Y a-t-il de la viande heureuse ?

Le monde d'aujourd'hui c'est toujours plus, violence, individualité, argent, irrespect, gaspillage, débordements, profit, égoïsme, etc. ...

Je me souviens d'avoir vécu dans une petite ferme de la Seine et Oise (hé oui, le temps passe) où les animaux : une vache, deux chèvres, deux cochons plus les petits, un âne, un chien, plusieurs chats, vingt poules, autant de lapins et de canards, un dindon, quelques pintades vivaient en liberté surveillée dans une cour un peu boueuse de mille m2 environ mais surtout dans une prairie attenante d'environ trois hectares.

Des pommiers plus quelques arbres nous apportaient un peu d'ombre  car, oui, tous ces animaux vivaient semi-librement dans tout cet espace et nous jouions naturellement parmi eux. 

Ils sortaient et rentraient dans leur lieu de sommeil à l'heure naturelle que leur instinct leur dictait sans l'intervention de quiconque, à l'abri d'une grange qu'il fallait nettoyer régulièrement pour remettre de la paille neuve. 

Les jours de pluie certains restaient à l'abri toute la journée.

Un enclos grillagé et les murs de la ferme formaient notre frontière tout autour de cette grande propriété. 

Il nous arrivait de courir après les poules et les lapins par jeux mais, si la fermière nous surprenait, nous étions vivement sermonnés. 

Je crois que c'était la seule "torture" que ce petit monde subissait.

Nous mangions de la viande tous les dimanche. 

Les abattages se faisaient au petit matin après avoir isolé le lapin, le poulet et plus rarement le cochon dans un enclot à part, la veille au soir.

La méthode : la hache et le billot pour les volailles. 

Quelques secondes de souffrance nous faisaient détourner le regard. 

Pour le cochon il suffisait de l'attirer sur une bâche avec quelques nourritures et, pendant que l'animal était occupé, le fermier se plaçait derrière et un seul grand coup de hache au milieu du crâne, la pauvre bête était inanimée.

Je peux témoigner que cette "viande" a vécu heureuse tant que son heure n'avait pas sonné. 

Et même à cet instant tragique la souffrance leur a été soigneusement épargnée. 

Les autres animaux étaient éloignés de la vue de leur malheureux congénère et seule notre curiosité d'enfants nous permettait d'en être les spectateurs clandestins.

Ces gens-là étaient bons et humains tout simplement. 

Ils aimaient profondément la nature jusqu'à y être "fondus". 

Ils semblaient avoir trouvé le point d'équilibre entre besoin et superflu.

Je pense que nous devrions rechercher en permanence ce point d'équilibre où la nature nous montrerait quelques pistes.

Bien sûr, le monde est inégal et ce point médian n'est pas le même pour tous les pays de la planète.

Et si tous les hommes sont égaux, comme disait Coluche, certains sont plus égaux que les autres.

Élever des animaux que ce soit pour les manger ou consommer leurs produits naturels, lait, laine, œufs, soie, etc. ... ne me choque pas tant que les conditions d'élevage sont respectueux de leur bien-être.
Les amis de ma petite enfance étaient souvent des compagnons de jeux même si les poules couraient bruyamment en tous sens quand nous les poursuivions. 

Ils étaient l'égal du chien, des chats ou de Cadichon. 

Plusieurs avaient un nom : Blanchette, Pirouette, Nestor et chacun répondait à son nom comme s'ils étaient un membre d'une grande famille.

Le "patron" trouvait cela un peu ridicule parfois mais il utilisait lui aussi ce langage en cachette de sa femme.

Je l'ai surpris plusieurs fois parler tout bas à Simone lorsqu'il la trayait. 

Alors Simone tournait la tête, une bouchée de foin en travers du museau et le regardait comme si elle le comprenait.

Je l'ai vu deux fois tuer un jeune porc presque adulte et je me souviens l'avoir vu repousser son assiette pendant plusieurs jours après cette terrible corvée.

La fermière nous disait seulement qu'il avait de la peine.

Soixante-cinq ans ont passé depuis ces années de bonheur et le monde d'aujourd'hui marche sur la tête.

Nous, les êtres humains des pays "riches" ne connaissons plus de limites. 

Notre boulimie de consommation nous amène à des choix totalement absurdes : déforestations outrageuses pour cultiver l'aliments du bétail qui sera assassiné à l'issue d'une vie de paire de chaussures.

Alors je ne mange plus de viande sans arrière-pensée. 

Elle me tente et, une fois dans mon assiette, je repense à Pirouette et, pris de remords, je la replace dans son emballage pour la donner au chien de mon voisin.

A moins d'un miracle ( je ne crois pas aux miracles) ou d'une prise de conscience collective, simultanée et immédiate, je nous donne encore quelques générations pour atteindre un niveau de folie irrécupérable. 

Nous entraînerons dans notre naufrage le reste de l'humanité et des millions d'espèces vivantes animales et végétales avec nous.

Le développement de l'espèce humaine aura duré quelques huit millions d'années et notre planète, défigurée, balafrée, jonchée d'immondices pour des milliers d'années, soignera ses blessures.

Puis Dame Nature reprendra peu à peu ses droits. ... ... ... 

Ou pas.


Affaire Aude Rossigneux

 

Comme tous les Sociaux (je pense), je suis triste pour Aude d'apprendre son éviction de notre chaîne.

L'absence de commentaire de l'info laisse penser que la présentatrice porte toute la responsabilité sur ses frêles épaules.

Non, ce sont les balbutiements inhérents à toute naissance.

Il y a d'autres petites imperfections qu'il faudra corriger au fil de l'évolution de notre chaîne.

Regardez, un nouveau-né par exemple, tout le monde se penche et s'extasie sur la beauté du petit bout de viande fripé puis, la porte de la chambre franchie, "bah, pas besoin de neuf mois pour pondre ça!".

Ca n'est que plus tard (parfois bien plus tard) que l'intérêt renaît pour la chose insignifiante.

L'engouement de la première heure n'est que le reflet de notre curiosité naturelle.

Il s'ensuit une période de dépression dont Maude a fait les frais mais si l'on ne corrige pas de suite d'autres petites imperfections dues à notre inexpérience (je pense aux cadrages alternés des caméras non suivis par les trois "acteurs"), (je pense aux gesticulations de personnages d'arrière-plan qui n'ont rien à faire dans le champ), (je pense aux décors d'ambiances et de fonds qui n'ont pas été étudiés suffisamment), (je pense aux éclairages qui laissent encore trop de contre-jours ou de zones d'ombres), tous ces petits défauts participent insidieusement du désintérêt du téléspectateurs lambda pour notre nouveau-né.

Bref, quels que soient les talents de nos animateurs, elles et ils ne peuvent tout faire.

Alors Maude, peut-être quelques petites retouches sur un "look" plus moderne, plus chatoyant et je suis sûr que nous te reverrons bientôt sur nos écrans.

Bon courage à toutes et à tous.


Piteur

Nous, les gens de gauche


Nous, les gens de gauche, sommes plus nombreux que les gens de droite. Nous sommes même des milliers de fois plus nombreux.


Nous nous croisons, nous entrechoquons, nous accrochons
parfois avec nos chariots pleins de victuailles en prévision des fêtes de fin d'année. 

"Pouvez pas faire attention nan, vous êtes pas toute seule ! 

Ho, pardon, je n'vous avais pas reconnue.

Bonjour madame Tartempion, alors on est de corvée à c'que j'vois... 

Hé oui ! je vois que vous n'y échappez pas non plus ?!"

Madame Tartempion et moi ainsi que des milliers de voisins
de pallier sacrifient au rituel de fin d'année, les yeux rivés sur les
montagnes de denrées à la recherche du "petit plus" qui nous
distinguera de nos voisins décidément trop traditionnels.

Nous sommes ces milliers de Françaises, de Français colorés,
bronzés ou blancs (souffrez que je n'emploie qu'un genre par commodité), d'ici ou d'ailleurs à casser la tirelire pour satisfaire à la sacro-sainte fête de la consommation.

A l'évidence nous sommes plus nombreux que les dirigeants du
magasin qui nous surveillent du bout de leurs caméras au cas où certains trouveraient la vie trop chère et se laisseraient tenter par de petites réductions de ci de là ...

Cette proportion, je devrais dire cette disproportion entre
cette foule grouillante et gourmande et nos riches fournisseurs est telle que, logiquement le nombre des bulletins de vote "de gauche" devrait être supérieur à celui des bulletins de vote "de droite".

Cette foule qui vit très bien d'un revenu moyen satisfaisant
choisit pourtant le bulletin bleu dans le secret de l'isoloir car elle est
persuadée que seuls les dirigeants du magasin sont capables de garantir ce fragile équilibre. 

Cette foule s'en fout totalement que, grâce à elle, la direction, son directeur, les banques qui le soutiennent, les intermédiaires qui s'en mettent plein les poches et tous les satellites qui gravitent autour de la planète FRIC accumulent de l'or dont ils ne savent quoi faire. 

Ils vivent dans un autre monde à l'abri (leur semblent-ils) des "turpitudes de la masse laborieuse".

Beaucoup mais pas assez voudraient utiliser cet or excédentaire à des fins humanitaires.

Malheureusement cette accumulation de "richesses"
n'est pas consommable. 

Elle est le fruit d'une détérioration croissante de notre bonne vieille TERRE.

Les richesses, les vraies, celles qui permettraient à
l'espèce humaine de survivre sont déjà dilapidées.

Peu importe se disent-ils, retroussons-nous les manches et 
au boulot !

Et c'est là que nous passons pour de joyeux utopistes.

Il faudrait que tous les humains de la terre se retroussent
les manches en même temps et décident d'une conduite à minima de vie, de naissances, de consommation, de prélèvements sur terre et dans l'eau, de déplacements, tout ce dont l'humanité peut se passer et dont une immense partie se passe déjà.

Hélas notre minorité a tout bouffé.

Il ne reste que des montagnes et océans de déchets dont nos
frères animaux se nourrissent au risque de disparaître entraînant derrière eux une grande partie de la biodiversité.

Je crains qu'il ne soit déjà trop tard pour déposer le
bulletin rouge dans l'urne. 

Les carottes sont cuites.

Toutes les précautions que nous prenons à cet instant ne
sont qu'un grand cri de détresse à l'adresse d'un Dieu salvateur mais, hélas, inexistant.

Nous sommes très nombreux, voire unanimes, à partager cette
idée phare que désormais il est trop tard.

Mais tant que nous vivons, tant qu'il y aura du pétrole, des
bagnoles et de la musique, pourquoi devrions-nous nous en passer ?

Pour en laisser à nos enfants ?

Mais leur laisser quoi ?

Une maison propre ?

Une planète toute neuve, bleue et verte sans trace de notre
voracité ?

Alors cette fuite en avant, cette boulimie de petits bonheurs, cette accumulation éhontée de biens matériels ne seraient-il pas plutôt les prémices d'une mort annoncée ?