ne suffisent pas à m’apaiser. 

Donner davantage ne servirait à rien puisque je serais toujours ici chez moi au chaud devant mon écran à culpabiliser de ne pas être de ceux qui partagent leur profond désarroi. 

Alors je tourne en rond et passe à autre chose. 

Cette autre chose est " la crise ", c'est d'elle que je voulais vous parler ce matin si la neige n'avait pas fait diversion, cette crise mondiale qui nous est expliquée chaque jour depuis des mois et bientôt des années sans pour autant me convaincre de la faute à la fatalité. 

Les causes sont nombreuses et la liste est loin d'être exhaustive. 

On a le choix entre la Chine, le réchauffement climatique, les pays émergents, les grands patrons, le CAC40, les banques, les fainéants, les fonctionnaires, la pollution, la drogue, la réserve parlementaire, le trou de la sécu, le gouvernement, les revenus des députés, les marges des grandes enseignes, le prix des loyers, la menace nucléaire, le transport routier, l'insécurité civile, les gaspillages en tous genres, la fuite des impôts, le prix du pétrole, etc. ... ... ... 

Et si c'était tout ça à la fois ? ... 

Je pense qu'une grande partie de la population mondiale ne voit pas plus loin que le bout de son nez trop préoccupée par le quotidien. 

Je pense qu'une autre partie nettement moins importante est consciente de la catastrophe écologique qui nous menace mais se résigne en disant "après moi le déluge" et profite autant qu'elle le peut du petit bonheur présent. 

Et les moins nombreux mais les plus puissants de ce monde "orchestrent", du haut de leurs coffres-forts de verre et d'acier ou de leurs yachts ancrés dans les paradis fiscaux, cette crise mondiale dont ils détiennent les tenants et aboutissants mais dont ils se gardent bien de délivrer les secrets tant ils ont soif de pouvoirs et de fortunes. 

Ils ont pour nom la finance mondiale. 

Ils sont une poignée de gros marionnettistes qui tirent les ficelles et s'amusent de voir l'humanité s’emmêler les pieds dans des problématiques insolubles au risque de faire partie du naufrage final. 

Leur Q.I. est inversement proportionnel à leurs "avoirs". 

Nous qui sommes à l'autre extrémité des ficelles savons qu'une grande partie des maux de la terre pourraient être guéries s'ils se décidaient à changer de cap. 

Hélas l'homme est ainsi fait que, devant ces nouveaux dieux, il s'agenouille encore. il rampe et se répand en flaques nauséabondes. 

On peste contre la vie chère mais on boursicote en douce. 

Quelques marionnettes récalcitrantes hurlent et cherchent à s'arracher de cet ignoble théâtre, à couper leurs ficelles mais les autres ne les entendent pas, elles rament ... 

La falaise approche, la brume se dissipe et nous ne sommes que trop peu à gueuler dans la hune du mât de misaine : "attention! terre à l’horizon!" mais personne ne semble nous entendre. 

Il faut pourtant redresser la barre, virer de bord et revenir en arrière. 

Je suis passé du théâtre à la marine à voiles. 

Ne m'en veuillez pas, je ne sais plus comment dépeindre la situation dans laquelle nous sommes et peindre les contours d'un monde meilleur. 

Je sais confusément qu'il faut décroître, qu'il faut revenir à des valeurs humaines pour ne pas dire humanistes, qu'il faut redonner à l'argent son rôle de serviteur et lui ôter celui de maître, qu'il ne faut plus donner prise à la finance, aux financiers et à la financiarisation de tous les biens de ce monde à commencer par l'eau potable et les biens de consommation vitaux comme les céréales. 

Il faut neutraliser les cerveaux dérangés et assoiffés d'or qui mènent le monde à sa perte, relever la tête devant les "seigneurs". 

Il n'y a pas de seigneurs. 

Il n'y a que des femmes et des hommes libres, dignes et responsables de leur avenir. 

" Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité." 

C'est ce que dit l'article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. 

Tant que nous nous conduirons comme les pigeons du parc Monceau, s'inclinant devant le casse-croûte du manant dans l'espoir d'en attraper quelques miettes, les "puissants" auront beau jeux de tirer encore et encore les ficelles de leur petit théâtre. 

La Nature peut nous fournir tout ce dont nous avons besoin à condition que nous lui empruntions que ce dont nous avons besoin

Il faut commencer par la respecter la Nature. 

C'est notre mère nourricière. Nous n'avons pas le droit de la spolier comme nous le faisons depuis deux siècles. 

Les balafres que nous lui infligeons pour mieux la dévorer par tous les côtés est digne d'une humanité barbare et inconsciente. 

La Terre qui nous porte et nous supporte va mourir comme la poule aux œufs d'or.


La pudeur

Il y a bien des choses qui m'énervent dans la vie et que je souhaiterais voir supprimer. 

Les religions et les maillots de bain en font partie. 

Contrairement à La Luciole je ne "fais pas du naturisme" mais je suis naturiste. 

La nudité est naturelle. 

Quoi de plus stupide que mettre un vêtement spécial pour vous baigner ? 

Quand les uns, les unes et les autres auront fini d'examiner votre foufoune, votre quéquette, vos cicatrices et vos bourrelets ils et elles commenteront vos fesses, vos jambes, votre buste, votre poitrine, vos oreilles, votre cou, votre bouche, vos yeux, ... ... ... et après ??? 

Irez-vous vous baigner en burka ? 

Croyez- vous qu'ils, qu'elles y passeront la journée ? 

Si la nature nous a fait comme nous sommes le plus simple ne serait-il pas d'assumer ? 

Enfants, jeunes, vieux, gros, maigres, bossus, noirs, blancs, handicapés, sourds et aveugles, tout est dans le respect de l'autre. 

Les yeux du cœur n'ont pas besoin d'écrans. 

Ils peuvent tout voir, tout comprendre et tout aimer. 

Les arbres tordus de la forêt ont autant de charme que les arbres droits. 

Une éléphante et son petit sont aussi attendrissants qu'une chatte et ses petits. 

Si nous cessions de nous comporter comme des êtres infiniment supérieurs, si nous laissions de côté les artifices qui nous distinguent les uns des autres, le fric, les fringues, l'apparence, nous avancerions d'un grand pas vers une humanité plus humble, plus chaleureuse, plus respectueuse de son prochain et votre question prendrait une toute autre dimension. 

Ah oui votre question était : "et la pudeur ?".


Je me rase

Mon éolière stagne. 

Le vent d'inspirations qui a soufflé sur mes pales est tombé. 

Mais ne craignez rien, ce n'est qu'un instant de répit. 

Mon cerveau ne s'arrête pas pour autant. 

Il est préoccupé par les soins corporels qui envoient toute la petite famille chaque jour à la même heure à la salle de bains. 

Je vous ai parlé du brossage des dents qui s'adresse à tous, petits et grands. 

Ce matin je me tourne vers les hommes, les jeunes comme les vieux. 

Alors mesdames, raoust!, dehors et plus vite que ça! 

Ce qui suit risque de choquer votre sensibilité comme celle de vos enfants. 

Je ne voudrais pas être responsable des "débordements" intempestifs de nature à manquer la première heure de cours pour cause de nausées. ... ... ... 

Voilà messieurs, nous sommes seuls et votre rasoir électrique tombe en panne. 

Non non, restez, même si vous n'utilisez que des rasoirs jetables, au contraire, ce qui suit vous intéresse au premier chef : qui dit rasoir dit mousse à raser, dit petites coupures (cinq euros pas plus), dit feu du rasoir, dit after chèvres quand ce n'est pas départ au boulot avec le confetti de papier en guise de pansement, bref le rasage c'est la barbe! 

Laissez-là pousser vous dirons certains/taines qui voudraient vous voir avec une autre gueule. 

Pourquoi pas ? 

Tiens, je vais y réfléchir ... ... ... 

C'est en observant les animaux et mon chien en particulier que m'est venue cette nouvelle idée aussi sotte que grenue. 

Quand mon chien se blesse il ne s'en vante pas toujours car le plus souvent c'est en franchissant le grillage de la clôture pour aller retrouver sa belle. 

Je le sais car il reviens penaud, ne touche pas à sa gamelle mais se lèche les petites plaies que lui a infligées le grillage. 

Tout le monde sait que la salive des mammifères est le meilleur médicament pour cautériser une plaie. 

Ça y est, madame qui écoutait aux portes vient de comprendre où je veux en venir. 

Elle s'est précipitée vers les toilettes qui hélas étaient occupées par le petit dernier et là, devant la porte, tout le petit déjeuné est resservi ... ... ... parterre. 

Comme vous l'avez deviné madame, j'ai remplacé la mousse à raser par la salive. 

Hé oui, je me bave sur la tronche et l'effet glissant est incomparable. 

Mieux, la transparence du produit permet de revenir sur les zones difficiles quand la mousse ne permettait qu'un seul passage réussi ou non. 

Le distributeur étant au centre de cette activité, quoi de plus facile que d'en remettre une couche si nécessaire ? 

Les poils coupés restent docilement pelotonnés contre la lame tant qu'une petite secousse sous le robinet ne leur ont pas donné le signal du départ. 

Les petites blessures n'ont même pas le temps de saigner que la salive présente partout intervient en extrême urgence. 

Laisser agir cet onguent une minute puis rincez à l'eau claire. 

L'effet est saisissant : votre peau est lisse et votre rasoir peu être réutilisé deux ou trois fois selon la dureté de votre barbe. 

Le plus difficile sera le nettoyage des sols si votre entourage a l'estomac fragile.