La pudeur

Il y a bien des choses qui m'énervent dans la vie et que je souhaiterais voir supprimer. 

Les religions et les maillots de bain en font partie. 

Contrairement à La Luciole je ne "fais pas du naturisme" mais je suis naturiste. 

La nudité est naturelle. 

Quoi de plus stupide que mettre un vêtement spécial pour vous baigner ? 

Quand les uns, les unes et les autres auront fini d'examiner votre foufoune, votre quéquette, vos cicatrices et vos bourrelets ils et elles commenteront vos fesses, vos jambes, votre buste, votre poitrine, vos oreilles, votre cou, votre bouche, vos yeux, ... ... ... et après ??? 

Irez-vous vous baigner en burka ? 

Croyez- vous qu'ils, qu'elles y passeront la journée ? 

Si la nature nous a fait comme nous sommes le plus simple ne serait-il pas d'assumer ? 

Enfants, jeunes, vieux, gros, maigres, bossus, noirs, blancs, handicapés, sourds et aveugles, tout est dans le respect de l'autre. 

Les yeux du cœur n'ont pas besoin d'écrans. 

Ils peuvent tout voir, tout comprendre et tout aimer. 

Les arbres tordus de la forêt ont autant de charme que les arbres droits. 

Une éléphante et son petit sont aussi attendrissants qu'une chatte et ses petits. 

Si nous cessions de nous comporter comme des êtres infiniment supérieurs, si nous laissions de côté les artifices qui nous distinguent les uns des autres, le fric, les fringues, l'apparence, nous avancerions d'un grand pas vers une humanité plus humble, plus chaleureuse, plus respectueuse de son prochain et votre question prendrait une toute autre dimension. 

Ah oui votre question était : "et la pudeur ?".


Je me rase

Mon éolière stagne. 

Le vent d'inspirations qui a soufflé sur mes pales est tombé. 

Mais ne craignez rien, ce n'est qu'un instant de répit. 

Mon cerveau ne s'arrête pas pour autant. 

Il est préoccupé par les soins corporels qui envoient toute la petite famille chaque jour à la même heure à la salle de bains. 

Je vous ai parlé du brossage des dents qui s'adresse à tous, petits et grands. 

Ce matin je me tourne vers les hommes, les jeunes comme les vieux. 

Alors mesdames, raoust!, dehors et plus vite que ça! 

Ce qui suit risque de choquer votre sensibilité comme celle de vos enfants. 

Je ne voudrais pas être responsable des "débordements" intempestifs de nature à manquer la première heure de cours pour cause de nausées. ... ... ... 

Voilà messieurs, nous sommes seuls et votre rasoir électrique tombe en panne. 

Non non, restez, même si vous n'utilisez que des rasoirs jetables, au contraire, ce qui suit vous intéresse au premier chef : qui dit rasoir dit mousse à raser, dit petites coupures (cinq euros pas plus), dit feu du rasoir, dit after chèvres quand ce n'est pas départ au boulot avec le confetti de papier en guise de pansement, bref le rasage c'est la barbe! 

Laissez-là pousser vous dirons certains/taines qui voudraient vous voir avec une autre gueule. 

Pourquoi pas ? 

Tiens, je vais y réfléchir ... ... ... 

C'est en observant les animaux et mon chien en particulier que m'est venue cette nouvelle idée aussi sotte que grenue. 

Quand mon chien se blesse il ne s'en vante pas toujours car le plus souvent c'est en franchissant le grillage de la clôture pour aller retrouver sa belle. 

Je le sais car il reviens penaud, ne touche pas à sa gamelle mais se lèche les petites plaies que lui a infligées le grillage. 

Tout le monde sait que la salive des mammifères est le meilleur médicament pour cautériser une plaie. 

Ça y est, madame qui écoutait aux portes vient de comprendre où je veux en venir. 

Elle s'est précipitée vers les toilettes qui hélas étaient occupées par le petit dernier et là, devant la porte, tout le petit déjeuné est resservi ... ... ... parterre. 

Comme vous l'avez deviné madame, j'ai remplacé la mousse à raser par la salive. 

Hé oui, je me bave sur la tronche et l'effet glissant est incomparable. 

Mieux, la transparence du produit permet de revenir sur les zones difficiles quand la mousse ne permettait qu'un seul passage réussi ou non. 

Le distributeur étant au centre de cette activité, quoi de plus facile que d'en remettre une couche si nécessaire ? 

Les poils coupés restent docilement pelotonnés contre la lame tant qu'une petite secousse sous le robinet ne leur ont pas donné le signal du départ. 

Les petites blessures n'ont même pas le temps de saigner que la salive présente partout intervient en extrême urgence. 

Laisser agir cet onguent une minute puis rincez à l'eau claire. 

L'effet est saisissant : votre peau est lisse et votre rasoir peu être réutilisé deux ou trois fois selon la dureté de votre barbe. 

Le plus difficile sera le nettoyage des sols si votre entourage a l'estomac fragile.


Je me brosse les dents

Aujourd'hui je veux vous faire partager ma dernière invention : le brossage des dents. 

Vous avez sans doute entendu comme moi que les dentifrices contenaient des métaux et autres produits nocifs pour la santé. 

Les médias ne cessent de nous alerter sur les dangers liés aux produits inutiles et chers. 

Donc je me suis posé la question : à quoi sert le dentifrice ? 

Réponse : peut-être à maintenir en suspension dans la bouche les particules de nourriture que les poils de ma brosse à dents ont réussi à extirper de leur cachette en attendant le crachat répulsif qui les enverra au fond du lavabo. 

La mousse provoquée par l'agitation des poils sur l'ensemble eau-dentifrice fait que les détritus reviennent plus difficilement à l'endroit d'où ils ont été délogés. 

Mais alors si c'est là la seule mission du dentifrice, ne pourrions-nous pas nous en passer ? 

Le risque d'une intoxication à l'aluminium n'est-il pas supérieur à l'avantage bien relatif d'un brossage dont l'efficacité reste à prouver ? 

C'est décidé, je ne mets plus de dentifrice sur ma brosse à dents. 

En revanche j'ai opté pour une méthode de brossage dont l'efficacité est remarquable : les turbulences que font le bout des poils de ma brosse à dent en milieu aquatique sont mille fois supérieures aux mêmes turbulences en milieu aérien. 

Si si, faites l'expérience : remuez une fourchette dans un bol vide. Rien ne se passe et pour cause : l'air que traverse les dents de la fourchette dans cette danse ridicule est si peu dense que les tourbillons qu'il engendre ne ferait même pas frémir une aile de papillon. 

En revanche la même frénésie dans le même bol rempli d'eau provoque une tempête dont aucun être vivant ne sortirait indemne toutes proportions gardées. 

Et il s'agit là de quatre dents ... de fourchette. 

Considérant que les poils de ma brosse à dents sont au nombre de mille soit deux cent cinquante fois plus nombreux que dans votre bol, je vous laisse imaginer les cyclones ravageurs qui frapperaient la falaise de votre cavité buccale à chaque tempête poste alimentaire si vous suiviez ma méthode. 

Si je me brosse en me regardant dans la glace ou en me promenant dans ma salle de bains pendant des minutes et des minutes je constate que seule la salive alliée à la brosse parvient à déloger quelques résidus culinaires de mon râtelier et c'est normal puisque la salive se concentre au bas de ma bouche et ne touche de ce fait que les dents de la mâchoire inférieure et encore ... 

Par conséquent ce que je vous propose consiste tout simplement à remplir votre bouche du maximum d'eau et d'introduire la brosse dans la bouche sans perdre trop de liquide. 

Puis, tête baissée au dessus du lavabo, brosser en tous sens comme vous le faisiez auparavant en ne lâchant qu'un minimum d'eau par la commissure des lèvres autour du manche de votre brosse à dents. 

Les mille et un poils entrent en action par petits groupes au fur et à mesure de leurs passages sur chaque aspérité rencontrée et déclenchent des myriades de petits cyclones suivis de myriades de tsunamis qui débarrassent tout sur leur passage laissant gencives et dents d'une propreté absolue. 

Vous constaterez l'efficacité de ma méthode à la quantité incroyable de détritus de toute origine sortant au fil des fuites inévitables dues aux changements d'orientation de la brosse. 

Si vous souhaitez tenir une comptabilité plus précise des reliefs du repas que vous venez de prendre je vous conseille de fermer la bonde. 

La différence d'analyse est frappante entre une purée andouillette et un bœuf bourguignon dont les fibres récalcitrantes sont délogées sans ménagement au même titre que ses voisins les morceaux de cacahuètes grillées. 

J'ai poussé l'expérience en me brossant les dents comme je le faisais jusque là c'est à dire consciencieusement et avec du dentifrice. 

Puis j'ai recommencé l'opération selon ma nouvelle invention comme si j'avais oublié de le faire : hé bien c'est comme si j'avais oublié de le faire. 

C'est incroyable la ruse déployée par ces petites cochonneries pour rester au chaud !