Nizzy

 

Alors Nizzy, tu as compris …

Aimes-toi et les autres t’aimeront.

C’est là le secret : en effet, lorsqu’on est triste, en échec, en souffrance, que le monde entier vous piétine sans vous voir, plus de repères, plus d’espoir, que du noir, on se recroqueville sur sois-même, on se ratatine, on s’efface puis on disparaît. 

On devient un rat dans un égout.

On marche sans but, dans l’obscurité totale.

La vie, la haut, nous semble une rumeur dont nous sommes exclus.

Le temps ne compte plus.

Les nuits succèdent aux nuits.

On oublie. On s’oublie. On s’affaisse.

On s’étiole puis on s’éteint. C’est la mort…

C’est du moins ce qu’on ressent, on l’attend.

Notre instinct nous maintient, nous retient jusqu’à ce que, tout à coup, notre pied qu’on avait oublié, traînant sur la chaussée a malencontreusement fait tomber un passant.

Des voix se rapprochent, la rumeur enfle, on écarte le carton, les paquets, les haillons.

La bouteille est cassée, la couverture souillée de tant de nuits passées à vivre le passé.

Soudain mon corps se réveille.

Une poigne solide vient de me décoller de la mort, du néant.

Deux bras vigoureux me maintiennent aux épaules.

Je suis comme suspendu, debout devant une forme bleue et vociférante.

Que se passe-t-il ? Où suis-je ?

Mes pieds nus frôlent le tarmac.

Ne me lâchez pas, s’il vous plaît, je vais tomber !

Mes jambes ne me tiennent pas, mes genoux se dérobent.

Les voix autour de moi se font plus distinctes : « c’est lui qui l’a fait tomber, c’est ce sac à vin ! si c’est pas une honte, ça !? ».

Une sirène vient de se taire.

Les deux poignes me basculent en arrière et je sens une toile brillante et bruyante m’envelopper tout le corps.

Je me retrouve allongé sur une forme molle.

Le ciel gris me soulève et vacille puis se referme en une voûte de néons et de tuyaux.

Des portières claquent et la sirène toute proche se remet à gémir d’une voix étouffée.

Je me sens cahoté un moment et…………plus rien.

Ça n’est que plus tard (le temps n’avait pas repris son rythme) que je me suis retrouvé dans des draps bleus qui sentaient le chlore avec un tube de plastique qui sortait du bras et un masque sur le nez.

Je m’aperçois que je viens de taper ces lignes sans m’arrêter, sans entendre les collègues qui s’amusent au fond.

J’ai le nez bouché, les yeux envahies de larmes, je ne distingue plus les touches.

Je n’avais jamais osé parler de cet épisode de ma vie, pas même à ceux que j’aime très fort, mes enfants.

Maintenant ils vont savoir.

J'ai honte mais je n'ai pas le droit de me taire plus longtemps.

Même s’ils ne viennent pas sur ce site, d’autres qui me connaissent ou qui m’ont reconnu vont peut-être leur dire.

Ils sont grands maintenant et ils pourront comprendre.

Toi aussi Nizzy, redresse-toi, va devant ton miroir et fais-toi belle.

Écris nous encore et encore, je te répondrai, c'est promis.

Dehors, le soleil brille et brillera encore ; aime-toi et tu seras aimée.

Je n’y croyais pas, je n’y croyais plus et l’amour est venu et me voici debout, fragile et pourtant plus fort.

A tous ceux qui souffrent, courage ! Je vous aime !!!

 

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